1.5 Les principales techniques de chasse
Deux grands types de techniques sont utilisés pour les
prélèvements : la chasse au fusil et le piégeage. Les
principales techniques utilisées, dans le cadre de la chasse au fusil,
sont :
· la chasse de nuit, à la lampe, qui est une
pratique totalement interdite, mais qui permet le prélèvement
essentiellement des différentes espèces de Céphalophes, en
forêt,
· la chasse à l'approche, en particulier des
petits primates, repérés en forêt par leurs vocalisations
et
· la chasse à l'appel, en imitant le cri de
détresse des Céphalophes.
En matière de piégeage, on peut distinguer le
piégeage en grande forêt, pratiqué par les chasseurs
professionnels dans une optique commerciale, et le « garden hunting
», pratiqué par les paysans pour protéger les cultures
contre les ravageurs (singes, rongeurs, suidés) tout en approvisionnant
la famille en protéines. En forêt, le piégeage est
réalisé principalement à l'aide de lacets et de collets
en fil métallique ou en fibres synthétiques. En bordure des
champs, la gamme des pièges utilisés est plus large ; les
pièges à appât traditionnels et les assommoirs
répartis le long des clôtures des champs restent couramment
employés (Fargeot et al, 2009).
Les anciennes techniques collectives, en particulier, la
chasse au filet, sont de moins en moins pratiquées, à cause de
leur rentabilité limitée et des contraintes qu'elles imposent
(nombre de participants, partage de la viande). Dans les régions de
savane, la chasse au feu est largement utilisée en saison sèche,
même si, en quelques dizaines d'années, la taille moyenne des
captures s'est effondrée, passant souvent des antilopes grandes et
moyennes aux gros rongeurs (Diéval, 2000).
1.5 Le poids économique et social de la chasse
commerciale
La chasse commerciale est, dans l'état actuel de la
législation, une activité légale et la filière de
commercialisation se situe en majeur partie dans le secteur informel.
1.5.1 Les caractéristiques biologiques et
économiques de la
ressource faunique
La gestion des populations animales, à partir des
hypothèses du modèle logistique et sur la base d'un recensement
des individus, se heurte en forêt tropicale à de nombreuses
difficultés techniques, liées en premier lieu à la faible
visibilité dans le milieu forestier. Pour illustrer ce propos, Delvingt
et al. (2001) montrent qu'en forêt dense, les estimations de la biomasse
en céphalophes varient entre 86 kg/km2, en République
centrafricaine (Noss, 2000) et 1 497 kg/km2 (Wilkie et Finn, 1990) ,
en RDC, dans des milieux très comparables. Sur un même site,
Dethier (1995) compare deux méthodes de comptage des céphalophes,
comptage visuel direct ou après appel ; selon la méthode, il
obtient une biomasse calculée variant de 183.7 kg/km2
à 1 325.7 kg/km2.
D'autre part, les connaissances sur la biologie des
espèces de taille petite ou moyenne (petits primates, céphalophes
forestiers) sont encore de nos jours très fragmentaires. Il semble donc
illusoire de prévoir la mise en place de plans de chasse basés
sur des estimations de croissance des population et il faut envisager, à
l'image des pratiques actuelles de gestion du grand gibier, en région
tempérée, d'utiliser une gestion de type indiciel, à
partir, par exemple, des résultats des tableaux de chasse ou du
rendement de l'effort de chasse et des objectifs de niveau des populations
(stabilité, croissance ou diminution)( Fargeot,2005).
Les caractéristiques biologiques de la faune
forestière ont des conséquences importantes en matière
économique :
· Comme toutes les viandes, la venaison est une
denrée périssable. La méthode de conservation la plus
efficace en forêt et la plus employée est le boucanage. Bien
menée à partir d'une bête fraîchement abattue et
correctement éviscérée, elle permet de conserver la viande
de brousse pendant plusieurs semaines. D'autre part, en séchant, la
viande perd une part importante de son poids, ce qui facilite les transports en
forêt. Une part essentielle de la viande de chasse 90 % à Bangui
(Fargeot et Diéval, 2000), 88 % à Kisangani (Mankoto ma Mbaelele
et al., 1987), 60 % à Yaoundé (Bahuchet et Ioveva, 1999)
est commercialisée après boucanage dans les grands centres
urbains d'Afrique centrale. Le Gabon fait exception puisque l'essentiel de la
venaison arrive fraîche sur les marchés, après
congélation dans les zones électrifiées, à
proximité des grands axes de circulation (Wilkie et al,2000).
· Par opposition aux régions de savane, où
sa répartition est soumise, en saison sèche, à la
présence de l'eau et des pâturages, et où les
mammifères sont souvent fortement grégaires, la faune, en
région forestière, est répartie sur l'ensemble du
territoire de façon relativement homogène et le grégarisme
est nettement moins poussé. D'autre part, les espèces
prélevées sont généralement de petite ou moyenne
taille (5 à 50 kg).
· Une grande partie de la venaison est
prélevée en grande forêt, dans des zones très peu
accessibles et l'évacuation des produits nécessite, en
règle générale, un portage à dos d'homme important.
Le caractère illicite du commerce de viande de chasse pousse
également les commerçants à assurer un convoyage
rapproché des produits pour éviter les vols et, surtout, les
contrôles des autorités forestières ou policières,
voire pour négocier, si nécessaire, le passage de la marchandise
(Fargeot, 2004).
· La rentabilité du négoce de venaison est
très dépendante de la densité de faune ; cette
activité n'est en effet économiquement envisageable que si les
chasseurs, au niveau de chaque village, peuvent approvisionner, en
quantité suffisante et à un coût compétitif, la
filière vers les marchés urbains. Sauf pour les espèces de
grande taille (éléphant, hippopotame, buffle, grands
ongulés,...) dont le poids justifie la chasse, même avec de
très faibles densités, le seuil de rentabilité
économique de la chasse commerciale et du commerce de la venaison est
normalement nettement supérieur au seuil d'extinction biologique
(Fargeot, 2005).
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