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La filière des dattes communes dans les oasis de Gabès dans le contexte des aléas climatiques et économiques: fonctionnement, atouts et contraintes

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par Foued Ben Hamida
Institut national agronomique de Tunisie - Master 2011
  

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LISTE DES PHOTOS

Photo 1-Opération de collecte de legmi du palmier Photo 2-Fruit datte Kenta

Photo 3-Fruit datte Deglet Nour

LISTE DES FIGURES

Figure n°1 : Schéma filière agroalimentaire

Figure n° 2 : Moyennes pluviométriques mensuelles à Gabès entre 1901 et 1991 Figure n° 3 : Schéma de la filière datte en Tunisie

Figure n°4 : Etapes de conditionnement de la datte

Figure n° 5 : Ecart entre les différents niveaux de prix

INTRODUCTION

Les oasis ont joué un rôle important dans l'établissement des routes commerciales empruntées par les caravanes qui y trouvent un coin de repos et une source de ravitaillement en vivres. RENUCCI (1978) précise en disant que « c'est sans doute pendant ce temps fort des échanges commerciaux, que fut crée un grand nombre de ces oasis. Leur fonction premiere n'était donc pas agraire. Elles constituaient des étapes de transit, des comptoirs et des ports ». Il ajoute que « l'histoire prouve que l'oasis c'est-à-dire le couple jardins irrigués - agglomération est fille du commerce et non pas du surplus agricole ».

Un peu plus tard, et après le passage du système pastoral au système agro-pastoral avec la sédentarisation des nomades, les oasis sont totalement intégré ce nouveau système par la solide relation oasis-steppe (il y a une vingtaine d'années) et oasis-ville (aujourd'hui).

En effet, située dans un environnement aride et hostile, les oasis constituent un écosystème original, fondé sur le juste équilibre de trois éléments : l'abandon de l'eau, la qualité du sol et la présence de palmiers dattiers dont le feuillage en forme de parasol crée un véritable microclimat. Par l'activité agricole qui s'y déploie, l'oasis joue d'ailleurs un rôle essentiel pour la sécurité alimentaire de ses habitants, mais aussi de ceux des villes environnantes.

En règle générale, les systèmes de production dans les oasis combinent judicieusement productions végétales et élevages. Les associations agriculture-élevage valorisent des ressources rares comme l'espace cultivable (parcelle exiguës) et les ressources en eau (de moins en moins disponible).

Ainsi, le système de culture de l'oasis s'organise en trois étages :

- L'étage du palmier dattier, qui constitue l'étage supérieur jouant le rôle de brise-vent et de protecteur des autres cultures contre le soleil.

- L'étage intermédiaire constitué d'arbres fruitiers (grenadiers, abricotiers, pruniers, mûriers, pommiers, etc.)

- L'étage inférieure constituée par les cultures maraîchères (carottes, navets, piments, blettes,..), les cultures fourragères (luzerne, vesce - avoine, orge en vert,..) et cultures industrielles (tabac, henné)

Une autre constance de la structure oasienne est le travail en planches de culture, une organisation de l'exploitation appropriée à l'irrigation par submersion.

Quant au système d'élevage, il a été pendant longtemps basé sur l'élevage des petits ruminants (ovins et caprins).

Or l'équilibre de l'oasis aux productions diversifiées, qui est le résultat d'anciennes pratiques agricoles et l'élevage gérant au mieux les ressources locales, est menacé par les nouvelles pratiques oasiennes imposées par des changements socio-économiques.

En effet, la pression démographique, l'amélioration du niveau de vie des populations, le changement des comportements alimentaires, le changement des valeurs sociales et comportementaires, sont autant de facteurs qui ont influencé le comportement et les pratiques des oasiens et par voie de conséquence ont influencé les systèmes de production oasiens.

Ainsi, les systèmes de production des oasis de Gabès, qui étaient basés autrefois sur une association arbres fruitiers (principalement le palmier dattier) et élevage des petits ruminants (principalement l'élevage caprin) ont connu depuis le milieu des années 80 une transformation radicale en connaissant une nouvelle association cultures maraichères-élevage bovin.

Il va sans dire que la situation des oasis de Gabès est préoccupante. La reconversion des palmeraies a entraîné une érosion génétique sévère de la diversité génétique de patrimoine phoenicicole (CHETOUI et HAMROUN, 2004). Cette reconversion a favorisé la disparition progressive de certaines variétés présentant des intérêts socio-économiques et même technique importants (MRABET et al. 2006).

D'ailleurs nous adhérons au constat que fait HAJJI (1994) lorsqu'il énumère les facteurs qui ont provoqué l'aggravation de la situation de la «crise oasienne» et dont il cite principalement : «morcellement accrue, indivision, manque de main d'oeuvre et disparition des formes de salariat basées sur «el khemassat», manque d'eau, disparition des formes d'entraide et de solidarité d'où une mauvaise gestion de l'eau, faible intégration agriculture élevage, revenu de plus en plus faible, etc.».

A cela s'ajoutent les changements climatiques qui commencent à peser, depuis quelques années, sur la production végétale oasienne.

Nous n'ajoutons rien de neuf lorsque nous signalons que l'augmentation du coüt du travail, due à la raréfaction de la main-d'oeuvre, conduit les exploitants à ne plus recourir à certains travaux ou à les faire moins fréquemment. Il en résulte une diminution des rendements et des revenus, ce qui entraîne un important manque à gagner (LASSAUX, 2004).

Mais en dehors de ces phénomènes socio agro économiques, les autres activités oasiennes (activités artisanales, de conditionnement et de conservation des produits de l'oasis) liées au savoir-faire ancestral se trouvent elles aussi menacées. BEN SAAD (2004), affirme avec juste raison qu'avec l'abandon des cultures et pratiques oasiennes par un nombre non négligeable d'oasiens, le risque de la perte du savoir-faire local est très grand. La transmission du savoir-faire lié à l'utilisation des dérivés du palmier (tronc, palme, «lif», etc.) ainsi que la conduite de cette culture (pollinisation, extraction du jus du palmier, etc.), ainsi que la conduite de plusieurs autres cultures oasiennes (tabac, henné, luzerne, etc.) ne sera plus assurée.

De ce fait, le palmier dattier a perdu de l'importance. Le nombre de palmier dans l'oasis du grand Gabès est passé de 350 000 pieds en 1969 à 110 000 pieds aujourd'hui (FANNY, 2008).

Toutefois, CONFRONTI et al. (2004) signale que la société oasienne dans son ensemble évolue et cherche à s'adapter à la nouvelle donne économique, et c'est dans cette esprit que nous avons choisi d'étudier la filière des dattes communes puisque nous considérons que la valorisation du patrimoine dattier dans les oasis de Gabès, basé sur les dattes communes, constitue une alternative pour la sauvegarde et réhabilitation des oasis de cette région.

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