Une action éducative dans le quotidien et en projet : un exemple de prise en charge de l'anorexie mentale de l'adolescente en milieu hospitalier psychiatrique( Télécharger le fichier original )par Audrey Marie-France GERARD Institut Jean-Pierre Lallemand - Graduat Educateur Spécialisé 2011 |
2.3. ÉTIOLOGIE : UN TROUBLE D'ORIGINE MULTIFACTORIELLEPour approfondir la connaissance des jeunes composant son public cible et établir des liens de causes à effets dans le temps (passé-présent-futur) quant à leurs comportements perturbés, l'ESP se penchera sur les origines de l'AM. Nous l'avons vus, l'AM est considérée comme un TCA majeur et à des d'origines multifactorielles, c'est-à-dire, déterminée par des facteurs multiples bio-psycho-sociaux en interaction. Elle se développe chez des adolescentes prédisposées, à l'occasion d'évènements marquants qui la déclenchent, suivis d'un régime alimentaire ou concomitant avec ce dernier. Et elle sera pérennisée par des mécanismes de maintien. Notons que les explications suivantes sont basées sur divers ouvrages34(*) précités dans ce mémoire et d'interviews de spécialistes de l'AM, ainsi que du témoignage d'une jeune femme anciennement touchée par l'AM. Elles ne sont pas spécifiques et aucune d'entre elles n'est encore fermement reconnue scientifiquement à ce jour. Mais par leur association, elles donnent un aperçu hypothétique global des déterminismes de cette problématique complexe et polymorphe. 2.3.1. LES FACTEURS DE PRÉDISPOSITIONUne vulnérabilité individuelle influencée par des facteurs bio-psycho-sociaux. A. Facteurs à risque individuels
Une vulnérabilité psychologique individuelle et une souffrance profonde sous-jacente : - Des expériences perturbantes de l'enfance (problèmes liés aux premiers nourrissages, traumatismes moraux et/ou physiques et/ou sexuels, deuils ou ruptures précoces, passé de maigreur ou d'obésité et/ou d'insatisfactions corporelles) ou au contraire une enfance aconflictuelle, sans histoire. - Un déséquilibre affectif, une faible estime de soi, des états dépressifs et/ou anxieux, une tendance au perfectionnisme et/ou à l'introversion et/ou à l'intellectualisation, un développement en faux-self, une grande dépendance familiale, des envies d'ambition et d'autonomie refoulées, des valeurs peu sûres. - Une pratique active dans le milieu de la mode, de la danse ou du sport. - Une pratique religieuse fervente (expériences de jeûne et de culpabilité), etc. B. Facteurs à risque familiaux
Une vulnérabilité et des dysfonctionnements des modèles familiaux (parfois transgénérationnels) : - Des antécédents familiaux d'AM ou d'obésité (ou d'autres TCA) et/ou de troubles psychiatriques (dépression, alcoolisme, pédophilie, etc.). - Un apprentissage alimentaire familial perturbé : tensions durant les repas, fausses croyances sur la nourriture, etc. - Un apprentissage familial perturbé de l'image du corps : mauvais ou faibles échanges d'expériences corporelles, fausses croyances sur le corps et le poids, etc. - Des idéaux (éducatifs ou sociaux) et/ou une religion et/ou une foi déviés sur un mode d'élitisme, de performances individuelles, de culpabilité, de dépendance ... et surtout d'intransigeance. - Une tension familiale et l'évitement des conflits, des sentiments, du dialogue. - Des conflits familiaux importants (disputes régulières). - Des rôles familiaux confondus (relations duelles exclusives, parentification des enfants, etc.). - Une autorité abusive, ne laissant pas de place à l'autonomie individuelle, etc. * 34 - Coenen, M., Corcos, M., Dassonville, M., Delvenne, V., Jeammet, P., Maisin, I., Muguerza, J., Passelecq, A., Peodilis, M., & Vincent, T. (2006). Anorexie et boulimie : Une clinique de l'extrême (pp.147). Bruxelles, Belgique, De Boeck et Larcier. - Simon, Y., & Nef, F. (2002). Comment sortir de l'anorexie ? : Et retrouver le plaisir de vivre (pp.57-79). Paris, France, Odile Jacob. - Vanderlinden, J. (2006). Vaincre l'anorexie mentale (pp. 37-47). Bruxelles, Belgique, De Boeck & Larcier s.a. |
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