2) La protection du patient face aux éventuelles
derives hospitalieres
De fait, la contrainte en psychiatrie est maltraitante. Elle
va à l'encontre de la Charte de la personne hospitalisée qui
reprend les principes de l'information et du consentement, sans prévoir
l'exception de la contrainte.
Les soins psychiatriques sous contrainte sont également
maltraitants du fait de certaines interdictions faites au patient pour des
motifs thérapeutiques telles que l'interdiction de visite et de
téléphone.
De même, les patients sont tenus de porter une tenue
spécifique et vivent dans un environnement placé constamment sous
vidéosurveillance. Leur droit à la vie privée et à
l'intimité est donc presque nul au cours d'un séjour
hospitalier.
Au sein de l'hôpital Paul Brousse et des autres
hôpitaux de l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris, chaque
patient sera bientôt tenu de porter un bracelet d'identification ; si
cette mesure est presque unanimement acceptée par d'autres services,
cela est très mal vécu par les malades soignés en
psychiatrie, qui se sentent assimilés à la population
carcérale. En effet, si le port d'un bracelet est tout à fait
nécessaire pour un patient qui doit subir une intervention chirurgicale
afin d'éviter les erreurs d'identification, cela est plus discutable au
sein d'un service psychiatrique dans lequel les patients séjournent
souvent pour des durées assez importantes et où le risque
d'erreur est réduit.
Dans un tel service, des tensions apparaissent rapidement et
la violence entre patients, amplifiée par l'enfermement et la
vulnérabilité, n'est pas rare. De plus, il n'est pas aisé
pour une personne atteinte d'une maladie psychiatrique de se retrouver face
à d'autres patients souffrant de troubles mentaux bien différents
des siens ; en effet, du fait de la tradition médicale française
et des contraintes matérielles, « il n'y a pas de services par
maladie, les schizophrènes dans un pavillon spécial, les
déprimés dans un autre, les paranoïaques dans un autre
encore »27.
27 Serge Blisko, député : intervention
du 23 mai 2011 à l'occasion la 1ère lecture du projet
de loi relatif aux modalités de soins psychiatriques à
l'Assemblée Nationale
Pour palier à ces risques, il existe souvent au sein
des services des ateliers d'art et des salles de sports destinés
à améliorer leur qualité de vie et leur perception du
secteur psychiatrique souvent vu comme hostile, froid et dangereux.
De plus, les patients psychiatriques peuvent être
victimes du ?phénomène de contretransfert?. Il s'agit d'une
réaction, par le thérapeute, aux actes commis par le patient, qui
peut avoir des effets négatifs et maltraitants : par exemple, il est
probable de voir un soignant réagir violemment ou négliger un
criminel hospitalisé pour cause de troubles mentaux.
Ces patients peuvent également être victimes de
comportements maltraitants du fait de leurs réactions
imprévisibles, incomprises par le soignant et qui trouveront une
réponse inappropriée.
Pour prévenir la maltraitance, des formations locales
à destination des soignants en psychiatrie sont mises en place,
notamment sur les thèmes de l'accueil des familles, de la gestion du
stress et de leur propre agressivité.
Mais la lutte contre la maltraitance constitue également
un objectif national et commun à tous les établissements de
santé.
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