3.3 Les stratégies commerciales
Le négociant est face à un dilemme, soit il
reste spécialisé dans la viande de chasse et son chiffre
d'affaires reste limité, soit il commercialise également d'autres
productions villageoises, si elles existent, et la viande de brousse peut
devenir rapidement, pour lui, une activité accessoire. C'est en fait la
seule solution s'il souhaite développer ses activités (Fargeot,
2004).
En effet, passé un stade d'exploitation
pionnière de la faune, caractérisé par le
désenclavement de nouveaux territoires et de fortes prises
mobilisées en un temps réduit, la quantité de venaison
disponible par unité de temps et par unité de surface reste
limitée et relativement constante. Le collecteur supporte des charges
fixes, indépendantes du tonnage transporté, pour un chiffre
d'affaires qui se réduit. Par exemple, la location d'un pick-up ou d'un
taxi pour le transport du fret ne dépend pas du tonnage
transporté (Diéval, 2000).
Trois autres critères jouent sur cette diversification
des commerçant(e)s :
· La comparaison du rendement financier de l'achat de
venaison et du commerce de produits dont la rotation est plus rapide et la
marge bénéficiaire souvent supérieure (transport et vente
de bière, de textiles...).
· Le cycle d'activité du collecteur. Dans le
contexte des villages africains où la circulation monétaire est
limitée, le commerçant doit chercher à écouler la
marchandise qu'il amène de la ville dans un temps réduit et
l'achat de venaison doit équilibrer sensiblement la vente des produits
importés.
· La faiblesse des marges commerciales. Alors que le
chiffre d'affaires est limité, les prix de la venaison sont en effet
doublement contraints. À l'achat, ils le sont par la
nécessité d'assurer un niveau de rémunération
correct pour les chasseurs, sauf à risquer un abandon de
l'activité. À la revente, en milieu urbain, ils subissent la
pression sur les prix des autres sources de protéines animales, en
particulier des viandes et poissons importés et subventionnés
à la production. Il apparaît ainsi un « effet de ciseau
» laminant les marges bénéficiaires, et fréquemment
observé sur les produits agricoles (Fargeot et al, 2009).
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