2.2. Etre entraîneur d'un athlète
handicapé moteur ?
Les situations de handicap sur lesquelles nous nous appuyant
pour ce travail de synthèse sont des situations particulièrement
traumatisantes vu qu'elles ont été brutalement provoquées
par un accident ou une maladie. La première conséquence d'un
tél traumatisme corporel est un "éclatement" de la
structure du Moi. Le sujet se retrouve d'un coup dans des conditions proches de
celles du nouveau né avec une dépendance totale au milieu. Les
situations régressives que connaissent les sujets à ce moment du
traumatisme, alliées à l'altération des barrières
psychiques et à la désorganisation topique, vont offrir des
conditions favorables à l'expression de la vie inconsciente. Cette
dépendance peut entraîner de la part de l'entourage ; parents
ou substitut parental, dans notre cas l'entraineur, une réelle
infantilisation de la personne handicapée : on pense pour elle, on parle
pour elle, l'identité du concerné disparaît
parallèlement avec l'intensité de la fusion handicapé
-parent ou substitut parental (Simone, 2001).
Dans le milieu sportif, l'entraineur, joue un double
rôle ; pédagogue et parent. Les athlètes de haut
niveau hébergés dans des centres sportifs et participant à
des stages clos de longues périodes, loin de leurs familles, vont se
retourner au seul substitut parental, l'entraineur, et installer dans cette
dépendance, une forme de cocon sécurisant.
Le déficit moteur est visible. Il crée une
sorte de « miroir brisé » et renvoie aux
personnes qui le côtoient, des questions sur leurs identité, leurs
angoisses de castration, leurs propres peurs de la dépendance, leur
pouvoir limité sur le monde... à partir de là, plusieurs
réactions et formes relationnelles émergeraient :
l'entraineur «valide» peut rejeter la personne handicapée afin
de ne pas voir qu'elle lui ressemble. Il essai le maximum d'éviter le
handicap, de ne pas s'en rapprocher de trop près et éviter le
toucher associé symboliquement à la peur d'une contagion. Nous
observons alors des entraineurs distants, agressifs, parfois même violent
évitant à tout prix toute approche avec l'athlète. Dans
d'autres situations, L'athlète est «accepté» mais doit
demeurer dans son rôle ; c'est un sportif mais c'est un
handicapé avant tout. Le sujet se trouve stigmatisé par son
entraineur. La troisième forme défensive face à un
porteur de handicap est la réparation. Il s'agit, en
réalité d'une compassion vers son semblable en difficulté.
Cette attitude perçue comme positive, dépend, en
réalité de l'intention profonde (la dimension fantasmatique
et réparatrice) de l'entraineur. Car chacun sait qu'il existe des
excès de la relation d'aide pouvant entrainer des effets pervers
(Sausse, 2008)
Face à toutes les difficultés qu'un
handicapé moteur peut ressentir, au sentiment de pitié que
l'autre peut éprouver, souvent la culpabilité se trouve
renforcée, celle de la personne handicapée, celle des parents,
ou celle de l'entraineur. Pour y faire face, comme le souligne Crombecque et
Mukendi (1996), il faudrait trouver un juste équilibre entre ce
mélange de peur, d'angoisse, de désir , de besoin, de pouvoir...
des uns et des autres pour garantir une dynamique mature et
équilibrée de la personne handicapée et la
" libération " de son entourage qui a souvent du mal à
trouver l'attitude juste, oscillant entre surprotection et rejet.
Problème que les entraineurs rencontrent souvent ; face à ce
sportif si particulier, qu'elle est l'attitude juste à adopter pour
optimiser la performance, surprotection, rejet, les deux à la
fois ? C'est pour cela que parler uniquement de la nature du rapport
entraineur- entrainé en fonction de la dimension fantasmatique de
l'entraineur seulement ne suffit pas, il ne faudrait pas négliger la
modalité de la demande latente de l'athlète dans la
régulation de la relation. Cette partie sera développée
dans le chapitre motivation.
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