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Contribution des ONG musulmanes à  l'accroissement de l'offre éducative de base au Burkina Faso: Cas de l'Agence des musulmans d'Afrique.

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par Seydou SOGOBA
Université de Koudougou - CA/ Institut d'études politiques 2011
  

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2.1.2. Données recueillies auprIs des directeurs d'écoles

Les directeurs d'écoles ont constitué les principaux participants de cette recherche. Au regard de leur responsabilité, ils constituent un des éléments clés du système. En effet ils sont à l'interface entre le bureau central de l'AMA (maillon central du système associatif) et les acteurs qui agissent à la base pour faire fonctionner les écoles. Il importait donc de rechercher l'information sur leur qualification, celle des maîtres, les caractéristiques administratives et pédagogiques des écoles qu'ils dirigent et les résultats des élèves. Nous avons aussi recueilli leur appréciation du fonctionnement de l'ONG, en lien avec les tâches qui leur incombent.

Selon les informations recueillies sur leur identification, il ressort que les neuf directeurs rencontrés ont une ancienneté d'enseignement dans les écoles de l'AMA, comprise entre un et quatorze ans. Au poste de directeur elle varie de un à 13 ans. Deux directeurs déchargés de cours (une femme et un homme) sont des agents de la fonction publique admis à la retraite, et recrutés pour diriger les deux écoles les plus récentes. Ces derniers sont les plus gradés en enseignement. Parmi les sept autres directeurs, deux dames possèdent le certificat élémentaire d'aptitude pédagogique (CEAP). Les autres n'ont pas de qualification en enseignement. Certains parmi eux s'expriment correctement en français, mais sont presque en totalité des diplômés issus des universités arabes. Le tableau ci-dessous présente des détails démographiques des directeurs des écoles de l'AMA.

Tableau n°7: profil des directeurs

Caractéristiques Postes

Genre

Ancienneté à

l'école de

AMA

Ancienneté de direction

Titre de

capacité

Statut

Dassasgo

F

11 ans

2 ans

IAC

Chargée

Bobo

H

11 ans

11 ans

IA

Chargé

Korsimoro

H

12 ans

6 ans

IA

Chargé

Barsalgo

F

2 ans

2 ans

IAC

Chargé

Léo

H

5 ans

1 an

IA

Chargé

Bassinko

H

13 ans

1 3 ans

IA

Chargé

Tanguin Dassouri

H

14 ans

10 ans

IA

Chargé

Tanguin

H

1 an

1 an

IC

Déchargé

Fada

F

2 ans

2 ans

IC

Déchargée

Pour ne pas alourdir le texte, nous avons opté d'appeler instituteurs adjoints (IA) aussi bien les enseignants francophones sans qualification que les enseignants arabophones du même profil. Si l'on considère le titre de capacité, il ressort que sur les neufs directeurs participants, deux sont des instituteurs adjoints certifiés (IAC) et deux sont des instituteurs

certifiés(IC). On note par ailleurs que tous les instituteurs adjoints sont des hommes, les dames étant au moins des IAC.

Les caractéristiques administratives des écoles se rapportent aux aspects statiques. Il ressort donc des propos des directeurs des écoles que les neuf écoles ont été ouvertes entre 1995 et 2009. Quatre d'entre elles sont construites dans des centres polyvalents et cinq, les plus anciennes se trouvent hors centres comme l'indique le tableau suivant. En dehors des écoles de Tanguin et Fada, toutes les classes disponibles sont fonctionnelles.

Tableau n° 8:Caractéristiques administratives des écoles

Ecoles/Localité

Date de

création

Salles disponibles

Salles fonctionnelles

Statut

Léo

1995

6

6

Hors centre

Korsimoro

1995

6

6

Hors centre

Barsalgo

1995

6

6

Hors centre

Tanguin Dassouri

1995

6

6

Hors centre

Dassasgo

1996

9

6

Centre

Bassinko

1997

6

6

Hors centre

Bobo

1999

9

6

Centre

Fada

2008

9

3

Centre

Tanguin

2009

9

4

centre

Totaux

66

49

 

La description que les directeurs font des écoles, doublée du constat que nous avons opéré sur le terrain révèle qu'elles sont toutes construites en matériaux définitifs et comptent chacune six salles de classes pour les écoles hors centre et 9 salles pour les écoles des centres. Pour l'année scolaire 2009-2010, 49 salles de classe sont fonctionnelles conformément à la répartition contenue dans le tableau ci-dessus.

Aucune école ne dispose de logement de maître. En dehors de celles construites dans les centres, aucune école n'est clôturée. Chaque école possède un point d'eau muni d'une pompe à motricité humaine. Les infrastructures ont été construites par l'AMA qui prend aussi en charge ses enseignants et qui apporte l'équipement nécessaire au fonctionnement et à l'entretien des locaux. L'Etat, toujours selon les directeurs apporte son aide qui se traduit par des dons en manuels scolaires. Il contribue aussi à la formation des enseignants à travers les stages de recyclages et les visites de classes inscrits dans les activités des encadreurs pédagogiques. Le recrutement des enseignants se fait sur examen de dossier par le bureau central de l'AMA. Aucune qualification n'est exigée, mais le candidat doit posséder au moins

le BEPC et une autorisation d'enseigner. Chacune des quarante neuf classes fonctionnelles est occupée par un enseignant titulaire qui y dispense les cours en français. L'écart entre le nombre de classes fonctionnelles (49) et le nombre d'enseignants (indiqué dans le tableau cidessous) s'explique par le fait que chaque école possède deux enseignants arabophones qui assurent des cours d'arabe dans toutes les classes:

Dir1, « pour une école de six classes, l'effectif prévu est de six enseignants francophones et de deux enseignants arabophones, donc huit au total. Pour les autres cas, le nombre d'enseignants arabophones ne change pas mais celui des francophones est arrêté en fonction des classes ouvertes».

Le tableau suivant résume la situation des enseignants en nombre et leurs caractéristiques professionnelles par école.

Tableau n° 9: nombre et caractéristiques professionnelles des enseignants

Grade

Poste

Titre de capacité

Total

IP

IC

IAC

IA

Léo

0

0

0

8

8

Korsimoro

0

0

1

7

8

Barsalgo

0

0

3

5

8

Tanguin Dassouri

0

0

4

4

8

Dassasgo

0

0

3

5

8

Bassinko

0

0

0

8

8

Bobo

0

0

0

8

8

Tanguin

0

1

1

5

7

Fada

0

1

3

2

6

Total

0

2

15

44

61

On enregistre donc pour un total de 61 enseignants deux instituteurs certifiés(IC); 15 instituteurs adjoints certifiés, et 44 instituteurs adjoints. Aucune école ne compte un instituteur principal dans ses effectifs. A travers ce tableau et à l'image méme des directeurs, on se rend compte que la majorité des enseignants manquent de qualification. 44 enseignants, soit 72.13% de l'effectif total sont des IA. Les directeurs n'en trouvent aucune autre explication en dehors du fait que la qualification n'est pas exigée au recrutement. Il faut noter aussi l'absence du critère religieux lors du recrutement des enseignants. A ce propos, Dir7 affirme:«tous les enseignants ne sont pas musulmans. Il y a deux non musulmans chez nous»

Aux dires des directeurs, les cas d'absences prolongées (pour raisons de maladies généralement) n'ont jamais excédés trois mois. Dans ces cas, l'équipe école s'arrange pour

que la classe ne vaque pas. Quant aux départs définitifs pour d'autres emplois, ils sont résolus par la présence quasi permanente des demandeurs d'emploi en attente d'être recrutés.

Le recrutement des élèves se fait selon les critères prévus par les textes officiels avec toute fois des possibilités d'aménagement de certains critères comme le précise cette affirmation de Dir7:

«chez nous,on demande l'acte de naissance pour vérifier si l'âge est compris entre 6 et 8 ans. Mais nous ne sommes pas rigoureux sur le critère d'age, afin de donner une chance à certains enfants qui ont dépassé l'age scolaire».

Les directeurs des écoles disent compter dans leurs effectifs des élèves non musulmans mais à faible pourcentage. Cette situation selon eux est due au fait que certains parents continuent de penser que ce sont des écoles medersas, donc accueillant seulement des enfants musulmans.

Les élèves prises en charge par l'agence sont tous officiellement des orphelins de père ou des deux parents et sont internés dans les centres où ils fréquentent l'école. Il existe des orphelins pris en charge par l'AMA, externes aux centres: ces derniers sont scolarisés dans d'autres écoles que celles de l'AMA. Les Directeurs disent donc ne pas savoir comment leur suivi s'effectue.

Pour l'année 2009-2010, les effectifs qui nous ont été communiqués par les directeurs se présentent comme suit:

Tableau n° 10: E111fIi1EFIMINP EGRIVéfION WITEM-2010

 

CP1

CP2

CE1

CE2

CM1

CM2

Total Général

Total EP1

% EP

G

271

307

174

181

120

139

1192

450

37.75

F

113

68

101

74

78

71

505

-

-

T

384

375

275

255

198

210

1697

450

26.51

Le nombre d'enfants parrainés correspond ici au nombre exact des internes des quatre centres enquêtés. En faisant le rapport entre le nombre de classes fonctionnelles (49) et le nombre d'élèves inscrits pour cette année, on a en moyenne 35 élèves par classe. Même si ce

1 EP=Elève parrainé

chiffre n'est pas négligeable, certains pensent qu'il n y a pas d'affluence et disent que le paiement des frais de scolarité y est pour quelque chose. Aussi avons-nous cherché à nous faire une idée du coût des frais de scolarité dans chacune des écoles: voir tableau suivant.

Tableau n° 11: coût de la scolarité en 2009-2010 par école

Ecoles

Frais pour un élève

Frais pour plus d'un élève

Léo

10000

7500

Korsimoro

10000

7500

Barsalgo

7500

6000

Tanguin Dassouri

10000

7500

Dassasgo

25000

néant

Bassinko

10000

7500

Bobo

25000

néant

Tanguin

17500

néant

Fada

5000f

néant

On constate que les frais de scolarité varient d'une localité à l'autre. Les écoles installées dans des centres ont les frais les plus élevés avec au sommet Bobo et Dassasgo (25000f). Pour Dir5:«c'est exagéré pour une ONG qui fonctionnement exclusivement pour le social». Dans les autres localités, l'adoption de deux tarifs s'est faite suite à des revendications des parents d'élèves et vise à accorder une faveur au parent qui vient à inscrire plus d'un enfant. Dans ce cas il paie le tarif le plus bas de l'école.

Sur le plan pédagogique, les écoles appliquent de façon intégrale les programmes officiels des écoles publiques dans lesquels le français est la langue d'enseignement. De façon spécifique la langue arabe est enseignée comme langue secondaire. Ginq à sept heures sont consacrées à son enseignement dans chaque classe par semaine. Le cours d'arabe qui fait en même temps office d'enseignement religieux n'est pas obligatoire mais dans la pratique tous les enfants prennent part à ce cours. En dépit du fait que la majorité des directeurs soient des arabophones, le programme d'arabe ne bénéficie ni d'un contenu officiel ni d'une évaluation pédagogique. Get état de fait ne semble pas déranger certains directeurs.

Le plan d'amélioration collectif (PAG) n'existe réellement que dans deux écoles sur les neuf. Gette situation semble s'expliquer par le manque de formation des directeurs. En dehors du rôle purement pédagogique, aucune autre responsabilité n'est confiée au directeur. Pour nous en donner une idée, Dir2 affirme:

«je ne m'occupe de rien en plus, même pas de la gestion financière de l'école, nous n'avons pas de caisse de mini dépense».

Concernant les résultats scolaires pour l'année 2008-2009, 3 directeurs sur les 9 ont pu nous fournir ces résultats. Les recherches à partir des archives disponibles dans les écoles ayant été infructueuses. En revanche l'ensemble des directeurs dit pratiquer le passage automatique au cours préparatoire. Quant aux redoublements, le taux le plus élevé (4,83%) s'observe au cours élémentaire. Les taux de passages en classe supérieure les plus faibles se situent au CE2 (96.17%). Nous avons aussi recueillis les résultats des cinq dernières années au CEP. Une des écoles n'a pas pu nous fournir tous les résultats. Le tableau suivant nous en donne les détails.

Tableau n°12: Résultats au CEP des Cinq dernières années en pourcentage

Années

Ecoles

2005

2006

2007

2008

2009

% global par école

Léo

75%

75.12%

85.25%

44.44%

53.33%

66.62

Korsimoro

36.36%

85.71%

55.88%

68.42%

88.09%

66.89

Barsalgo

92.30%

90%

88.46%

85%

29%

76.95

Tanguin Dassouri

78.72%

90%

66.66%

71%

100%

81.27

Dassasgo

-

-

66.66%

72%

78%

Non disponible

Bassinko

100%

93.75%

46.15%

21%

85.75%

69.33

Bobo

86.95%

97.14%

92.85%

90.32%

96.55%

92.76

Pourcentage global des écoles

78.86%

88.62

71.7

64.59

75.67

75.63

Ces résultats concernent les écoles qui ont plus de cinq ans d'existence. Les autres n'ont pas encore le nombre d'années requis pour disposer de candidats au CEP. Les directeurs dans leur ensemble trouvent que les résultats sont satisfaisants. Toutes les écoles ont été félicitées au moins une fois par les autorités. Le Dir2 justifie ces résultats en ces termes:

« les bons résultats sont dus au sérieux des enseignants et à l'intérêt que les parents accordent à l'école».

Il poursuit pour ce qui est de la suite des études des élèves à la fin du cycle primaire en disant:

<Après l'admission au CEP les élèves s'inscrivent dans des écoles secondaires publiques ou privées de leurs localités. Les orphelins continuent d'être pris en charge par l'AMA dans leurs établissements d'accueil»

.Seul le centre de Dassasgo possède pour l'heure un établissement d'enseignement secondaire fonctionnel qui accueille les orphelins du centre après leur CEP.

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"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite