Section 2. Cadre théorique
2.1. Les fondements théoriques de la politique
monétaire
L'action des autorités publiques tendant à
contrôler la quantité de monnaie en circulation ou de
crédit distribué constitue ce que l'on appelle la
politique monétaire.
Les fondements théoriques de la politique
monétaire constituent le sujet d'âpres débats. Le plus
important est celui qui oppose « monétaristes » et «
keynésiens ».
Les monétaristes, disciples de
l'économiste américain M. Friedman, sont des adeptes de la
théorie quantitative de la monnaie bâtie sur la relation dont le
prototype est l'équation des échanges de I. Fisher. Les
keynésiens s'appuient sur les deux principaux ouvrages de Keynes : le
Traité de la monnaie et la Théorie
générale de l'emploi, de l'intérêt et de la
monnaie, explicitement dirigés contre la théorie
quantitative. Ces ouvrages, cependant, sont antérieurs à 1936,
Keynes est mort en 1946, tandis que M. Friedman a publié ses travaux
à partir de 1956. Le débat Friedman-Keynes est donc très
indirect. Mais les arguments opposés en son temps par Keynes à
Fisher valent encore pour Friedman.
Il s'agit d'une opposition fondamentale entre deux
analyses des phénomènes monétaires. L'une, celle des
monétaristes, peut être qualifiée d'analyse par les
encaisses. L'autre, celle des keynésiens, est une autre analyse par le
revenu. Nous présentons brièvement l'une et l'autre en relevant
chaque fois les implications pour la politique monétaire.
2.1.1. Approche des monétaristes
L'analyse par les encaisses repose sur une relation
exprimant la quantité de monnaie en circulation à un moment
donné comme le montant des encaisses que les agents souhaitent
détenir à ce moment. L'équation des échanges de
Fisher est de ce type, de même que celle proposée par Pigou
quelques années plus tard à Cambridge, acceptée par Keynes
dans son Essai sur la
reforme monetaire en 1923, mais
réfutée par lui dans son Traite de la
monnaie en 1930. L'équation utilisée par Friedman en
1956, bien que plus élaborée et dotée de fondements
microéconomiques plus explicites, n'est en réalité
guère différente.
Referons-nous ici à l'équation la plus
classique, à savoir l'équation des échanges de Fisher que
nous prendrons sous la forme suivante :
AP
AM
=
+ AV AT
P M V T
où ?P/P est le taux d'inflation au cours d'une
période de temps donnée, et ?M/M, ?V/V, ?T/T, sont les taux de
variation, dans la période, respectivement de la masse monétaire,
de la vitesse de circulation de la monnaie et du volume des
transactions.
Les quantitativistes admettent que P peut seulement
varier sous l'influence M, V et T, ils excluent la possibilité que P
peut varier sous l'influence d'autres facteurs.
De ce postulat, les quantitativistes déduisent
qu'un accroissement de l'offre de monnaie entraine une hausse inflationniste
des prix. Cette hausse est égale à l'augmentation de la
quantité de monnaie en circulation, à moins que ne surviennent
des variations compensatrices de la vitesse de la circulation de la monnaie ou
du volume des transactions.
Cela étant les autorités publiques
peuvent-elles faire confiance à de telles variations ou envisager de
s'appuyer sur elles pour combattre l'inflation ? Les théoriciens
monétaristes ne le pensent pas. Pour eux, si on veut lutter contre
l'inflation, il faut donc comprimer les coûts de façon à
inciter les entreprises à élever le niveau de production. Dans ce
but, il convient d'empêcher les banques autant qu'elles le voudraient
à la demande d'encaisse ou crédit du public, et cela ne peut
être obtenu en provoquant une hausse des taux d'intérêt et
en limitant les possibilités de refinancement des banques auprès
de la banque centrale.
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