La veille et l'intelligence économique sont bien des
concepts différents. Cependant, ils ont un lien et leurs pratiques
peuvent très bien se renforcer mutuellement.
Selon Sylviane Descharmes (2004), l'intelligence
économique englobe dans sa sphère plusieurs notions:
Sécurité économique, veille, renseignement, knowledge
management, lobbying,...mais reste un ensemble autonome12.
Au delà de ces notions, l'IE se relève sous trois
aspects principaux:
· Tout d'abord la Veille, qui consiste
à observer et à analyser ce qui se passe autour de
l'entreprise;
· Ensuite la Communication et la
Sécurité, c'est-à-dire à se
prémunir contre la veille des autres: savoir sur quoi on communique, le
faire savoir à tous les salariés, créer des
réflexes, voir inclure des clauses de confidentialité dans les
contrats de travail;
· Enfin le dernier aspect est le
Lobbying, à savoir l'injection d'informations dans
l'environnement de l'entreprise pour une décision profitable. Il s'agit
de faire en sorte que l'environnement prenne des décisions favorables
à l'entreprise. On peut citer le cas de la participation d'une
entreprise à un comité de normalisation. L'entreprise va essayer
de faire en sorte que la norme soit la plus proche de son savoir-faire, surtout
si celui-ci a une longueur d'avance sur les concurrents.
La veille stratégique est un concept
micro-économique (au niveau des entreprises) apparue en France dans les
années 1980. Elle est issue des sciences de gestion et du management
stratégique, c'est-à-dire du monde des entreprises.
L'intelligence économique est un concept macro et micro
économique associé à un objectif de Défense
Nationale, de Sécurité Nationale, et de
compétitivité durable de l'économie nationale et
territoriale. L'expression est issue initialement du monde des dirigeants
d'entreprises du domaine de l'armement, ainsi que des Pouvoirs Publics,
soucieux d'une vision globale à l'échelon national et de
défense économique du pays considéré globalement
« sécurité économique »13.
D'autre part, la veille a une fonction plus anticipative sur
laquelle vient se greffer une fonction informative plus large et plus
sophistiquée. Sa fonction
12 La veille stratégique du concept
à la pratique, l'institut atlantique d'aménagement des
territoires, France, juin 2005, p4.
13 Nicolas Lesca, Op.cit, p 183.
d'analyse peut aller jusqu'à la mise en
évidence d'impacts des événements qui vont survenir sur
l'organisation. Mais elle s'interdit toute intrusion dans le processus de
décision. L'intelligence économique va encore plus loin dans le
traitement de l'information. Elle dépasse l'identification des impacts
pour faire des recommandations, des préconisations à
l'utilisateur décideur. Elle peut également avoir pour fonction
de proposer ou même mettre en oeuvre des actions. Elle est ainsi plus
globale, plus offensive et s'insère davantage dans le processus de
décision stratégique que la veille14.
En conclusion, la veille stratégique est une
composante de l'intelligence. Ces deux concepts s'appuient sur des dispositifs,
des pratiques et des états d'esprit différents mais non pas
opposés.
Le schéma ci-dessous montre le lien entre la veille
stratégique et l'intelligence économique :
Schéma I.1: Intelligence économique et
veille stratégique.
Veille technologique Veille commerciale Veille
concurrentielle Veille environnementale
L'entreprise
Stratégique
Veille
Intelligence Économique
L'État
Source : Francis Bélime, Intelligence
économique et veille stratégique : quel enjeux pour les PMEs en
IT, Akova inc, Québec, 23 octobre 2007.
14 Corine Cohen, Op.cit, p 65.