4. Suggestions
Nous présentons ici les suggestions les plus pertinentes
des participants, suivies des nôtres que nous présentons autour de
deux points essentiels.
4.1. Suggestions des participants
Afin d'améliorer les prestations et de
pérenniser l'offre, notamment en ce qui concerne l'enseignement de base,
les responsables de l'AMA se proposent d'initier une réflexion sur
l'avenir des écoles en collaboration avec tous les acteurs
disposés à les accompagner. En attendant, ils souhaitent que les
donateurs continuent de financer la construction des centres polyvalents pour
amoindrir les difficultés liées à la différence de
statuts des écoles. Aussi pour faciliter l'obtention des financements
dans la construction des infrastructures, les responsables souhaitent que les
autorités territoriales allègent les conditions d'acquisitions
des terrains.
Pour les autres participants, les suggestions se
résument à l'augmentation de l'aide par la multiplication des
infrastructures (centres polyvalents, écoles primaires et
secondaires...), la formation des enseignants et leur prise en charge lors des
activités pédagogiques en circonscription, l'augmentation des
salaires, la suppression des frais de scolarité et le financement
d'activités lucratives au profit des parents d'élèves.
Cette idée a déjà été mise en oeuvre
à travers la culture maraîchère dans une des
localités que nous avons visitées, mais aux dires des
participants le projet a échoué par mauvaise gestion et la
direction de l'AMA a refusé de le renouveler. D'autres suggestions sont
faites et ont trait à l'uniformisation des programmes d'enseignement
arabe, l'instauration de concertations périodiques entre les acteurs de
terrain et les premiers responsables afin de susciter l'émulation et de
maintenir la confiance. Les bénéficiaires proposent la
construction de centres sur les sites des écoles hors centres ou
à défaut le rattachement de chacune d'elle à un centre de
sa proximité.
A la suite des participants, quelle peut être notre
contribution à l'amélioration des interventions de l'AMA?
4.2. Nos suggestions d'amélioration
A la suite des suggestions des participants, il s'avère
nécessaire d'exposer ici quelques propositions personnelles que nous
organisons autour de deux points essentiellement.
4.2.1. De l'amélioration de la qualité de
l'enseignement et du fonctionnement des écoles
Du constat fait sur le terrain et des contributions des
acteurs, il s'avère impérieux de proposer des pistes d'actions en
vue de l'AMA et de l'amélioration du fonctionnement des écoles de
l'AMA et de la qualité de l'enseignement qui y est donné.
.
Il parait désormais clair que si l'initiative des
écoles confessionnelles de l'AMA est favorablement accueillie, le
nouveau rôle auquel elle doit être sensibilisée est celle
qui consiste à travailler à la pérennisation de l'action
et à faire en sorte que d'autres communautés musulmanes lui
emboîtent les pas .Pour ce faire, il y a un travail de meilleure
gouvernance à entreprendre auparavant en matière de gestion, de
formation, de participation, d'implication des acteurs nationaux dans les
prises de décisions pour donner confiance à ces derniers.
Au niveau du bureau central du Burkina Faso, une instance de
supervision chargée des questions d'enseignement est nécessaire.
La création d'une telle instance n'aura d'impact que si elle est
composée de techniciens et de spécialistes de l'AMA, et
dotée d'une autonomie d'actions et de gestion. Il pourra ainsi
définir ses propres missions sur la base des orientations de l'ONG et
des finalités du système éducatif national. La
création d'une telle structure est d'autant plus importante, que le
nombre croissant des écoles exige une coordination au niveau central qui
se charge d'uniformiser et de formaliser les pratiques scolaires, de
créer des banques de données statistiques sur les ressources
humaines, financières, matérielles, les actions menées,
les infrastructures disponibles et la situation des
bénéficiaires. En somme il s'agit pour elle de faire en sorte que
toutes ses informations inexistantes et qui peuvent entacher la
crédibilité de l'ONG soient disponibles et actualisées en
permanence. La formation continue des enseignants et le suivi de
l'exécution des programmes doivent être inscrits dans les missions
de cette structure. Au niveau provincial, un inspecteur qui n'assume pas de
fonctions de chef de circonscription sera désigné. Ce point focal
sera l'interlocuteur et le relais de l'instance de supervision au niveau local.
Il aura pour principale tâche le suivi conseil des écoles.
Dans la création des nouvelles écoles, il
importe de mettre l'accent sur l'ouverture de centres polyvalents qui donnent
l'avantage à la scolarisation d'être associée à des
services sociaux qui en facilitent le déroulement. Dans ce sens les cinq
localités abritant déjà des écoles hors centre
bénéficieraient de la construction de centres. A défaut,
on pourrait rattacher chacune de ces écoles au centre le plus proche de
son site. Cette approche évitera à la structure mère
d'avoir à gérer deux catégories d'écoles primaires
pour un système unique.
Entre dans ce cadre, le statut des enseignants qu'il faut
uniformiser en évitant de recruter isolement des enseignants arabophones
et des enseignants francophones. Il parait plus avantageux de commencer
à recruter des enseignants bilingues qui assureront en même temps
le programme officiel en français et le cours d'arabe, tout en donnant
la possibilité aux enseignants en activité de se former en arabe
afin de pouvoir en assurer l'enseignement. Du reste l'offre d'enseignants
bilingues arabo-francophones existe déjà sur le marché de
l'emploi. Ces stratégies progressives ont plusieurs avantages. La
création d'un profil unique des enseignants qui en facilite la gestion
et le développement de leurs compétences. La gestion de temps et
les rapports interpersonnels qui s'en trouvent facilités.
Dans l'immédiat et sur toute la ligne des rapports qui
lient les acteurs, l'instauration d'un dialogue franc basé sur des
concertations périodiques s'impose. C'est à ce prix que les
agents d'exécutions sentiront leurs efforts valorisés et
resteront motivés au travail.
Aussi la motivation des enseignants passe par
l'amélioration de leurs conditions de vie. Pour une ONG de la taille de
l'AMA, nous pensons qu'elle peut mieux faire dans ce domaine. L'argent
n'étant pas le seul moyen dont l'ONG dispose pour ses oeuvres
humanitaires, elle pourrait par exemple compenser l'insuffisance des salaires
des enseignants par des dotations en vivres et par la prise en charge
médicale. Mais le mieux est sans doute de pouvoir convaincre les
décideurs de l'ONG à payer mieux les enseignants afin de les
fidéliser dans le système: on pourrait par exemple les aligner
sur la grille salariale de l'Etat. Une telle mesure devra s'accompagner de
l'élévation du niveau de recrutement qui est resté
très bas malgré l'existence aujourd'hui d'enseignants
qualifiés sur le marché de l'emploi. L'application des
procédures officielles de recrutement aidera à l'atteinte de cet
objectif.
Pour la participation effective des parents au fonctionnement
des écoles, un certain nombre d'activités peuvent être
envisagées. On pourrait par exemple travailler à la
création et à la dynamisation des associations des parents
d'élèves (APE) et des mères éducatrices (AME);
à mettre en place des projets économiques impliquant les parents
autour des écoles afin de soutenir leur fonctionnement. Une telle
initiative pourrait renverser la tendance en faisant des parents des bailleurs
futurs de l'AMA.
|