b) LES FORCES ARMÉES COMME OUTIL DE PROTECTION
DES INTERETS
A l'observation de la politique d'expansion coloniale du
second empire, les Forces Armées renforçant les installations
françaises de Saint Louis au Sénégal avaient pour mission
de les défendre le plus énergiquement possible contre toute forme
d'attaque. De même, l'histoire des deux grandes guerres mondiales
illustre à suffisance le rôle majeur joué par les
militaires dans la protection des intérêts français,
anglais, allemands, italiens, etc.
Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces
à la sécurité : d'une Armée « de garde »
vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010
Comme pendant la guerre de 1939-1945 et tout
particulièrement avec l'appel du 18 juin 1940 du Général
de Gaulle à Londres, de septembre 1939 à mai 1940, la France
utilisera les troupes coloniales, la « force noire », pour
défendre ses positions et reconquérir son territoire. Cette
Armée noire permettait de compenser le déficit numérique
de l'Armée face à ses adversaires réels, dont l'Allemagne.
Sur le plan strictement militaire, elle s'impliquait pour la
nécessité de la défense du territoire
métropolitain. C'est dans les « Forces intactes » de l'empire
que dès le 18 juin 1940, le général de Gaulle
déclare puiser la confiance en sa lutte et d'après le colonel
Leclerc, le Cameroun fut le centre de l'initiative de la libération de
la France en 1940. L'on peut aussi évoquer la mobilisation des Forces
Armées camerounaises pour la protection de leur territoire envahi par
les troupes Armées nigérianes en décembre 1993 (Messinga
2007 : 18).
c) LES FORCES ARMÉES COMME OUTIL DE CONQUETE,
D'ÉMANCIPATION ET D'ADMINSTRATION
Elie Mvié Meka nous rappelle l'occupation totale du
territoire algérien en 1869 qui sera placé sous l'autorité
du ministre de la guerre par la légion étrangère
créée le 10 mars 1834 pour servir hors du royaume. Dès
1841, les deux régiments, tour à tour, construisent les routes,
des ponts tout en poursuivant en même temps l'entreprise de pacification
de Kabylie, finalement acquise par le Général Mac Mahon en 1857.
L'officier colonial ici est l'homme à tout faire. Il doit «
concevoir, arbitrer, gérer, rendre justice, ouvrir les routes, fonder
les marchés, créer de nouvelles ressources de richesses »
Encore en 1881, le Colonel Dodds à la tête de
trois milles hommes équipés d'armes modernes et de balles
explosives occupe Abomey. En 1882, les légionnaires s'engagent à
Dahomey contre le roi Behanzin, puis au soudan et à Madagascar. On
assistera alors à l'écrasement de la
Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces
à la sécurité : d'une Armée « de garde »
vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010
mutinerie des tirailleurs sénégalais au camp de
Thiaroye, les massacres de Sétif en Algérie, la répression
de Madagascar au nom du monopole de la violence légitime au sens
wébérien.
De même en Afrique noire, il nous fait état de
cette mission de la France sur les « terres nouvelles »
assimilées à un acte de délivrance des vielles
oppressions, du sous développement matériel, des
épidémies et des maladies endémiques, des antiques
tyrannies de la traite négrière. Ainsi, le militaire
français aurait aidé le politique à briser « les
fers, dénouer les liens, à promouvoir l'épanouissement
», car dépositaire de certaines valeurs d'humanité,
d'humanisme et de civilisation. Pour ce faire, « les chevaliers de la
civilisation et du progrès » s'employèrent à mater
les grandes figures des résistances africaines telles que Lat-Dyor,
Amadou fils d'El Hadj Omar, roi Toucouleur, Samori, Rabah...
Par ailleurs, l'Armée peut aussi être
considérée comme un instrument de « modernisation » et
du développement. L'instrument militaire est présenté ici
comme un rempart contre les désordres sociaux, un appareil
organisé en vue de la modernisation et la stabilisation de la
société ; une force ultime d'appoint et de réserve
à laquelle on pourrait faire appel ou qui pourrait prendre le pouvoir
pour prévenir la subversion ou un affrontement total de l'ordre
politique ; la seule force organisée pouvant jouer un rôle au
premier plan dans la modernisation et le développement des Etats
indépendants. Tel est le cas du génie militaire au Cameroun qui
a, à son actif plusieurs investissements (routes, ponts etc.) (Messinga
2007 : 19).
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