2.4. Socio-constructivisme :
2.4.1. Introduction :
Outre la théorie béhavioriste et
constructiviste, nous pouvons aussi évoquer la théorie
socioconstructivisme qui est basée sur le modèle social de
l'apprentissage (Bandura, A, 1986), développé essentiellement par
les psychologues sociaux et les psychologues du développement social.
L'approche socioconstructivisme appelée aussi
sociocognitive par rapport au constructivisme, introduit une dimension des
interactions, des échanges, du travail de verbalisation, de construction
et de co-élaboration (Vygotsky, 1985). On peut constater l'idée
de base de cette théorie dans les titres de plusieurs ouvrages
aujourd'hui. Dans le sens d'interagir et connaître, d'apprentissage
de groupe, de partage d'idée dans l'apprentissage, ...
Dans cette théorie développée
principalement par Vygotsky (1985), l'apprentissage est considéré
comme le résultat des activités sociocognitives liées aux
échanges didactiques entre enseignant-élèves et
élèves - élèves. Le concept d'une construction
sociale de l'intelligence est la continuité d'une auto-socioconstruction
des connaissances par ceux qui apprennent.
En pédagogie, on dira que l'apprenant élabore sa
compréhension de la réalité par la comparaison de ses
perceptions avec celles de ses partenaires et du professeur.
Le socio-constructivisme est un modèle d'enseignement
et d'apprentissage pour lequel trois éléments didactiques sont
indissociables pour permettre le progrès :
1. la dimension constructiviste qui fait
référence au sujet qui apprend: l'apprenant.
2. la dimension socio qui fait référence aux
partenaires en présence : les autres apprenants et l'enseignant.
3. la dimension interactive qui fait référence
au milieu : les situations et l'objet d'apprentissage organisé à
l'intérieur de ces situations. L'objet de l'apprentissage proposé
est le contenu d'enseignement.
Le socio-constructivisme a introduit le paramètre
déterminant de la médiation de l'autre, négligé par
Piaget (l'influence du monde extérieur sur le développement des
habiletés). Pour Piaget, il ne sert à rien de vouloir enseigner
quelque chose à quelqu'un tant qu'il n'est pas mûr pour
l'assimiler. Vygotsky a posé les premiers jalons de la théorie
socio-constructiviste qui s'oppose à une vision individualiste de
l'apprentissage, pour qui apprendre c'est élaborer soi même ses
connaissances en passant nécessairement par une phase d'interaction
sociale avec autrui, et cela à tout âge. Vygotsky prétend
que les interactions sociales sont primordiales dans un apprentissage et le
langage sert d'outil d'appropriation, tant du point de vue de l'attribution de
sens par l'apprenant, que du point de vue du développement de fonctions
cognitives en vue de l'acquisition visée par l'enseignant.
Pour étayer ses propositions, Vygotsky suppose
l'existence d'une zone sensible qu'il nomme «zone proximale de
développement » laquelle renvoie à
l'écart entre ce que l'individu est capable de réaliser
intellectuellement à un moment de son parcours et ce qu'il serait
à mesure de réaliser avec la médiation d'autrui. Vygotsky
a abordé l'apprentissage sous l'angle de l'action structurante des
nombreuses interactions que le sujet vit dans son environnement social. Ces
interactions conduisent l'apprenant à réorganiser ses conceptions
antérieures et à intégrer de nouveaux
éléments apportés par la situation.
Par rapport au constructivisme, l'approche sociocognitive ou
socioconstructive introduit une dimension supplémentaire : celle des
interactions, des échanges, du travail de verbalisation, de
coconstruction, de co-élaboration. Cette idée de base
transparaît dans bon nombre de titres d'ouvrages d'aujourd'hui :
interagir et connaître, on n'apprend pas tout seul, interagir pour
apprendre, etc. L'apprentissage est alors davantage considéré
comme le produit d'activités sociocognitives liées aux
échanges didactiques enseignant - élèves et
élèves - élèves. Dans cette perspective,
l'idée d'une construction sociale de l'intelligence est prolongée
par l'idée d'une auto-socio-construction des connaissances par ceux qui
apprennent.
Ce modèle d'enseignement-apprentissage est issu des
travaux de Vygotsky, Wallon et Bruner. Il a des limites en ce sens qu'il est
appliqué à seulement certains concepts d'une discipline. De plus,
les classes surchargées ne sont pas simples à gérer et
demandent du temps.
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