2.3.3. L'eau de plus en plus rare, constitue le point
faible du système oasien
Les oasis doivent leur existence et leur
pérennité à une centaine de sources naturelles qui
convergent pour former des oueds. Au cours du XXème siècle, le
débit de ces sources n'a cessé de diminuer pour finalement
devenir nul vers le début des années 80. Ce bouleversement sans
précédent dans l'histoire de la palmeraie a été
provoqué par la création de quelques dizaines de forages,
utilisant l'eau de la nappe souterraine, pour l'irrigation des nouvelles
créations (les périmètres irrigués) mais surtout
pour l'alimentation des usines du groupe chimique tunisien qui sont très
consommatrices en eau.
Cette situation nouvelle a conduit l'Etat tunisien à
mettre en place depuis 1970 un programme de sauvegarde de l'oasis dont
l'élément essentiel a été la création de
forages profonds. Ensuite, et au milieu des années 80 a opté pour
le remplacement du système traditionnel de distribution de l'eau par le
remplacement des rigoles en terre par des rigoles en ciments, il s'agit du
programme appelé : économie d'eau.
A partir de cette date, le réseau de distribution est
constitué de tuyaux en amiante ciment enterrés, des ramifications
de longueur variant de quelques mètres à plusieurs centaines de
mètres. Et comme l'oasis est divisée en secteurs, chaque secteur
porte un nombre variable de borne d'irrigation (suivant l'importance du
secteur). Le tour commence par la borne la plus en aval de chaque secteur
suivant un calendrier bien déterminé fixant la date, l'heure et
le temps d'irrigation. Ces trois facteurs tiennent compte de la superficie
exploitée. Cette gestion de l'eau est assurée par les GIC
(Groupement d'intérêt collectif, autre fois appelé AIC :
Association d'intérêt collectif).
Or, malgré tout cela, l'eau reste toujours le maillon
le plus faible dans l'oasis et tous les oasiens que nous avons rencontré
se plaignent du manque d'eau et des pannes répétées des
forages. En effet, la quantité d'eau indispensable pour la culture des
dattiers, qui est de l'ordre de 1 l/s/ha (CHAREF, 1989), n'est plus
assurée ; sans parler bien sûr des autres cultures et surtout
celles consommatrices d'eau tels que la culture de la luzerne dont un ha
consomme 10 fois plus qu'un ha des cultures maraîchères (SRASRA,
2008). Pour combler le déficit en eau dans les oasis, la majorité
des oasis recourent aux puits illicites dont leur nombre ne cesse d'augmenter
ces dernières années devant une quasi-impuissance des services
techniques qui n'ont plus les moyens de contrôler toutes les
exploitations oasiennes. Ainsi, l'existence d'une source d'eau privée
permet à l'agriculteur d'avoir une certaine indépendance
vis-à-vis du GIC.
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