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Contribution des ONG musulmanes à  l'accroissement de l'offre éducative de base au Burkina Faso: Cas de l'Agence des musulmans d'Afrique.

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par Seydou SOGOBA
Université de Koudougou - CA/ Institut d'études politiques 2011
  

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3. De la place des ONG musulmanes dans l'aI\io4 humanitaire

Dans une étude fondée sur ce qu'il nomme lui-même «la globalisation du religieux», Troudi (2007) s'est penché sur le thème suivant:« Les ONG arabo -musulmanes: la nature de leur fonctionnement et les dessous de leurs logiques». Troudi (2007) fait le point de quinze ans d'observation des ONG musulmanes sur le terrain européen et dans quelques pays arabes à travers les pratiques des plus représentatives tels l'ISRA et l'IIRO1 (deux organisations à statut consultatif au conseil économique et social de l'ONU). Il analyse un ensemble de recherches sur la logique d'intervention de ces organisations. Cette démarche permet à l'auteur de tirer des conclusions quant aux origines, au fonctionnement des ONG musulmanes et aux interrogations qu'elles soulèvent entre l'action humanitaire et les questions politiques.

Ainsi on retient de leur origine, et contrairement à l'idée répandue en occident selon laquelle les ONG musulmanes sont nées pour donner une réplique aux organisations judéo chrétiennes, qu'elles se fondent sur les principes de coopération et d'entraide que l'on retrouve dans l'ensemble des religions révélées. L'activisme caritatif est donc une tradition bien ancrée dans l'islam, et les ONG se veulent être une de ses expressions modernes. Elles vont se multiplier à un moment où le monde arabo-musulman connaît des problèmes dont les plus sensibles sont: les déréglementations économiques dictées par les institutions internationales (FMI, BM, OMC) et les frustrations sociales. Autrement dit, les Etats qui sont préoccupés par le poids de la dette semblent impuissants fasse à la paupérisation des populations qui vont trouver à l'action communautaire une forme de salut. Il y a aussi le fait que dans de nombreux pays Arabo-musulmans, les injustices sociales exacerbées par l'absence des valeurs démocratiques finissent par discréditer les régimes en place. Il s'en suit donc une politisation de certaines actions humanitaires avec pour conséquence la stigmatisation ou la marginalisation dont souffrent maintes organisations musulmanes aujourd'hui. Heureusement de plus en plus les organisations musulmanes d'aide au développement ont conscience de ces risques et s'efforcent d'agir conformément aux standards internationaux de l'humanitaire au point de bénéficier de la confiance et du soutien financier de certains Etats. C'est le cas des ONG Muslim Aid et secours islamique international, qui à cause du respect des normes internationales, et de l'engagement sans distinction entre les bénéficiaires de l'aide, bénéficient du soutien de l'Etat Britannique pour financer des activités humanitaires. Cette capacité d'adaptation doublée des mécanismes de

1 ISRA : Islamic relief association ; IIRO : international Islamic relief organisation

financement qui sont propres à l'islam augmente le dynamisme des ONG musulmanes qui opèrent sur une large gamme de secteurs sociaux dont l'éducation.

Troudi (2007) permet de se faire une idée de la place actuelle des ONG musulmanes et de leur fonctionnement sur le terrain de l'humanitaire. Dans un contexte où le social devient dans bien de cas des instruments de luttes politiques et /ou idéologiques, son analyse permet non seulement de prévenir d'éventuels dérives; mais aussi, de lever certains préjugés et des idées reçues susceptibles de compromettre l'efficacité du partenariat avec les organisations musulmanes dans le financement du développement. Cette étude qui analyse la situation des ONG musulmanes à un niveau global, nous permet en même temps de mieux comprendre l'approche de l'AMA au niveau local et de pouvoir en parler avec plus d'assurance.

Diouf (1999) a abordé dans une étude historique, les investissements faits par l'AMA au Burkina Faso depuis son installation en 1986 jusqu'en 1996. Il s'est fixé pour objectif de retracer l'histoire de l'implication de l'AMA en tant qu'ONG étrangère et musulmane dans le développement du Burkina Faso, et d'examiner les actions menées et leur impact sur les populations. Il est parti du constat que l'islam en dépit de son ancienneté au Burkina Faso se retrouve à "la traîne" en matière d'aide organisée sur le plan socio-économique. C'est pourquoi selon lui, l'expérience de l'ONG musulmane la plus représentative du pays en terme de couverture national et en volume d'investissement qu'est l'AMA peut être utile à présenter. Ainsi procéda-t-il par l'analyse documentaire, l' interview de responsables et des bénéficiaires, et des visites des réalisations sur le terrain pour parvenir à des résultats qui présentent entre autres: le processus de création de l'ONG et son installation au Burkina; l'importance de ses réalisations et les difficultés de terrain. C'est en 1981que l'AMA est née de l'idée du docteur Abdrahmane SUMMAIT d'inciter les personnes nanties à venir en aide aux zones les plus démunies d'Afrique. Abdrahmane SUMMAIT est citoyen koweitien formé dans des universités européennes et américaines. Il est spécialiste dans plusieurs domaines de la médecine et bénéficie de plusieurs reconnaissances aussi bien d'Etats que d'institutions privées pour son engagement au profit des populations démunies.

Depuis sa création jusqu'en 1996, l'AMA a fait d'importantes réalisations en Afrique dans divers domaines dont les plus importantes sont : la construction de 140 écoles primaires et secondaires, 840 écoles rurales, 75 centres socio-éducatifs, 16 centres santé, 1050 mosquées, 760 forages et des centaines de puits; le paiement des frais de scolarité de 74000 élèves, l'octroi de 200 bourses pour des études supérieures; la prise en charge de 8.500 orphelins; la distribution de 165.000 tonnes de vivres et autres Produits de secours; la

publication de 6,5 millions de livres et brochures en plusieurs langues; l'organisation de 20 campagnes sur la lutte contre la cataracte.

Au Burkina, c'est en 1986 que l'AMA a commencé à intervenir mais c'est le 29 Janvier 1988 que l'accord de siège fut signé entre le gouvernement Burkinabé et le comité des Musulmans Africains de Koweït qui représentait l'AMA. La signature de la convention va permettre d'inscrire les interventions de l'AMA dans un cadre officiel, et à l'ONG d'étendre ses activités sur toute l'étendue du territoire. En dix ans de participation au développement communautaire, l'AMA pour ce qui est seulement de la construction d'infrastructures sociales a investi 969.486.191 francs CFA, soit près de 100 millions par an. Au nombre de ces infrastructures figurent des écoles medersas. Cette expérience de la medersa sera abandonnée pour des écoles d'enseignement francophone jugées plus conformes au système éducatif national. Contrairement aux medersas qui étaient construites et confiées à des communautés ou à des individus, les nouvelles écoles qui vont appliquer les programmes des écoles publiques seront gérées par l'agence elle-même. Le changement est différemment apprécié: pendant que certains parents salut l'initiative, d'autres se déclarent contre une attitude qu'il juge contraire aux intéréts des musulmans. Ce volet éducation de l'action de l'AMA survolé par Diouf (1999) devient de plus en plus important et justifie en partie l'intérêt que nous portons à la contribution de l'ONG en la matière. Notre étude qui intervient dix ans après Diouf (1999), tentera de révéler l'importance de l'investissement de l'AMA dans l'éducation notamment à travers ses écoles et d'en tirer les conséquences pour l'accroissement de l'offre éducative.

A la suite de Diouf (1999), Gnessi (2008) a mené une recherche sur l'assistance que l'AMA apporte aux enfants en difficultés notamment les orphelins. Cette étude s'est intéressée à la vie des orphelins pris en charge par le centre socio-éducatif de l'ONG à Dassasgo et les activités que mène le centre en vue de leur insertion sociale. Gnessi (2008) part de l'hypothèse que la participation du centre socio-éducatif de l'AMA à la prise en charge des enfants orphelins favorise leur insertion socio-économique. Aussi, sa démarche consistera non seulement en des enquêtes avec l'ensemble des groupes d'acteurs impliqués (tuteurs, encadreurs, autorités) mais aussi à l'observation des orphelins dans leurs activités quotidiennes. L'étude révèle un système multifonctionnel de prise en charge des orphelins qui inclut la santé, l'alimentation, l'habillement, la scolarisation et la formation professionnelle. La majorité des enfants dit être satisfaite des services. En revanche, constate Gnessi (2008) l'insuffisance de la planification des interventions réduit l'efficacité du système sans

compromettre de façon sensible l'objectif escompté qu'est l'insertion socio- économique des pensionnaires. C'est du reste la principale conclusion à laquelle est parvenue l'étude.

Le volet éducation auquel nous nous intéressons dans notre recherche est reconnu par Gnessi (2008) comme un secteur essentiel de l'action de l'AMA. Il en fait une description qui révèle que: le centre dispose d'une école primaire, d'un collège privé et d'un centre de formation professionnelle qui comporte une section pour garçons et une autre pour filles; la scolarité des enfants est entièrement prise en charge.

Ainsi notre sujet, «contribution des ONG musulmanes à l'accroissement de l'offre éducative de base: cas de l'agence des musulmans d'Afrique» s'inscrit à la suite des travaux ci-dessus présentés pour envisager de combler le déficit d'information, celui de l'absence d'une étude profonde sur les investissements de l'AMA dans le domaine de l'éducation. Notre sujet se veut donc un prolongement de Diouf (1999) en ce qui est du volet éducation. Par rapport à Gnessi (2008), notre recherche est plus englobante parce qu'elle prend en compte d'autres centres et par le fait que la question de l'insertion des orphelins est indissociable de celle de leur scolarisation.

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