II-2) SATISFAIRE LA DEMANDE
Nous l'avons évoqué, les besoins en logements et
notamment en logements sociaux ont toujours été importants sur
l'ile. Depuis qu'elle est devenue département et que les premiers jalons
d'une politique en matière d'habitat y ont été
posés, l'enjeu a été de satisfaire une demande toujours
importante en logement sociaux. Cependant, jamais celle-ci n'a pu être
satisfaite.
Nous allons revenir sur ce qui caractérise la demande en
logement sociaux, c'est-à-dire à la fois son ampleur et à
la fois ses caractéristiques qualitatives et économiques.
78 Commission des Finances, du contrôle budgétaire
et des comptes économiques de la Nation,Rapport d'information sur le
logement en outre mer, Annexe au procès-verbal de la séance du 27
mai 2008, p 23
II-2-A) L'AMPLEUR DE LA DEMANDE
Pour mesurer l'ampleur de la demande, il suffit de regarder le
graphique suivant. Celuici présente le poids des ménages
demandeurs de logements sociaux sur chaque territoire intercommunal de
l'ile.79 Cela représente, en 2007, 26 000 ménages qui
ont déposé un dossier auprès d'un bailleur de l'ile.
FIGURE 22:LA PART DE MENAGES DEMANDEURS DE LOGEMENTS
SOCIAUX
La baisse de la production des années 2000 a donc accru
la difficulté des bailleurs à satisfaire la demande. Le graphique
ci-dessous met en avant la baisse des attributions de logements sociaux,
entrainée à la fois par la baisse de production mais
également par le faible taux de rotation dans le parc de logements
anciens qui peut s'expliquer lui par la difficulté des ménages
à sortir du parc social.
FIGURE 23: LES ATTRIBUTATIONS DE LOGEMENTS LOCATIFS
SOCIAUX DE 2001 A 2006
Source : ARMOS, 2007
79 Le sud comprend la CIVIS et la CA Sud. Pour le
découpage par EPCI voir Annexe.
On considère ainsi qu'entre 2005 et 2006 ce sont seulement
21% des demandeurs qui ont pu être satisfaits.80
II-2-B) QUALITE DE L'OFFRE PROPOSEE
La faiblesse de la production quantitative est
indéniable et induit de lourdes conséquences pour les
réunionnais en attente d'un logement social. Comme nous l'avons
déjà évoqué la population se caractérise par
sa relative précarité. Ainsi, le parc social se répartit
entre plusieurs types de financements qui conditionnent les loyers
pratiqués. La grande partie de la population réunionnaise se
trouve ainsi éligible aux Logements Locatifs Très Sociaux (LLTS)
qui constituent la catégorie de logement social dont le loyer
pratiqué est le plus bas. Le graphique ci-dessous témoigne de la
répartition des ménages selon leur éligibilité aux
différents produits sociaux.81
FIGURE 24: ELIGIBILITE DES MENAGES AUX DIFFERENTS
PRODUITS DU LOGEMENT SOCIAL
Source :INSEE, 2006
80 ARMOS-oi, Le parc, la demande, l'attribution des logements
sociaux { la Réunion, Rapport annuel, édition 2007, p 17
81 Rappelons que nous ne prenons pas en compte le LES qui est un
produit { l'accession et que le PLS est considéré davantage comme
un produit locatif intermédiaire que social ce que nous me manquerons
d'évoquer plus largement par la suite. Toutefois, l'intérêt
de ce graphique est de montrer que les LES et les PLS ont un grand role { jouer
dans la politique de l'habitat de l'ile.
Ce graphique dresse le constat sans appel de la
nécessité de produire en priorité des LLTS pour
répondre aux besoins de la population. Or, la réalité est
tout autre. Les LLTS parce qu'ils sont conditionnés { des loyers moins
élevés que les LLS sont des opérations difficiles à
équilibrer et qui nécessitent souvent la mobilisation de fonds
propres des bailleurs. C'est pour cela que l'on produit davantage de LLS. Le
parc locatif social de l'ile se compose ainsi principalement de ces derniers au
détriment d'une réponse adaptée aux besoins réels
de la population. Le graphique ci-dessous montre la répartition des
différents types de financement en 2007.82 Et permet de
constater la primauté des logements LLS sur les autres types de
financements.
FIGURE 25: TYPE DE FINANCEMENT DU PARC LOCATIF
SOCIAL A LA REUNION
ARMOS : 2007
L'inadéquation entre l'offre proposée et la
demande se concrétise aussi en termes de répartition
territoriale. Ainsi, les logements locatifs sociaux sont inégalement
répartis sur le territoire comme le montre la carte suivante. Or, comme
nous l'avons montré précédemment (cf : figure n°22)
la demande est importante dans l'ensemble des territoires.
82 Le type de financement « ancien » fait
référence à tous les produits ayant existés avant
1986.
FIGURE 26
Source: AGORAH 2008
Ainsi, il apparait que la demande en logement sociaux est
relativement soutenue et les années 2000 ont creusé un
écart plus important entre l'offre produite et la réalité
des besoins. De plus, les logements réalisés ainsi que leur
répartition ne semblent par répondre de manière totalement
satisfaisante à la demande.
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