1.2. Place des ONG dans le développement
L'expression ONG désigne généralement un
groupement, une association ou un mouvement à but non lucratif
travaillant dans le domaine du développement participatif ou
communautaire. Elle recouvre aussi bien des organisations internationales que
nationales ou même locales. De façon générale, les
ONG tirent leurs origines essentiellement de deux courants historiques. Elles
sont nées soit de la tradition chrétienne de charité et
d'assistance à son prochain, soit du libéralisme politique ou
simplement du respect par l'Etat des droits fondamentaux de l'homme tels que la
liberté d'association, de réunion, de pensée, de
conscience et de religion. La prolifération des ONG s'est
accentuée avec les deux guerres mondiales, les guerres régionales
ou civiles, les catastrophes naturelles, la famine et les
épidémies. Au départ, les ONG occidentales se sont d'abord
consacrées à aider les populations de leur continent
dévasté par les guerres. Ce n'est qu'à partir des
années 1950 et 1960 que les ONG ont dirigé leurs efforts vers les
pays en développement. Dans les années 80 dénommée
«décennie des ONG» (Begbeder 1992, p4) leur nombre, leur
qualité et leur renommée vont contribuer à
l'évolution des relations internationales.
Au Burkina Faso, la mise en place des ONG semble se confondre
avec les années d'indépendances. Les premières ONG
étrangères à s'installer avaient pour but essentiel
l'évangélisation des populations tout en contribuant à
leur développement social. C'est le cas de secours catholique
français (actuellement OCADES), du secours catholique américain
(CATHWELL) et de Christian and missionary Alliance.
Entre 1960 et 1970, la campagne contre la faim a permis aux
ONG à l'instar de la FAO de collecter des fonds pour venir en aide au
pays frappés par la famine dont le Burkina Faso. Cette période a
vu la naissance d'ONG nationales comme l'Office de développement des
églises évangéliques (ODE), l'association pour le
développement de la région de Toma (ADR TOM) et l'Union
fraternelle des croyants (UFC). Ainsi des secours d'urgence, les ONG vont
passer à l'aide au développement en investissant dans les
secteurs sociaux, de production et de soutien à la production. Ces
investissements se faisaient à travers des projets et des programmes
exécutés de concert avec les populations et centrés sur la
satisfaction des besoins de celles-ci. De cette époque à nos
jours, l'on constate que les ONG prennent en main le «vide»
laissé par les sociétés privées et l'Etat. Cela
n'excluant pourtant pas le partenariat ou la complémentarité
entre ces trois acteurs de développement.
Le Burkina Faso est couvert par une multitude d'ONG. On en
dénombre 625 à la date du 29 Septembre 2009 selon le rapport 2009
de la DSONG. En nous referant au répertoire
actuel, on constate que les ONG présentes au Burkina
sont issues de vingt sept (27) pays différents. Ces acteurs de
développement interviennent dans des domaines aussi variés tels
que la production, le soutien à la production, le social et la
gouvernance. Il est à noter que certaines ONG interviennent dans
plusieurs domaines à la fois. Le tableau suivant présente la
situation des ONG présentes au Burkina dans quatorze (14) principaux
domaines d'intervention répertoriés par la DSONG:
Tableau n°2: Répartition des ONG par
domaines d'intervention
Domaine d'intervention
|
Nombre
|
Domaine d'intervention
|
Nombre
|
Renforcement des capacités
|
28
|
Hydraulique
|
107
|
Artisanat
|
18
|
Handicape
|
1O
|
Enfance
|
31
|
Promotion féminine
|
19
|
VIH/SIDA
|
190
|
Energie
|
5
|
Décentralisation
|
64
|
Santé
|
142
|
Micro crédit
|
18
|
Education
|
79
|
Sécurité alimentaire
|
21
|
Agriculture
|
152
|
|
Source : Tableau tiré du répertoire 2009 de la
DSONG
Le tableau indique une concentration dans deux domaines
à savoir l'agriculture et la santé. Cela s'explique sans doute
par le fait que l'agriculture est le poumon de l'économie et par la
mobilisation autour de la pandémie du VIH /SIDA. Par ailleurs, le
tableau montre que le nombre d'ONG agissant en éducation n'est pas
négligeable et témoigne de tout l'intérêt qu'elles
accordent à ce domaine d'où la nécessité de
s'interroger sur le volume chiffré de l'apport des ONG au
développement en général et à l'éducation en
particulier.
Entre 1991 et 1995, la contribution financière moyenne
des ONG s'élevait à 14,2 milliards/an (DSONG, rapport 2009). A
cette période 357 infrastructures sanitaires et 829 locaux
éducatifs ont été réalisés par elles. De
méme le nombre total d'emplois permanents crées au cours de cette
période était de 2443 dont 2151(soit 88%) occupés par les
nationaux et 12% par les expatriés. Ce dynamisme va accroître
l'intérêt de l'Etat pour les ONG. Il reconnaît à
travers la loi 10 /98/AN du 21 avril 1998, portant modalités
d'intervention de l'Etat et répartition des compétences entre
l'Etat et les autres acteurs de développement que les actions des ONG
participent à la mise en oeuvre des plans et politiques de
développement. C'est pourquoi en 1984, un cadre institutionnel à
savoir la Direction du suivi des ONG (DSONG) est créé afin de
mettre en cohérence l'intervention des ONG avec les stratégies
et
les politiques gouvernementales de l'Etat. La DSONG est une
direction technique de la direction générale de la
coopération (DGCOOP) du ministère de l'économie et des
finances. Elle a pour mission d'informer, de coordonner, d'orienter et de
faciliter l'exécution des actions des ONG et associations de
développement intervenant au Burkina Faso.
De nos jours, les contributions des ONG se sont accrues et
s'inscrivent dans la logique du cadre stratégique de lutte contre la
pauvreté (CSLP). Ainsi en 2007, le rapport sur les «ONG face au
défi de la pauvreté bilan 2004-2007», fait ressortir la
contribution financière de 184 ONG et associations de
développement. Une contribution qui s'élève à
61.025.629.793fcfa, soit une moyenne annuelle de 20,34milliards de Fcfa. La
répartition de cette contribution selon les secteurs d'intervention
montre que 63% des investissements sont réservés aux secteurs
sociaux, 20% au secteur de la production, 14% au secteur de soutien à la
production et 3% à la gouvernance. Les données de la DSONG ne
spécifient pas la part réservée à
l'éducation qui se trouve incorporée dans le volet social.
D'ailleurs cette situation on le sait, est loin de rendre compte de la
contribution de toutes les ONG et pour cause: non seulement toutes les ONG ne
sont pas inscrites à la DSONG mais aussi un bon nombre de celles qui
sont inscrites ne déposent pas régulièrement des rapports.
Au nombre de celles-la, figurent de nombreux ONG musulmanes dont
l'arrivée est relativement récente sur le terrain du
développement au Burkina Faso.
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