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Etude de la filière de commercialisation de la viande de brousse à  Kinshasa

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par Heritier Mpamu Bakutu
Université de kinshasa - Licence 2010
  

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2.2 La filière d'approvisionnement des villes, ses acteurs et son organisation

La filière viande de brousse est beaucoup plus « encastrée», au sein des sociétés locales traditionnelles. Pour la structurer, deux logiques socioéconomiques se superposent plutôt qu'elles ne s'opposent. Elles s'appuient, d'une part, sur la réciprocité au sein du village et, d'autre part, sur l'échange commercial classique en milieu urbain. La situation juridique et fiscale des acteurs est en règle générale aussi confuse que la législation qui devrait s'appliquer. En outre la filière « viande de brousse » relève des activités informelles. On peut extrapoler cette analyse à l'ensemble de la région, même si, selon les pays, certains circuits prennent plus d'importance. Un collecteur villageois concentre la viande du village et la vend à un revendeur urbain qui approvisionne le consommateur (Robinson et Redford, 1994). Le collecteur est plus généralement un urbain (ou, plutôt, une urbaine) qui se déplace régulièrement vers le village et vend sur le marché en gros de la marchandise, à la sortie des villes, ou approvisionne un réseau de revendeuses (Koppert et al.1996).

Si la chasse est une activité purement masculine, la commercialisation de la venaison est très fortement féminisée, qu'il s'agisse de la collecte en brousse ou de la vente au détail, sur les marchés urbains. Les entretiens réalisés auprès des acteurs de la filière ne font pas apparaître de barrières sociales ou ethniques à l'entrée dans ces activités de négoce, tandis que le capital de départ est très limité. La vente au détail de venaison est souvent réalisée par des jeunes femmes, en phase d'insertion sociale, qui, au fur et à mesure de leurs possibilités financières, s'intéressent à la collecte du gibier, auprès des chasseurs villageois. Ces commerçantes remontent ainsi la filière, en recherchant le meilleur taux de rentabilité, puis, lorsqu'elles ont acquis une certaine surface financière et l'âge aidant, elles abandonnent la filière venaison pour s'intéresser à d'autres activités commerciales, plus rentables (Hart, 2000).

La chasse commerciale joue ainsi un rôle important comme support du développement. L'activité de chasse en elle-même représente, au niveau d'un pays, l'équivalent de plusieurs dizaines de milliers d'emplois à temps plein, à comparer à la dizaine de milliers de fonctionnaires. La commercialisation est également source d'emplois permettant l'intégration des femmes dans les circuits économiques et facilitant leur ascension sociale. La filière permet une circulation monétaire importante, dans le sens villes vers campagne, qui équilibre les besoins en numéraire des ruraux, pour financer la santé, l'éducation, les impôts ou l'achat des équipements de base (matériel agricole, matériel de construction) (Feer, 1996).

2.2.1 Les consommateurs

Les mères de famille constituent l'essentiel de la clientèle et achètent le gibier pour la consommation familiale, dans le cadre de la « dépense quotidienne », pour la confection des sauces accompagnant le plat principal. Le boucanage, qui permet, la conservation avant de débiter la viande en petites portions.

La viande de brousse est aussi fréquemment au menu des restaurants de rue (Malewa), qui permettent aux salariés faisant la journée continue de se nourrir à midi à peu de frais. En règle générale, le gibier est un produit de consommation intéressant pour ses protéines et sa qualité, mais le coût de son acquisition ne permet pas certaines catégories des personnes de s'en offrir.

Les quantités achetées diminuent avec le statut social, mais, par contre, chez les catégories défavorisées, cette quantité réduite représente la moitié de la ration protéique totale. La viande de chasse est alors un « bien de luxe » (Fargeot, 2005).

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