La problématique de la nationalité sur le plan international. "Cas des populations rwandophones vivant en République Démocraique du Congo".( Télécharger le fichier original )par Olivier MPIANA KALOMBO Université de Kinshasa RDC - Licencié en relations internationales 2011 |
§2. Tribu établies aux KivuAu début de la colonisation belge, l'unité de base de l'administration, dont la tendance générale était la politique de décentralisation, fut la chefferie. Chaque groupe ethnique, si petit fût-il, se voyait attribuer une chefferie ou un secteur, sinon alors un groupement. Les territoires administratifs étaient ainsi constitués, si possible, dans les limites des chefferies, fief des chefs coutumiers. La préoccupation de regrouper les unités ethniques dans leurs entités géographiques propres a conduit un te morcellement que la Province Orientale, par exemple, qui comprenait l'actuelle province Orientale et l'ancien Kivu comprenait jusqu'à 2.500 chefferies et Groupements49(*)11. A un moment donné, et dans certains cas, on n'avait en moyenne que. 150 adultes par chefferie. . Malgré ce morcellement extrême, aucune trace des Banyarwanda (Hutu, Tutsi ou Banyamulenge) n'est repérée sur les cartes administratives ou ethnographiques du Congo de 1910 à 1960. Et pourtant, toutes les petites tribus sont signalées sur l'un ou l'autre document. Parmi les 2.500 chefferies et Groupements de la province Orientale de l'époque, on peut ainsi retrouve les Père, Nyanga, Lese, Nyali, Ndaka, qui, au début du siècle, formaient des peuplements minuscules. La création d'une chefferie pour les Banyarwanda n'est intervenue qu'après l'importation de la main d'oeuvre abondante que les Missionnaires de Rutshuru amenaient avec eux du Rwanda voisin. Cette réalité est admise aujourd'hui par le Président de l'Episcopat du Congo, Monseigneur Faustin NGABU50(*), Evêque du diocèse de Goma, dans sa lettre pastorale pascale de cette année: « Chez nous, les principales tribus ou communautés socio-poIitiques s'appellent, je cite par ordre alphabétique: BAHAVU VU, BAHUNDE, BANANDE, BANYANGA, BANYARWANDA (BAHUTU et BATUTSI), BAREGA, BASHI, BATEMBO. Les Banyarwanda (Hutu et Tutsi), du moins ceux qui l'ont été, ceux qui ne, veulent plus de ce titre et ceux qui se reconnaissent encore sous ce vocable, voudront bien comprendre que, dans leurs cas, la notion de « tribu » qu'ils se donnent lorsqu'ils se déclarent Hutu e Tutsi ne peut pas être comprise dans le `même sens que celle des autres communautés citées ci-haut. En effet, contrairement à celle des Hutu et Tutsi, les communautés Havu, Hunde, (`lande, Nyanga et Tembo ont chacune leurs « Mwami » et leurs «.Balu» ou « Vakama » qui sont respectivement leurs Chef d'Etats et Cadres dirigeants dans le contexte précolonial Ces communautés ont leurs valeurs traditionnelles qui sont fondées sur, leurs langues, leurs territoires, leurs coutumes et leurs propres organisation familiales, matrimoniales, culturelles, économiques, politiques et religieuses. Pour le cas des Hutu et des Tutsi, après 23 ans déjà passés dans ce diocèse, je ne suis pas capable d'en dire autant; comment chacun de ces deux groupes Hutu et Tutsi constitue-t-il une tribu? A eux de le comprendre et d'en convaincre les autres ... » Ce n'est tout. La première carte ethnographique du Congo-Belge a été élaborée en 1910 par le RP MOELLER DE LADDERSOUS51(*)13. Elle mentionne une centaine de tribus sur le territoire de la colonie. Les HUTU et les TUTSI n'y figurent pas, ils sont plutôt indiqués au Ruanda-Urundi territoire sous-mandat belge. E.J. VANDEWOODE14, archiviste belge, qui dans une édition de 1939 a publié des, documents relatifs à l'ancien Kivu 1870-1918 dresse la liste suivante des tribus `de ce district: Baholoholo, Balembe, Bagoma, Babwari Babove, Babembe, Bavira, Bafuliru, Bashi, Bahavu, Bahunde, Wanianga,' Bashu, Baswagha et Baamba. Aucune mention n'est faite des tribus Hutu et Tutsi. En 1946, MM. MICHELS A. et LAUDE N.52(*) obtiennent le prix `ROUVEROY comme meilleurs chercheurs de l'époque sur la' colonie belge du Congo. Dans leur ouvrage, ils reprennent textuellement la carte du Révérend MOELLER, que voici: Neuf ans après, une carte ethnographique définitive est publiée dans l'ATLAS du Congo Belge et du Ruanda-Urundi Par Gaston DERKI N DEREN53(*)16, Professeur à l'institut Universitaire des Territoires d'Outre-mer: Monsieur DERKINDEREN n'est pas n'importe qui! A en croire Monsieur Pierre RYCKMANS, Gouverneur Général honoraire du Congo-Belge et qui préfaça ledit Atlas, il « connaît' le Congo pour y avoir travaillé dans diverses régions et dans diverses fonctions, pendant des longues années. Il a ensuite été attaché au Service de la Colonisation du Ministère des Colonies. Il connaît donc de première main le Congo et les divers aspects de son développement ». La carte de Monsieur DERINDEREN compte plus de deux cents tribus. Certaines tribus se retrouvent dans deux provinces, notamment les TSHOKWE et les LUNDA au Bandundu et au Katanga, les SAMBA au Kivu et au Katanga,' les MBALA au Bandundu et au Kasaï, voire les HIMA en Province Orientale et au Ruanda-Urundi. Les Hima sont des hamite nilotiques comme les Tutsi. Pourtant, `ni les hutu ni les tutsi ne figurent sur cette carte ethnographique du Congo-Belge. Est-ce par oubli? Certainement pas, car cette carte corrigée et republiée en 1959 par le Vice-gouverneur HEENEN, in THE BELGIAN CONGO54(*), ne reprend toujours pas les TUTSI ni les HUTU dans l'espace congolaise. On remarquera, comme exemple de correction, que l'ethnie désignée sous la dénomination YIRA en 1955 est reprise en 1959 sous le nom de NAND, nom le plus connu de ce peuple dont, par ailleurs, les SWAGA et les SHU constituent plutôt des tribus. C'est dire si l'administration coloniale belge poussait son attention jusqu'au détail! Et pourtant, les Hutu et les Tutsi, qui se prétendent originaires de Rutshuru (1902), premier poste administratif et militaire Belge au Nord-Kivu, ne sont repris nulle part au KIVU, sur cette carte. Peut-on croire que ce soit à dessein? La deuxième partie de ce livre, consacrée aux aspects historique et géographique de la question ci-après. A supposer qu'il s'agisse d'une omission. Par là on ne sait quel hasard répétitif, il ne faudra toutefois pas se laisser aller à la propagande du délit étant donné que, d'une part., des tribus nilotiques comme les ALUR, les KAKWA et autres HIMA sont indiquées comme `tribus établies au Congo Belge et que, d'autre part, 1es HUTU. Le BANTU sont majoritaire Congolais. Cette précision s'impose dans le débat, en ce qu'elle démontre une fois pour toutes que le problème' n'est ni racial, ni ethnique, mais plutôt juridique et historique. Le problème que connaisse la RDC depuis l'arrivée des premiers immigrés Ruandais et Burundais dans sa partie Est et spécialement au Nord et au Sud Kivu n'a pas laissé indifférent les congolais. En effet Ce problème est national. Dans cette partie du travail, notre objectif n'est pas celui de prendre une position pour ou contre l'une d'ethnies composante de ces masses des réfugiés présents dans la région du Kivu, mais notre souci c'est de porter devant l'opinion à travers des analyses scientifiques, les vraies faces de la situation actuelle des réfugiés et de d'épingler les difficultés nées de cette occupation et de faire une projection sur ce que serait l'ex-Kivu au regard de cette situation. * 49 De SAINT MOULIN L, « Mouvements Récents de Population dans la Zone de Peuplement Dense . de l'Est du Kivu ». in Etudes d'Histoires Africaines, Kinshasa, 1975 * 50 Mgr NGABU Faustin. Lettre Pastorale du 11 avril 98, inédit, Goma. * 51 R.P. MOELLER D ELADDERSOUS, Les grandes Lignes... de Bantou dans la Province Orientale, du Congo.-Belge, Inst. R. Belge. Bxl, `1936, p. 91. * 52 VANDEWOODE E.J., Document Relatif à l'Ancien Kivu, 1870-1918, Inédit., Bruxelles, 1939, pp.17-21 * 53 16 DERKINDEREN Gaston,. Atlas du Congo-Belge et du Ruanda-Urundi,. Bruxelles, 1955, pp.46-47. * 54 HEENEN, the Belgian Congo, Vol. I, Bruxelles, 1959, P. annexes. |
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