II - Etats motivationnels en activité
sportive :
Introduction :
Les préoccupations théoriques sur la motivation
en contexte sportif ne datent pas d'aujourd'hui, son investigation
représente l'une des modalités les plus fascinantes et les plus
complexes de la psychologie. Fascinante dans le sens où la recherche et
l'étude des facteurs et des processus déclencheurs et
régulateurs des conduites détiennent quelque chose de magique.
Complexe également, parce que le comportement humain sportif est traduit
par une multitude de facteurs en interaction, ce qui confère à
cette motivation un caractère particulièrement dynamique
(Sarrazin, 2001).
1. Comprendre et évaluer la motivation en milieu
sportif :
La volonté de comprendre le « pourquoi » des
comportements en contexte sportif a fait l'objet de plusieurs recherches et
investigations théoriques, intéressantes les unes que le autres
et même complémentaires. La mise en évidence de certains
modèles pourrait nous être bénéfique et permettre la
compréhension des raisons de notre orientation théorique.
Sarrazin, (1995) un adepte de la théorie ?du but
d'accomplissement? (à versant cognitivo-sociale), au cours de plusieurs
études effectuées en contexte scolaire et sportif, avec l'aide de
Famose et Cury (1995, 1997, 1998), a essayé d'établir
« un profil motivationnel », via la passation de
l'échelle QPSS (questionnaire de perception du succès en sport),
sur différents groupes de sujets à pratiques sportives
diversifiées (escalade, basket, hand-ball...). Ils ont pu
confirmer ; l'existence d'un sentiment de compétence reposant
à la fois sur des critères externes (la performance
réalisée et l'effort fourni par autrui) et sur un processus de
comparaison normative à un groupe social de référence, il
s'agit « d'implication de l'ego » (ego involvement)
(Nicholls, 1989, p.87), se traduisant par des préoccupations
relatives à son positionnement dans une norme, (« suis-je bon
?», « où est-ce que je me situe par rapport aux
autres? » etc...). Également, Le profil motivationnel et les
facteurs déclencheurs du sentiment de performance jouent un rôle
important dans la régulation de l'habilité sportive du sujet et
dans l'évaluation auto-réflexive de ses propres
capacités. Les diverse études exposées par la suite dans
cette optique, valident empiriquement l'existence de liens de causalité
potentiels entre les dispositions motivationnelles et les croyances sportives
(Sarrazin, 1995).
Dans ce même contexte, François (1998), (en se
référant aux travaux de Bundura, 1986, Rotter, 1955, Deci &
Ryan, 1991) a tenté d'expliquer la motivation sportive, via ?la
théorie de l'expectation?. Il évoque l'importance de
l'expectation de résultat, quand une personne, évalue ses
possibilités de succès ou d'échecs, en se basant sur les
croyances relatives de ce qui survient (locus de contrôle). Il
évoque deux types de locus ; le locus de contrôle interne (se
qui se passe, performance ou contre performance, est de la
responsabilité du sujet, qui reconnaît ses capacités
d'influencer les événements), et le locus de contrôle
externe (ce qui se passe, performance ou contre performance, ne dépend
pas du sujet, mais des facteurs externes, avec une reconnaissance d'une
incapacité totale) (François, 1998).
Cury, Schiano-Lomoriello et Da Fonséca, (2001),
également dans le domaine du sport et de l'éducation physique ont
proposé un renouvellement conceptuel de la théorie d'ajustement,
en se basant sur la distinction conceptuelle entre motivation d'approche et
motivation d'évitement. Ils postulent l'idée de deux buts
distincts : le but d'approche de la performance dirigé
vers la démonstration de compétence normative et le but
d'évitement de la performance dirigé vers
l'évitement de la démonstration d'incompétence normative
(Gernigon et Cury, 2003). Ils en ajoutent après, un troisième
but ; le but de la maîtrise de la performance, à
tendance motivationnelle appétive. L'effort instrumental qu'ils ont pu
mettre en place pour mesurer les trois orientations motivationnelles et
l'attestation de la solidité psychométrique n'a pas suffit pour
faire face aux critiques. Divers auteurs estiment que la définition du
but de maîtrise reste à approfondir. Il faudrait,
également, formaliser une tendance appétitive et une tendance
aversive du but de maîtrise dans le domaine sportif. Les analyses
psychométriques menées dans ce but, révèlent
l'existence de quatre facteurs indépendants (les 4 buts
d'accomplissement) et non de trois facteurs, reliés à des
antécédents et des conséquences spécifiques et
différenciées. La théorie du but d'accomplissement est
jusqu'à ce jour discutable aux niveaux du caractère, bi, tri ou
quadri dimensionnel (Gernigon et Cury, 2003).
Outre le courant cognitif et social, d'autres modèles
théoriques abordèrent la notion de motivation et ont tenté
de l'évaluer de manière particulière. Dans ses
études sur la motivation, Famose (1997), met en avant deux questions
fondamentales : à partir de quel indicateur comportemental peut on
conclure qu'un sportif est motivé ou pas ? Et Quels sont les
processus psychiques internes qui en sont responsables ? Pour
répondre à la première question, l'auteur en
désigne quatre indicateurs ; (1) L'intensité, comme
quantité de ressources attentionnel que le sportif investit durant
l'entrainement et la compétition. Il s'agit de la force de la vigueur
dans la mobilisation de ses capacités dans la tâche à
accomplir. (2) la persévérance, comme effort maintenu
dans le temps. Dans ce cas, toute forme d'abandon et de non acharnement est
témoin d'un manque de motivation. (3) La direction, dans le
choix de l'activité sportive et la centration de l'attention du sportif
sur les aspects les plus pertinents de la compétition. Les deux premiers
indicateurs doivent, à l'intérieur d'une activité
sportive, être dirigé vers l'accomplissement d'un résultat
désiré pour déterminer ainsi le quatrième
indicateur (4) La motivation continuée, qui se définie
comme la volonté de poursuivre l'activité dans un cadre
différent (lieu, entraineur, partenaire...). Pour ce qui est de la
deuxième question ; Famose, parle de deux processus psychologiques.
Le premier processus se réfère à la théorie de
?l'expectation de succès?, désigne les probabilités
subjectives qui résulte de la comparaison entre, la performance
désirée et celle anticipée (Exemple « si je veux
gagner ce match, je pense que j'en suis capable »). Il s'agit en
d'autre terme de la confiance en soi. Le deuxième processus, la valeur
de la tâche, est l'intérêt qu'un sujet trouve dans son
engagement dans une activité sportive, évalué par les
conséquences positives qu'il espère retirer de cette
activité. (Exemple « quelle importance a cette
compétition pour moi ? »). Cependant Famose rejoint les
autres théoriciens déjà cité au début de
cette partie, et parle à son tour de l'importance de la dimension de
croyance mais dans un autre contexte, celui de la valeur d'atteinte :
quand le sportif se sent menacé dans son estime personnelle et dans le
but de maintenir un schéma de soi positif, il adopte diverses
stratégies motivationnelles, qui lui permettent de préserver son
estime de soi. L'entraineur et les partenaires de jeux peuvent y parvenir dans
cette dimension de croyances, selon l'importance qui lui en sont accordé
(Famose, 1997).
Ces diverses études affirment, que dans
l'activité sportive, la performance est reliée à la
motivation et/ou à son augmentation alors que la contre performance est
reliée à l'absence et/ou à l'insuffisance de motivation.
Nous nous sommes interrogés sur ce rapport d'existence et d'absence et
nous nous sommes demandés pourquoi faire disparaitre la motivation quand
il s'agit de contre performance. Si la contre performance en elle-même,
est une manifestation de quelque chose, une expression d'un « manque
inconscient », comme nous l'avons déjà
développé au début de ce travail, impliquerai elle
forcément cette absence? Ne serait ce pas une manifestation d'un autre
type de motivation ? Nous pouvons ainsi reprocher à ces
différentes études le fait qu'elles ne prennent pas en compte la
complexité réelle des différents processus psychiques qui
alimentent la motivation. Celle ci ne constitue pas une dimension à
part, mais fait partie intégrante de la personnalité et devrait
en être analysée comme tel. La théorie psychodynamique, et
l'approche psychanalytique sont des exemples parfaits de ce que nous tendons
à montrer (Ben Rejeb, 2001).
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