1.3. ONG musulmanes, origines et domaines
d'intervention
L'installation des ONG musulmanes au Burkina est relativement
récente. Elles sont pour la plupart originaires des pays arabes de
l'Asie. La première à obtenir son accord de siège en 1981
est l'organisation internationale islamique de secours (O.I.I.S) de l'Arabie
Saoudite. Aujourd'hui de nombreuse ONG musulmanes aux origines diverses
interviennent au Burkina dans divers domaines. Le tableau ci-après donne
une idée de leurs origines et de leurs domaines d'intervention.
Tableau n°3 : liste de quelques ONG musulmanes
installées au Burkina Faso
Caractéristiques ONG
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Origine
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Domaines d'intervention
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O I I S
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Arabie Saoudite
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Santé, éducation.
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Agence des Musulmans d'Afrique (AMA)
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Koweït
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Hydraulique, santé, éducation, assistance
sociale.
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Association
Mondiale de
l'Appel à l'islam (AMAI)
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Libye
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Education, financement de projets sociaux.
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Zakat house
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Koweït
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Financement de projets sociaux.
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Fondation ibn mashoud
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Arabie Saoudite
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Education, santé, assistance sociale.
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Al Maktoum Fondation
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Qatar
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Education, financement de projets sociaux.
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Qatar Charité
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Qatar
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Assistance sociale.
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Organisation Turque
de solidarité (FOSAPA)
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Turquie
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Education, assistance sociale.
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Mounazama Islamia
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Soudan
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Education, financement de projets sociaux.
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Source : Tableau conçu par nous sur la base des
informations de notre enquête exploratoire
La liste contenue dans ce tableau est indicative. Elle ne
prend pas en compte les ONG ou associations locales. On constate que ces ONG,
en dehors des questions de gouvernance et des droits humains embrassent tous
les secteurs d'activités de développement. En revanche le social
(éducation, santé, hydraulique...) reste le domaine de
prédilection des ONG musulmanes avec généralement une
place importante réservée aux questions religieuses. En effet la
construction de mosquées, d'écoles medersas, la formation des
imams et prédicateurs sont des activités qui se retrouvent dans
les programmes de la majorité des organisations musulmanes. Pour cette
étude, l'ONG qui nous intéresse est l'Agence des Musulmans
d'Afrique dont nous analyserons en profondeur l'action éducative.
1.4. La contribution au développement de l'AMA en
Afrique et au Burkina Faso
Depuis sa création, l'AMA a fait d'importantes
réalisations en Afrique et au Burkina Faso. Pour l'ensemble de
l'Afrique, une note technique du siège citée par Diouf (1999) et
sur laquelle nous revenons dans la revue de littérature donne une
idée des investissements de l'AMA de sa création en 1996 à
savoir: la construction d'écoles primaires et secondaires, écoles
rurales, centres socio-éducatifs, centres santé, mosquées,
forages et des puits; le paiement des frais de scolarité des
élèves, l'octroi de bourses pour des études
supérieures; la prise en charge des orphelins; la distribution de vivres
et autres produits de secours; la publication de livres et brochures dans
plusieurs langues; l'organisation de campagne sur la lutte contre la cataracte.
Il est à noter que ces investissements ont lieu principalement dans des
zones à forte concentration musulmane et interviennent plus comme aides
de secours que par des programmes concertés. Cette approche a permis
à l'AMA de commencer ses interventions au Burkina à partir de
1986 avant de procéder à la signature de l'accord de siège
avec le gouvernement le 29 janvier 1988(Diouf 1999).
Les études antérieures menées au Burkina
Faso sur la participation de l'AMA au développement
révèlent l'importance des capitaux injectés dans divers
domaines. Ce sont principalement la construction d'ouvrages hydraulique, des
mosquées et de la prise en charge des orphelins. Les dix (10)
premières années de fonctionnement ont permis à l'agence
de toucher vingt quatre (24) des trente (30) provinces d'antan par au moins une
réalisation sociale. Pour l'hydraulique (forages et puits), Diouf (1999,
p96) note que l'AMA a investi entre 1986 et 1996 une somme de 406.645.234
francs CFA soit 41,90% du total affecté aux infrastructures. Concernant
la prise en charge des orphelins, Gnessi (2008) note que le centre de Dassasgo
à Ouagadougou héberge 142 orphelins qui bénéficient
d'une prise en charge complète et vient en aide de façon
régulière à 298 orphelins externes au centre.
On le sait, la prise en charge des orphelins a des
implications éducatives et la disponibilité de l'eau potable
favorise nécessairement la scolarisation. C'est pourquoi les
études évoquées à savoir (Diouf 1999 et Gnessi
2008) mentionnent l'existence d'un volet éducation qui connaît
d'importantes réalisations méme si le secteur souffre
d'inorganisation et de manque d'une véritable capitalisation des
actions. En matière d'éducation, les premières actions ont
concerné la subvention des frais de scolarité des orphelins et la
construction des Medersas confiées à des communautés
où à des particuliers. Pour ce qui est connu, de 1986 à
1996(Diouf 1999), 7,55% des fonds réservés aux infrastructures
ont servi à la construction d'écoles medersa (Diouf 1999). La
medersa est une forme d'école qui s'appuie sur le modèle
de certains pays arabes. Elle a pour vocation de donner en
plus de la culture scolaire, une formation religieuse aux élèves.
Malgré le nombre important d'élèves que les medersas
mobilisent, cette forme d'école souffre d'inorganisation et ses
pratiques ne favorisent pas son intégration au système
éducatif officiel. C'est du reste, l'argument qui a milité en
faveur de l'abandon de la construction des medersas par les responsables de
l'AMA pour se tourner vers les écoles classiques.
L'ONG dispose à la rentrée 2009-2010 de cinq
(5) centre socio éducatifs chargés de la prise en charge des
orphelins, de dix (10) écoles primaires classiques et d'un
Lycée1. Ces infrastructures sont reparties entre six (6)
provinces de cinq (5) régions. La présente étude qui
s'intéresse aux activités menées dans le cadre de
l'accroissement de l'offre éducative de base insistera surtout sur le
fonctionnement des écoles primaires. La carte ci-dessous présente
la situation géographique des écoles. Nous y indiquons les
réalisations en rapport direct avec l'éducation (centres,
écoles) par province. Nous avons pris en compte la province du
Bulkiemdé sur la carte parce qu'elle dispose de toutes les
infrastructures et leur ouverture est prévue pour la rentrée
scolaire 2010-2011.
1 Données de notre enquête exploratoire,
novembre 2009
Houet
Bulkiemde
Sissili
Kadiogo
Sanematenga
Nahouri
Une école
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Deux écoles
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Quatre écoles
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Un centre
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Deux centres
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Un centre et une école pour fin 2010
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Gourma
Image1 : Carte de la répartition des centres et
écoles de l'AMA au Burkina Faso en 2010
Au regard du volume des investissements effectués par
l'AMA, on se rend compte des possibilités qu'elle peut offrir dans le
développement de façon générale et à
l'éducation de façon particulière. En effet de part le
nombre relativement important des écoles et vu l'effort tendant à
une couverture du territoire, on pourrait dire que l'AMA oeuvre pour
l'amélioration de l'accessibilité à l'éducation.
Cependant, malgré l'engagement de l'institution pour la cause de
l'éducation, elle semble peu connue.
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