Etude de la filière de commercialisation de la viande de brousse à Kinshasa( Télécharger le fichier original )par Heritier Mpamu Bakutu Université de kinshasa - Licence 2010 |
3.1 Les modes de commercialisationLa venaison est un produit de faible conservation, même si certaines espèces (reptiles, sauriens, tortues...) supportent des périodes longues de jeûne et de stress et peuvent alors être capturées et commercialisées vivantes. La viande fraîche se conserve seulement un à deux jours dans les conditions climatiques tropicales (sauf utilisation d'artifices dangereux pour la santé comme des injections de formol). Il importe donc d'améliorer la conservation soit par boucanage (séchage à feu doux dans un flux d'air chaud enfumé), soit par congélation. Le boucanage est la solution très généralement adoptée en Afrique centrale, plutôt par nécessité que par goût du consommateur (Fargeot, 2004). 3.2 L'organisation du négoceEn fonction de l'abondance du gibier, de l'état du réseau de communications et des moyens techniques de conservation et de transport, on voit ainsi se dessiner, autour de chaque grande agglomération, un bassin d'approvisionnement dont il serait utile de pouvoir suivre l'évolution dans le temps et dans l'espace. Ces observations pourraient fournir des éléments objectifs pour suivre l'impact de la consommation urbaine sur les populations animales. Le gibier est également un produit relativement pondéreux par rapport à sa valeur. Après sa capture en forêt, une phase de portage à dos d'homme (ou de femme) est inévitable pour qu'il soit disponible « sur camion» et qu'il entre alors dans les circuits économiques modernes. Le boucanage qui permet une diminution de poids des deux tiers (63 %) renforce son intérêt dès que la distance de portage s'allonge (Diéval, 2000). À la sortie de la forêt, la venaison est alors transportée par tous les moyens modernes disponibles (pirogues à moteur, camions et cars de brousse ou train). En règle générale, le produit est convoyé par le collecteur, à cause des risques de vol et, surtout, pour régler les différents « arrangements » nécessaires pour le transit de ce produit au statut légal obscur. Les modalités de l'échange sont très variables, lors de la première transaction sur la venaison sortie de forêt : il peut s'agir d'une vente classique, par exemple, du céphalophe ou du singe, suspendu sur un étal en bordure de route et marchandé avec l'acheteur de passage qui s'arrête dans ce but. Les procédés peuvent être plus sophistiqués lorsque les quantités mobilisées sont plus importantes et lorsque l'échange s'installe dans la durée : la commerçante est alors appelée à faire des avances sur le gibier ou à l'équipe de chasse (fourniture du fusil et des cartouches). Elle peut également pratiquer le troc de produits de première nécessité qu'elle amène de la ville contre la viande de brousse ou essayer d'enclencher à son avantage un mécanisme d'endettement des chasseurs, auto-alimenté par des termes de l'échange défavorables pour ces derniers. Ces méthodes supposent cependant l'établissement d'une relation personnelle forte entre les partenaires. Le collecteur est ainsi appelé à constituer un territoire d'intervention sur lequel, si possible, il cherchera à s'assurer un monopsone1(*) (Noss, 1995). * 1 Monopsone : marché caractérisé par la présence d'un acheteur unique et d'une multitude de vendeurs |
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