2.2. Analyse des données des questionnaires
Le questionnaire qualitatif a été soumis
à trois groupes de participants. Cette sous- section fait l'analyse des
données recueillies par cet outil selon l'ordre suivant: les directeurs
de centres, les parents d'élèves, les élèves.
2.2.1. Données recueillies auprès des
directeurs de centres
A ce jour l'AMA possède cinq centres fonctionnels au
Burkina. Nous les avons tous retenu dans notre champ de recherche mais dans la
pratique nous n'avons pu rencontrer que trois directeurs titulaires. A Fada,
c'est un intérimaire qui nous a reçu. Nous n'avons pas pu nous
déplacer au centre de Pô pour des raisons de temps et de moyens
financiers. Les données recueillies auprès des directeurs des
centres concernent essentiellement les activités des centres, les
réalisations dans le domaine de l'enseignement de base et les
difficultés qu'ils rencontrent
Les centres de l'AMA sont tous dirigés par des
originaires des pays maghrébins. Aucun n'a un profil d'administrateur.
Des trois que nous avons rencontré dans le cadre de notre étude,
deux sont des diplômés en géni civil et un en droit
islamique. En revanche chacun d'eux possède une expérience
antérieure en tant que travailleur de l'AMA pour avoir servi dans
plusieurs autres pays africains. Deux ont une ancienneté de deux ans au
poste de directeur de centre au Burkina et un en a huit.
De façon générale, les directeurs
ignorent les conditions dans lesquelles les centres ont été
construits au Burkina, parce qu'ils sont arrivés après.
Néanmoins tous s'accordent sur cette affirmation de Dc1:
«la création des centres répond
à la volonté de l'ONG de créer des conditions favorables
à une prise en charge complète des enfants démunis
souhaitée par les donateurs et à aider l'Etat Burkinabé
à cause de la pauvreté du pays. Les centres participent aussi
à l'amélioration des conditions de vie des riverains par la
prestation des services sociaux de base et la distribution de
vivres».
C'est de ce point de vue que l'école d'un centre ne
reçoit pas seulement les pensionnaires du centre mais tous les enfants
du milieu environnant qui désirent s'y inscrire. Seulement les
populations ne sont pas toujours bien renseignées sur la
possibilité qu'elles ont d'inscrire leurs enfants dans ces
écoles. Cela s'observe surtout dans les nouveaux centres où les
effectifs des écoles sont essentiellement constitués des
pensionnaires.
Il ressort des données des directeurs des centres que
les centres de Dassasgo, Bobo, Fada et Tanguin ont été
respectivement ouverts en 1997, 1999, 2008 et 2009. Le centre de Dassasgo se
compose d'un orphelinat, d'une école primaire,d'un collège
d'enseignement général,d'ateliers de formation à
différents métiers,d'un dispensaire,d'une maternité,d'un
dépôt pharmaceutique,d'une salle d'initiation à
l'informatique,d'une bibliothèque et d'une mosquée. Nous avons pu
constater de visu la fonctionnalité de ces infrastructures.
Le centre de Bobo possède les mêmes
infrastructures, à la seule différence que le collège
d'enseignement général n'est pas encore fonctionnel. Son
ouverture est très attendue des bénéficiaires et des
acteurs de Bobo qui sont inquiets du silence des responsables de l'AMA au
regard du temps déjà écoulé.
Au centre de Tanguin et celui de Fada, les structures
fonctionnelles sont: l'orphelinat, l'école primaire, la
bibliothèque, le dispensaire et la mosquée. L'ouverture des
autres infrastructures disponibles est prévue pour se faire
progressivement.
Tous les bâtiments sont de types modernes construits en
matériaux définitifs. Quelques bâtiments sont construits
à niveau et chaque centre en possède au moins deux. Ces
constructions sont affectées aux écoles primaires et secondaires
ou servent de dortoirs pour les orphelins. Les cours des centres se situent
dans de grands espaces, suffisamment ombragées avec des terrains de
sport et des espaces de jeux.
Les directeurs perçoivent le centre comme un sous
système éducatif dont chaque structure constitue un maillon qui
participe à satisfaire un besoin spécifique des
bénéficiaires. L'objectif étant leur formation
complète. A ce propos Dc1 affirme:
«pour moi, tous les services du centre participe
à l'éducation des enfants et aussi de la population,comme l'homme
lui-même est un être complexe,il faut l'association de plusieurs
domaines d'activités pour le satisfaire et l'aider à tendre vers
la perfection»
Chaque directeur a pour rôle de coordonner les
activités de toutes les structures du centre en veillant à
l'exécution correcte des missions et des tâches en vue de rendre
compte au directeur du bureau central de Ouagadougou. C'est le bureau central
qui dote les centres des ressources diverses.
Sur le plan financier chaque centre exprime ses besoins au bureau
central qui apporte le financement. Selon Dc3:
«nous informons le bureau central de nos besoins et
on attend. Les dépenses importantes doivent être approuvées
par le bureau du Koweït. Pour les dépenses courantes et le
fonctionnement, une somme fixe mensuelle est mise à la disposition de
chaque centre».
Nous n'avons pas pu en connaître le montant. Sur le plan
matériel, les premiers centres sont mieux équipés: on
enregistre pour Dassasgo et Bobo au moins deux camions tout terrain, une
ambulance, une dizaine d'ordinateurs pour les services administratifs. Chaque
centre est équipé de groupe électrogène capables
d'alimenter tout le centre. En plus de l'eau courante desservie par l'office
nationale de l'eau, chaque centre possède un château d'eau.
Les centres n'ont pas de financement en dehors des moyens
octroyés par le bureau central. Cependant des partenaires locaux leur
apportent de l'assistance technique et des conseils: il s'agit principalement
des représentations des ministères concernés par les
activités des centres (Action sociale, santé, enseignement). Par
exemple les services de l'action sociale inspecte souvent l'orphelinat et
apportent occasionnellement des dons en espèce ou en nature au titre de
la contribution de l'Etat à l'aide aux plus pauvres.
Sur le plan des ressources humaines, l'effectif du personnel
de l'AMA au Burkina est constitué dans une large proportion par des
travailleurs des centres (plus de 70%). Ils se composent des agents de
l'administration, des enseignants, des assistants sociaux, des cuisiniers, des
gardiens, des jardiniers, des chauffeurs, des agents de santé, des
religieux... Les centres recrutent quelques fois des travailleurs contractuels
à l'occasion d'opérations humanitaires telles la distribution des
vivres, les campagnes de vaccination et de camps ophtalmologiques. Les
travailleurs permanents sont recrutés et affectés directement par
le bureau central de Ouagadougou. Mais en cas d'urgence (abandon de poste par
exemple) le directeur du centre peut remplacer directement le travailleur avant
d'en informer le bureau central. Les travailleurs affectés à
l'encadrement des orphelins ne sont pas des professionnels mais des
diplômés des instituts arabes. L'agence entend ainsi offrir des
possibilités d'emplois aux arabophones qui éprouvent des
difficultés à s'insérer dans le marché de l'emploi
au Burkina. Au cours de l'enquête, aucun directeur n'a pu nous
présenter un document qui fait la situation générale de
son personnel.
Les rapports avec les structures éducatives en place ne
sont pas formalisés par un écrit. En revanche on note une bonne
collaboration à quelques différences près dans toutes les
localités. C'est ce que semble traduire Dc2 en ces termes:
«nous collaborons bien avec l'inspection de
l'éducation de base qui assure le suivi administratif et
pédagogique de notre école conformément aux dispositions
du ministère. On a aussi de bons rapports avec les écoles
secondaires publiques et privées qui reçoivent les
pensionnaires du centre à l'issue du CEP».
Dans la pratique, les activités des centres sont:
l'encadrement, le suivi des orphelins internes et externes; la scolarisation
des enfants; les prestations de soins médicaux;
l'organisation des opérations humanitaires ponctuelles
(distributions de vivres, campagnes de vaccination, camps ophtalmologiques...);
l'alphabétisation et la sensibilisation des adultes, surtout les femmes.
Par rapport à la prise en charge, on note que les
bénéficiaires sont repartis en deux catégories: les
bénéficiaires internés dans les centres et les
bénéficiaires externes qui bénéficient au
méme titre que les internes d'une assistance alimentaire et de la prise
en charge de la scolarité. Nous avons pu obtenir sans difficultés
le nombre des bénéficiaires internes de chaque centre, mais
aucune information complète sur les bénéficiaires
externes. Qu'à cela ne tienne, l'effectif qui nous intéressait
plus dans cette rubrique, c'est le nombre d'enfants pris en charge par l'AMA et
fréquentant ses écoles. Le tableau suivant nous en donne les
détails.
Tableau n° 13: Situation des enfants pris en charge
par les centres
statuts Centres
|
Internes
|
Externes
|
Total
|
G
|
F
|
T
|
G
|
F
|
T
|
|
Dassasgo
|
118
|
0
|
118
|
-
|
-
|
287
|
405
|
Bobo
|
112
|
0
|
112
|
-
|
8
|
-
|
120
|
Tanguin
|
120
|
0
|
120
|
-
|
-
|
-
|
120
|
Fada
|
100
|
0
|
100
|
-
|
-
|
-
|
100
|
Total partiel
|
450
|
|
450
|
-
|
8
|
287
|
745
|
Au nombre des internes du centre de Dassasgo, 13
fréquentent le collège du centre, 3 dans d'autres lycées
et 1 à l'université. Ce centre comme celui de Bobo s'occupe aussi
d'orphelins externes au centre. Un agent est affecté au suivi des
orphelins externes. Si au niveau des bénéficiaires internes, on
n'enregistre pas de filles, à l'extérieur, la prise en charge
concerne aussi les filles. Seulement nos interlocuteurs n'ont pas pu nous
renseigner sur leur nombre exact.
Quant au coût estimatif de la prise en charge annuelle
d'un enfant parrainé, le rapport 2006-2007 de l'AMA en donne quelques
informations. Sur cette base et avec l'estimation faite par certains
directeurs, nous avons essayé d'élaboré le tableau
ci-dessous
Tableau n°14: Coût estimatif de la prise en
charge annuel d'un enfant
Désignation
Ordre
|
Volets financés
|
Quantité/Périodicité
|
Coût estimatif en francs CFA
|
1
|
Scolarité
|
1 an
|
25000
|
2
|
nourriture
|
12 mois
|
288000
|
3
|
Habillement
|
4 fois
|
46000
|
4
|
Santé
|
forfait
|
30000
|
5
|
Fournitures diverses
|
forfait
|
50000
|
Total
|
439000
|
Comme on le constate, ce calcul ne prend en compte que des
données liées à des dépenses précises
connues. Les loisirs par exemples qui se traduisent par les voyages
touristiques et les colonies de vacances ne sont pas pris en compte dans le
tableau.
L'enseignement de base occupe une place importante dans les
activités des centres. En témoigne cette affirmation de Dc3:
«il n'est pas possible de concevoir le centre sans
l'école primaire et je pense que la renommée du centre
dépendra en bonne partie de la qualité des résultats
scolaires"
Pour l'ensemble des quatre centres impliqués par
l'étude 36 salles de classes ont été construites, soit 9
salles par école et par centre. 21 de ces 36 salles sont fonctionnelles
en cette rentrée 2009-2010 avec trente quatre enseignants. Les salles
non fonctionnelles s'expliquent par le fait que les écoles des nouveaux
centres ne disposent pas pour le moment de tous les cours. En terme de
scolarisation, c'est plus de 2000 enfants qui sont passés par la seule
école du centre de Dassasgo en 13 ans d'existence. On note aussi que
chaque école possède ses propres toilettes et ses points d'eaux
(forages à pompe) isolés des autres infrastructures des
centres.
Par ailleurs les deux centres de Dassasgo et de Bobo disposent
chacun de cinq ateliers de formation professionnelle en soudure, menuiserie,
couture, électricité et informatique. A ce propos Dc1 explique
que
«la formation professionnelle comporte aussi bien des
sections pour filles que des sections pour des garçons. Ces cadres de
formation en métier accueillent de façon automatique les enfants
des centres qui éprouvent des difficultés à poursuivre
l'enseignement général ou alors qui décident après
le cycle primaire d'apprendre un métier".
Au niveau informel, les centres organisent des séances
d'alphabétisation et de sensibilisation à l'intention des
parents. Ces activités ne sont pas inscrites dans un programme bien
élaboré et les directeurs des centres disent ne pas être en
mesure de les capitaliser.
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