4.2.2. De la valorisation de l'initiative de l'AMA pour
un apport optimum des ONG musulmanes à l'éducation
La contribution de l'AMA est substantielle mais par rapport au
manque à gagner en matière de scolarisation au Burkina l'apport
d'une dizaine d'écoles est très loin des résultats
escomptés. En effet pour atteindre le maximum d'enfants et de parents
qui souhaitent
bénéficier de ce type d'écoles, il va
falloir allier la quantité à la qualité en construisant
davantage et dans plusieurs localités. C'est pourquoi une
sensibilisation des donateurs et de l'administration supérieure du
Koweït aux réalités éducatives du Burkina
s'avère nécessaire. La prise en compte des réalités
du pays pourrait entraîner une meilleure affectation des fonds. Mais
avant, les responsables nationaux de l'AMA doivent se laisser convaincre par la
pertinence de ces écoles en évitant de reculer face aux
difficultés comme certains propos nous ont laissé croire au cours
de notre recherche. Il faut donc travailler à inscrire l'école
comme une priorité dans les activités de l'AMA de sorte à
faire rallier d'autres ONG musulmanes à l'initiative. Le ralliement
d'autres ONG à cette initiative peut servir en méme temps de
palliatifs aux difficultés que rencontre l'AMA dans la gestion de ses
écoles. Dans ce sens Il s'agira de créer un cadre de concertation
entre ONG musulmanes afin de partager les initiatives porteuses de
résultats tangibles en matière d'éducation. Un tel cadre
aura pour avantage d'augmenter non seulement leur crédibilité
mais aussi en terme d'action, il est clair que leur contribution au
développement gagnera en qualité et en quantité. Dans ce
sens nous avons tenté une simulation tendant à une
généralisation des écoles confessionnelles de l'AMA.
Ainsi, à supposer que l'on obtienne l'adhésion de 10 ONG
musulmanes à l'initiative des écoles confessionnelles de l'AMA et
qui s'engagent à construire deux écoles par an, on obtiendra en
cinq ans 70 écoles qui, contrairement aux medersas ne connaîtront
pas de «fracture» avec le système éducatif national
dans leur fonctionnement. A cela va s'ajouter la création d'emploi; la
parfaite intégration des sortants dans le tissu social et
économique du pays et la transformation progressive des centaines de
medersas du pays en cette forme d'école confessionnelle musulmane qui
s'intègre au système éducatif national.
Pour la réalisation d'un tel projet le plus grand
rôle à jouer appartient à l'Etat. En effet c'est à
lui de sensibiliser et de convaincre l'AMA qui est à sa quinzième
année d'expérience en ce qui concerne les écoles primaires
de prendre en charge le projet. Le rôle de l'AMA ne sera pas que
financier, c'est à elle de jouer aussi le rôle de chef de file
autour de qui, les autres ONG et communautés musulmanes vont se
retrouver pour affiner et mettre en oeuvre une initiative qui vient
d'elles-mêmes.
L'AMA pourrait aussi s'inspirer des expériences des ONG
autres que musulmanes en adhérant aux différents cadres de
concertation déjà existants. Il s'agit notamment du
secrétariat permanent des ONG (SPONG) et le cadre de concertation des
ONG et associations actives en éducation de base (CCEB). A noter que ces
deux organisations assez représentatives des ONG ne compte pas pour le
moment des ONG musulmanes à leur sein. Cette ouverture est d'autant plus
importante que dans la gestion des systèmes humains, la
diversité doit être exploitée au profit de
l'apprentissage. Aussi l'expérience des organisations constitue une
banque de données dans lesquelles on peut puiser les solutions aux
difficultés émergeantes sans avoir besoin de
«réinventer la roue».
A toutes ces propositions qui visent à soutenir cette
expérience d'offre d'éducation, il faut adjoindre le rôle
régalien de l'Etat sans lequel nombre d'initiatives privées en
matière d'éducation disparaîtront comme elles sont
nées, dans l'anonymat.
|