2.1.2. Approche des keynésiens
L'analyse par le revenu, proposée par J.M. Keynes,
conduit à des conclusions radicalement opposées.
Selon Keynes ce n'est point la demande d'encaisse des
ménages qui détermine la demande globale de la monnaie, mais la
demande de crédit des entreprises. Or cette demande de crédit
s'explique essentiellement par les besoins de financement de
l'économie.
Cependant, les besoins de financement de
l'économie sont déterminés, en fonction des prix des
facteurs de production et des produits, par le niveau du revenu global que la
communauté envisagée souhaite atteindre, en restant dans la
limite des possibilités offertes par la quantité de main d'oeuvre
existante. Ce revenu global désiré est lui-même, selon
Keynes, le revenu global visé par les anticipations des entreprises. Ces
anticipations sont enfin « hautes » ou « basses » selon que
le revenu propre des entreprises, qui est une fraction (souvent appelée
profit) du revenu global réalisé précédemment, est
élevé ou non.
Tout ce qui est de nature à améliorer
les anticipations des entreprises contribue donc à
l'élévation de la production. À cet égard, une
hausse des salaires n'est pas forcément néfaste. Certes, elle
entraine dans l'immédiat une hausse des coûts, mais elle
détermine également à brève échéance
une demande supplémentaire de produits et de facteurs. Une hausse du
taux de l'intérêt représenterait, elle aussi, un coût
pour les entreprises, mais un coût non générateur de
revenus. Une telle hausse serait de nature à décourager les
entreprises dans leur effort d'investissement. Elle atténuerait
peut-être l'inflation, mais au prix d'une récession. Mieux vaut,
par conséquent, une baisse du taux d'intérêt qui, en
incitant les entreprises à des anticipations optimistes, poussera au
plein emploi de la main-d'oeuvre, conduira à une
prospérité accrue et probablement, en fin de compte, à un
ralentissement spontané de l'inflation.
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