2. Peut-on parler « des » motivations
« inconscientes » :
La psychodynamique aborde l'idée
« des » motivations, et en ajoute qu'elles peuvent
être « inconscientes ». Quant à la
psychanalyse même si le terme de motivation n'a guère cours dans
son langage, Moragues (2004), a pu faire un croisement entre
« motivation » et « désir », et
montrer que le concept de pulsion en psychanalyse répondait parfaitement
à la question de la motivation. Il affirme que la contre performance se
manifeste contre la volonté consciente du sujet. C'est un acte
inconscient doté de sens et témoigne d'une motivation
particulière traduisant un conflit psychique inconscient. La motivation
serait donc une hypostase du désir qui surgit, et à travers
duquel les instances psychiques particulièrement l'idéal du
moi et le moi idéal prennent un espace fulgurant et structure de
manière fascinante. La motivation inconsciente se structure dès
lors en motivation de première génération en
évoquant le Moi idéal de première
génération, et en motivation de deuxième
génération caractéristique de l'Idéal du moi de
deuxième génération, nous laissant ainsi perplexe devant
la particularité du corps pulsionnel du sujet sportif (Moragues,
2004).
3. Dynamique de l'idéal du moi dans la
structuration de la motivation :
L'idéal du moi se caractérise chez le sujet par
la dimension du projet, d'un projet de retour à la perfection
narcissique de l'enfance. A partir de la prématuration de l'infans et de
la dépendance qu'elle peut instaurer, la toute puissance, se trouve
incarnée dans les figures parentales, premiers objets libidinaux.
L'idéalisation des parents, constituant une part importante de
l'idéal du moi de l'enfant, se développe à partir du
narcissisme primaire et tente d'en assurer la
pérennité (Moragues, 2004). Le surmoi est porteur de
l'idéal du moi, auquel le moi se mesure, à quoi il aspire et dont
il s'efforce de satisfaire la revendication d'un perfectionnement plus
avancé. Cet idéal du moi est le précipité
de l'ancienne représentation parentale, sorte d'expression de
l'admiration pour la perfection que l'enfant leur attribuerait. (Freud,
1914).Ses rapports avec le Moi ne se bornent pas à lui adresser le
conseil « sois ainsi » (comme ton père) mais
impliquent aussi l'interdiction « ne sois pas ainsi »
(comme ton père) (Najah, 2007).
Il est impératif de faire la distinction entre
l'idéal du moi et le moi idéal. Dans le stade du miroir, Lacan
(1949), insiste sur le moi idéal (qui prend la relève du
narcissisme primaire freudien) et sa dimension spéculaire.
L'autorité parentale dans le sens de l'influence du désir
parental est par ailleurs nécessaire à l'émergence de
celui de l'enfant. Ce dernier se soutient de la reconnaissance parentale et
forge son idéal du moi afin de la préserver. L'importance de ce
désir parental s'exprime dans le discours, dans le
« regard » et par d'autres signes. Comme l'affirme Perrier
(1970) « on lui apprend à parler, on le nomme, on le
reconnaît. Le bébé tourne pour voir
« l'oeil » qui le regarde dans le miroir ; il y a
là, dans le latent des significations ou des signifiants, l'homologue
des voeux que prononcent les bonne et mauvaises fées pour tout infans,
venant de la vie » (p.110) . Cet idéal du moi commande le
jeu de relations d'où dépend tout rapport à autrui.
« Et de cette relation à autrui dépend le
caractère plus au moins satisfaisant de la structuration
imaginaire » (Lacan, p.161).
A l'adolescence, le sujet est mené à renoncer
à ce premier idéal, marqué du narcissisme parental,
« pour lui substituer un nouvel ou de nouveaux idéaux du
moi qui se référeront sans doute (directement ou indirectement),
aux modèles parentaux mais qu'il pourra dès lors s'approprier ou
rejeter sans risquer de « disparaître »
lui-même, d'y perdre sa subjectivité » (Moragues,
p. 74). Au plan de l'activité sportive, de son investissement, ces
modifications psychiques et pulsionnelles se traduisent par le passage de
« l'amour de performance » au « désir de
compétition », indiquant la réélaboration de la
motivation qui est étroitement liée à la restructuration
du désir du sujet (Moragues, 2004). Ceci traduit à quel point le
mode d'investissement libidinal du sujet et les effets engendrés dans
son rapport à l'activité sportive dans sa dimension
fantasmatique, dépendent du travail psychique de représentation
de cette nouvelle donnée pulsionnelle. Cette dimension
représentationnelle déterminante à l'adolescence,
régulant le rapport du sujet à la compétition, se
maintient dépendante à l'âge adulte et pourra l'amener
à rejouer, dans certaines situations, certains avatars symptomatiques
(Najah, 2007).
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