2.3. Le crédit et la politique monétaire
La spécificité et la technicité
de notre thème nous poussent à élaborer une
référence théorique précise autour des concepts qui
se trouvent dans le champ de notre travail de recherche.
Les entreprises ont un besoin de financement et vont
emprunter. Le taux d'intérêt est un coût de production, les
entreprises devront rembourser le capital et les intérêts. C'est
une charge pour l'entreprise. Si le taux d'intérêt est
élevé, le coût du crédit sera élevé,
il y aura une baisse de la demande de capitaux et l'investissement baissera.
Les ménages ont une capacité de financement car ils
épargnent. Le taux d'intérêt est un revenu : c'est le prix
de l'épargne. Si le taux d'intérêt est élevé,
l'épargne augmente, la consommation chute, la production baisse et le
chômage augmente et tout ceci se fait sur le long terme. L'effet inverse
se produit pour les entreprises et les ménages. Si le taux
d'intérêt est bas, le coût du crédit baisse et il en
résulte une augmentation de la demande de capitaux, ce qui a pour effet
d'augmenter l'investissement. Pour les ménages les effets sont quasiment
similaires. Si le taux d'intérêt est bas, l'épargne diminue
car la consommation augmente. Il en résulte une augmentation de la
production et une baisse du chômage.
Les banques commerciales peuvent avoir besoin de
liquidités : elles portent alors cet effet de commerce à la
Banque Centrale. Cette opération s'appelle le réescompte et le
taux d'intérêt s'appelle le taux de réescompte. La Banque
Centrale dispose d'un instrument important dans la conduite de sa politique
monétaire qui est l'opération d'open-market.
La Banque Centrale peut intervenir sur ce
marché interbancaire en achetant ou en vendant des liquidités
pour faire varier le taux d'intérêt. Si la Banque Centrale
souhaite que les banques obtiennent facilement des liquidités (exemple :
lorsqu'il y a ralentissement de l'activité économique), la Banque
Centrale se porte offreur (ou vendeur) de liquidités. L'offre
étant supérieure à la demande, le taux
d'intérêt baisse. Conséquence : les banques pourront se
refinancer facilement sur ce marché interbancaire et obtenir des
liquidités à coût faible donc une hausse des
possibilités de crédits vis-à-vis de leurs clients. Si la
Banque Centrale souhaite que les banques obtiennent difficilement des
liquidités (exemple : lorsqu'il y a inflation, croissance forte de
l'activité économique), la Banque Centrale se porte acheteur (ou
demandeur) de liquidités. L'offre étant inférieure
à la demande, le taux d'intérêt monte. Conséquence :
les banques pourront se refinancer difficilement sur ce marché
interbancaire et obtenir des liquidités à coût
élevé donc une baisse des possibilités de crédits
vis-à-vis de leurs clients. En Haïti nous confrontons ce même
problème avec l'émission des bons BRH, qui pousse à la
hausse les taux d'intérêt
débiteurs via les taux directeurs qui à son
tour entrainent une baisse du volume de crédits octroyés dans
l'économie.
Le docteur Dominique PLIHON15 nous montre
dans son ouvrage intitulé « la monnaie et ses
mécanisme» que la politique monétaire doive remplir les
objectifs du « Carré Magique » de Kaldor à savoir, la
croissance économique, la stabilité des prix, le plein emploi et
l'équilibre de la balance des paiements. Il ne faut pas qu'il y ait un
excès de création monétaire. En effet, si le taux
d'intérêt est faible, les crédits distribués aux
ménages et aux entreprises augmentent. Le risque est le gonflement de la
masse monétaire (inflation) car le pouvoir d'achat des agents
économiques est supérieur à la quantité de biens
disponibles. La demande est supérieure à l'offre, ce qui
entraîne une hausse des prix. D'autre part, si le taux
d'intérêt est bas, il existe un risque de fuite des capitaux
flottants vers l'étranger car la rémunération y est plus
importante. Il ne faut pas qu'il y ait une insuffisance de création
monétaire. En effet, si le taux d'intérêt est
élevé, les crédits distribués aux ménages et
aux entreprises baissent. Le risque est la diminution de la masse
monétaire (récession) car le pouvoir d'achat des agents
économiques est inférieur à la quantité de biens
disponibles. La demande est inférieure à l'offre,
entraînant une baisse des prix. La politique monétaire doit donc
trouver un équilibre entre l'insuffisance et l'excès de
création de monnaie (régulation de la masse
monétaire).
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