I-3) APRES L'URGENCE, LES GRANDES REFORMES : 1978 ET
1986
La mise en place d'une politique de l'habitat est un processus
relativement long. Il a fallu mettre en place les prémices de cette
politique en répondant { l'urgence de la situation puis des grandes
réformes sont venues l'ajuster. Ainsi, nous allons présenter deux
réformes clefs, celles de 1978 et de 1986, qui ont conditionné la
politique actuelle en matière d'habitat et de logement social.
I-3-B) 1976 : LE CONSTAT ALARMANT QUI CONDUIT A LA REFORME DE
1978
Dans les années 70, les financements alors
délivrés par l'Etat pour la réalisation de logements
sociaux deviennent inadaptés. La non réévaluation des
primes depuis les années 60 ainsi que l'inflation, la hausse des
coûts de construction, des prix des loyers, et de la charge
foncière ont rendu les financements inadaptés. De plus, une
réflexion du Groupe Réunionnais de Réflexion sur l'Habitat
Social (GREHAS) a montré que les plus
démunis étaient écartés de
l'habitat social. Seul 5% des logements construits entre 1971 et 1977 leur sont
destinés. Alors même que dans certains domaines la
départementalisation montre ses effets positifs (rattrapage du taux de
scolarisation métropolitain, niveau de santé comparable...) trois
réunionnais sur cinq sont encore mal logés. Ce constat fait alors
prendre conscience de l'ampleur des besoins et des efforts à fournir
pour les années à venir.
Parce que le constat est que les plus démunis sont
exclus de l'offre en logement social, l'Etat met en place les Logements
Très Sociaux (LTS) destinés { l'accession { la
propriété des plus modestes. Ces logements sont individuels, peut
coûteux, ont une structure très légère et les
finitions sont laissées aux soins des futurs propriétaires. Les
occupants bénéficient d'une subvention de l'Etat, et ne
remboursent qu'une légère part du prix du logement via un
prêt social.11
Pour faciliter la création des LTS une ligne fongible
est créée afin de permettre de globaliser les aides de l'Etat :
La Ligne Budgétaire Unique (LBU). Elle apparait plus simple que les
précédentes aides attribuées séparément.
Elle devait surtout permettre de pouvoir gérer localement, via le
représentant de l'Etat et la Direction Départementale de
l'Equipement (DDE)12 la destination de l'aide : location, accession
sociale ou amélioration. Il devenait donc possible de répartir la
LBU en fonction des besoins identifiés directement sur le territoire.
A cette époque l{, on identifie le besoins en LTS et
l'on en construira massivement. Cependant, alors même que le constat du
GREHAS sur l'ampleur des besoins se révélait alarmant,
l'intervention de l'Etat reste limitée : la LBU est
diminuée.13
11 Le montant de ce qu'il rembourse se révèle
également bas grâce aux Allocation Logement étendues aux
DOM en 1976
12 Aujourd'hui, on parle de DEAL : Direction de l'Equipement , de
l'Aménagement et du Logement. Elle reprend les missions de Direction
Départementale de l'Equipement (DDE), de la Direction Régionale
de l'Environnement (DIREN), de la police de l'eau de la Direction de
l'Agriculture et de la Forêt (DAF) et de la Direction Régionale de
l'Industrie, de la recherche et de l'Environnement (DRIRE, hormis le
développement industriel et la métrologie
13 Une rallonge sera octroyée en 1980 mais seulement a
cause du cyclone Hyacinte
Le désengagement de l'Etat et la priorité
donnée aux LTS aura des conséquences négatives sur les
autres produits et donc plus largement sur le logement des personnes
démunies.
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