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Droits du patient soigné sous contrainte

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par Noémie ROZANE
Paris XI - Faculté Jean Monnet - Master 2 droit de la responsabilité médicale 2011
  

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PARTIE II. La protection du patient hospitalisé sous contrainte

Section I. La protection des droits de la personne hospitalisee sous contrainte, propre au fonctionnement hospitalier

A - La protection juridique des patients en psychiatrie

B - Les instances hospitalières de protection des patients en psychiatrie

Section II. La protection de la personne, propre aux hospitalisations psychiatriques

A - La protection de l'intégrité du patient souffrant de troubles mentaux

B - La volonté de se prémunir contre les comportements maltraitants

INTRODUCTION

L'hospitalisation sous contrainte trouve ses fondements dans la loi sur les aliénés du 30 juin 1838. Deux modalités d'internement ont été créées : le placement volontaire s'appliquait sur demande des proches lorsque les soins étaient rendus nécessaires par l'état de la personne. En cas de dangerosité avérée du malade, le Préfet décidait de la mise en oeuvre d'un placement d'office.

Cette loi ne prévoyait pas l'hospitalisation libre, qui a été instaurée par la réforme du 27 juin 1990 relative aux droits et à la protection des personnes hospitalisées en raison de troubles mentaux et à leurs conditions d'hospitalisation, aujourd'hui encore en vigueur.

Ce n'est qu'à la fin du XXème siècle que l'on commence à parler de « droits » et de « protection ». Il s'agit d'une loi précurseur dans le domaine de la protection des droits du patient, dont la consécration est intervenue le 4 mars 2002 avec la loi Kouchner relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé. Cette loi générale crée des droits pour tous les patients et renforce la protection des personnes hospitalisées sous contrainte.

Aujourd'hui l'hospitalisation libre est devenue le principe. Le malade consent aux soins psychiatriques et son hospitalisation constitue une démarche volontaire. Cette modalité d'hospitalisation n'est applicable que lorsque le patient est capable de discernement. Elle ne pose aucune difficulté, et ne sera donc pas traitée, car le patient en hospitalisation libre bénéficie en principe des mêmes droits que tout autre patient.

En revanche, il est parfois nécessaire de recourir à des modalités spécifiques d'hospitalisation propres à la psychiatrie en raison de la rupture de dialogue, de troubles comportementaux voire de dangerosité entrainés par la pathologie psychiatrique. Ainsi, pour préserver l'intégrité du patient lui-même et des tiers, il peut s'avérer indispensable de procéder à une hospitalisation sous contrainte, qui peut prendre la forme d'une hospitalisation à la demande d'un tiers ou d'une hospitalisation d'office, au cours desquelles les droits du patient sont limités.

Le projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge introduit une nouveauté dans le paysage des soins sous contrainte puisqu'il prévoit la mise en oeuvre de soins psychiatriques en ambulatoire sans consentement.

Il apparait que la psychiatrie est une discipline médicale particulière, où l'on peut être soigné contre sa volonté, et voir ses droits et libertés limités voire anéantis.

De telles restrictions de libertés ne sont acceptables que si elles restent exceptionnelles et conditionnées à la nécessité de soigner une personne qui ne peut plus prendre soin d'ellemême et qui risque de porter atteinte à son intégrité physique ou à celle des autres.

Ce type de privations de liberté n'est justifié qu'à la condition que la protection des patients psychiatriques soit assurée efficacement. Cette problématique présente un intérêt tout particulier au moment où se développe la volonté de protéger encore plus efficacement les droits du patient et de réformer le système de soins psychiatriques.

A l'heure actuelle, la protection est prévue par les lois du 27 juin 1990 et du 4 mars 2002, et la question qui se pose est celle de l'étendue de la protection des patients soignés en psychiatrie par la combinaison de ces deux textes.

La loi de 1990, en plus de déterminer les conditions d'hospitalisation dans un service psychiatrique, commence à offrir des garanties aux patients qui y sont hospitalisés.

La loi Kouchner, quant à elle, réaffirme des droits fondamentaux et met en oeuvre des mécanismes de protection à destination de toute personne malade.

Il en résulte que le patient suivi en psychiatrie, qui bénéficie d'une protection minimale prévue par la première loi, n'est pas un patient ordinaire puisque la plupart des dispositions créatrices de droits de la loi du 4 mars 2002 lui sont inapplicables en l'état en raison de son incapacité de discernement et ne lui offrent pas une protection similaire à tout autre patient.

En conséquence, il est nécessaire de prévoir des aménagements aux droits fondamentaux en cas de pathologie psychiatrique qui retire au patient ses capacités personnelles (Partie I) ainsi qu'une protection spécifique à ce patient particulièrement vulnérable (Partie II).

Bien qu'une grande partie de ce travail se concentre sur l'hospitalisation d'une personne souffrant de troubles mentaux sans son consentement, il a été jugé nécessaire d'utiliser la notion de « soin » dans son intitulé. Le remplacement du mot « hospitalisation » par celui de « soin » dans le domaine psychiatrique est en effet d'une grande actualité puisque le projet de loi, en cours de discussion, relatif à la réforme de la psychiatrie, attache une importance toute particulière à la création de soins ambulatoires sous contrainte, en dehors d'une structure hospitalière.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault