CHAPITRE I : LA CHASSE COMMERCIALE
1.1 Etat de la ressource faunique dans le bassin du Congo
Faute d'inventaires systématiques et réguliers,
le potentiel faunique du bassin du Congo reste peu connu. Toutefois, les
résultats d'enquêtes et observations scientifiques menées
en forêt, en savane et, plus particulièrement, dans les aires
protégées permettent de se faire une idée de la richesse
biologique de la région. Parmi les espèces les plus remarquables
on peut citer les grands mammifères dont l'éléphant,
l'okapi, le rhinocéros blanc, le rhinocéros noir, le gorille de
plaine, le gorille de montagne, le chimpanzé, le lion, le lamantin, la
tortue-luth, le cob de Buffon, le cob defassa, le buffle de forêt, le
buffle de savane, la panthère, l'hippopotame, le crocodile du Nil,
l'élan de Derby, l'élan du Cap, le bongo, la girafe, le
zèbre de Burchell et une grande variété de primates dont
les colobes. En ce qui concerne l'avifaune, on y retrouve pélicans,
perroquets, hérons, cigogne, ibis olivâtre, paon du Congo, l'aigle
pêcheur, le jacko, le touraco du Ruwenzori, la picatharte du Cameroun, le
faucon pèlerin africain, le bec en sabot, etc. S'agissant des
différentes formes d'utilisation de la viande de brousse, il faut noter
que les traditions ou cultures d'élevage du gibier sont peu
développées (SILVA/ARIAT, 2007).
Les usages faits du gibier, qui provient pour l'essentiel de
la chasse illicite ou du braconnage, vont de la consommation à la
commercialisation de la viande et des produits issus de la transformation en
passant par les pratiques médico-magiques (les fétiches,
notamment les talismans de chasse et de protection contre les
envoûtements, la guérison des brûlures et des plaies...).
Ainsi, certaines dépouilles et parties animales comme la queue de buffle
ou d'éléphant ou des peaux de panthère sont
utilisées lors des cérémonies rituelles symbolisant la
force et la puissance. Les autres utilisations, traditionnelles et modernes,
sont la taxidermie (technique de conservation des trophées par la mise
en peaux bourrées, plâtrées ou simplement
empaillées), les recherches scientifiques et techniques divers (vaccins,
parasitologie, étiologie, ethnobiologie etc.), les collections
d'espèces pour les musées et la formation des ressources humaines
dans les sciences biologiques.
1.2 Pression sur les ressources
Deux facteurs essentiels compromettent la
pérennité des ressources de la diversité biologique en
général et de la faune en particulier : d'une part, le braconnage
et le commerce de la viande de brousse et, d'autre part, la dégradation
des habitats, liée à l'agriculture sur brûlis,
l'exploitation forestière non durable ou illégale. Selon Wilkie
et Carpenter (1999), dans le Bassin du Congo, environ 80% de la viande est
d'origine sauvage, ce qui représente près d'un million de tonnes
de gibier, essentiellement composés d'ongulés (environ 70%), de
primates (environ 15 %) et de rongeurs (environ 10 %), qui est mis en vente et
consommé chaque année. En RDC, la quantité de viande
annuellement vendue à Bukavu serait d'environ 400 tonnes (Kofimoya
et al, 1988). Au Cameroun, une étude menée par Fondo et
al (1999) estime la quantité de gibier qui arrive journellement à
Yaoundé de l'ordre de 2,3 à 3t soit entre 70 à 90t de
viande par mois. En ce qui concerne le braconnage et le commerce de la viande
de brousse, Kornelia estime à plus de 800 000 kg la viande
transportée par train au Cameroun. Entre 1990 et 1998, environ 1 700 kg
d'ivoire ont été saisis à l'aéroport de Douala.
Au Gabon, Sted (1994) a estimé à 500 tonnes la
quantité moyenne du gibier que les marchés de Mt Bouet, Aloumi
et Nkembo (Libreville) reçoivent par an. Une étude similaire sur
six marchés (Libreville, Oyem, Port Gentil et Makokou) a estimé
à 1 105 t/an la quantité de viande reçue,
représentant une valeur de plus de un milliard de FCFA. Par ailleurs de
1991 à 1993, 31 130 tonnes de spécimens de 1 568 espèces
de mammifères et d'oiseaux ont été saisies.
En RCA, les études réalisées par Doki
(1987) et Kalivesse (1990) montrent que la consommation moyenne de gibier par
an sur l'ensemble du pays est de l'ordre de 4 800 tonnes, soit une valeur
de 16,5 milliards de FCFA.
Au Congo, dans la région du Kouilou, Ancrenaz et Lucasa
(1990) estimaient que le commerce associé au braconnage correspondait
à un chiffre d'affaire de près de 3 milliards de FCFA. En 1997,
200 éléphants ont été abattus dans la région
de la Sangha.
Cependant, le manque de précision de toutes ces
estimations rend difficile toute évaluation sur les conséquences
réelles de ces pratiques.
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