2.2.3. L'utilisation artisanale
a) La matière première
Pour confection de la plupart des articles en vannerie, on
utilise des jeunes palmes prélevées au coeur du palmier, qui
proviennent soit de la palmeraie familiale ou de l'achat dans les palmeraies du
village.
Cependant, compte tenu du risque que représente le
prélèvement du coeur de palmes pour la vie du palmier dattier, la
plupart des exploitants refusent d'arracher les palmes de leurs palmier,
créant ainsi un sérieux problème d'approvisionnement pour
les artisans qui sont obligés de s'approvisionner auprès des
commerçants ambulants qui viennent des localités où le
palmier n'est pas cultivé pour la production de dattes.
Les palmes sont prélevées de
préférence juste après la pollinisation.
b) Les différents articles
fabriqués
- Couffins, paniers, sacs, cartables et sajeda : Ces articles
sont fabriqués de la même manière que le chapeau. La
différence réside dans la largeur de la tresse qui est uniforme
et relativement plus grande que celle des tresses utilisées dans la
confection des chapeaux. Ces articles peuvent être fabriqués avec
les folioles de toutes les variétés de palmier.
- Plats et plateaux : Ces articles sont fabriqués
à partir des fibres du pédoncule floral. Après avoir fait
séjourner la pédoncule pendant plusieurs jours dans l'eau, les
fibres qui la composent sont détachées et reliées par
l'intermédiaire des folioles sous forme de couches concentriques
auxquelles l'opérateur donnera la forme souhaitée.
Dans le cas de plats ou plateaux colorés, on
procède avant la couture à la coloration des folioles qui se fait
avec des teintures spécifiques achetées
généralement à Gabès.
c) La faible rentabilité de
l'activité
L'un des obstacles au développement de la vannerie
semble être la faible rentabilité de l'activité. En effet,
la commercialisation des articles se fait généralement sur place
où les produits sont vendus soit au « souk » (marché)
ou à des collecteurs venus de Gabès. Les prix pratiqués
sur place sont dérisoires en rapport aux efforts
dépensés.
? Impact de la vannerie sur la conservation de la
diversité génétique du palmier dattier Dans
la situation actuelle, la vannerie ne contribue pas ou peu à la
conservation de la diversité génétique du palmier dattier
même si certains articles sont confectionnés
préférentiellement avec des variétés communes
précises.
D'ailleurs, un développement important de
l'activité risquerait de nuire à la biodiversité. En
effet, les palmes utilisées dans la confection de ces articles sont
prélevées du coeur du palmier (bourgeon apical) et selon FERRY
(2004), ceci pourrait constituer un risque réel pour les
variétés dont les palmes se prêtent particulièrement
à cette activité.
Il est clair que les producteurs ne sont guère
favorables au développement de la vannerie, par crainte d'une demande
trop forte conduisant à des vols nocturnes de jeunes palmes
coupées sans discernement au risque de détruire l'apex du palmier
dattier. Toutefois, un prélèvement raisonnable consiste à
couper tout les deux ans, sans « blesser » l'arbre, au maximum 2
à 3 palmes sur la dizaine produites chaque année par la plante.
Par ailleurs, il faut tenir compte de l'age et de la vigueur de la plante. Ce
qui susciterait une demande de matière première. De cette
façon, la vannerie pourrait contribuer à la conservation de la
diversité génétique du palmier dattier.
2.2.3.1. La menuiserie
Dans la région Gabès d'une façon
générale, il y a toujours eu une tradition d'utilisation
du tronc et de rachis pour confectionner des portes et des meubles divers.
Mais de nos jours, cette
activité artisanale traditionnelle a disparu faisant
place à une menuiserie moderne qui, cependant est, essentiellement
limitée, aux centres urbains (Métouia, Oudhref,
Gabès...)
Cette activité basée sur l'utilisation de rachis
de palmes et du tronc de palmier permet la confection d'une gamme variée
d'articles, habituellement fabriqués avec d'autres bois (bois de teck
par exemple) : lits, armoires, chaises, portes,...
Ces articles peuvent êtres fabriqués à
partir de toutes les variétés. Toutefois, certaines
variétés sont préférées à
d'autres.
Toutefois, un développement « raisonnable »
de l'activité permettrait de valoriser les vieux palmiers ayant atteint
leur limite de production et qui doivent être remplacés par de
jeunes rejets.
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