L'acquisition du renseignement est le préliminaire
obligatoire et déterminant pour l'efficacité de l'action
ultérieure et sur lequel se fonde la décision du chef. Celui-ci
doit donc exprimer des besoins à partir desquels sera construit le plan
de renseignement et de recherche. Ils seront ensuite essentiels à la
conduite de la manoeuvre.
Au delà de la description d'un dispositif et de sa
localisation, la finalité du renseignement est de comprendre la
structure et l'intention de l'adversaire et de maîtriser l'environnement,
puis d'évaluer le rapport de force initial et d'estimer le potentiel
adverse. Un tel objectif implique qu'au renseignement militaire de toute
origine, doit être combiné selon les circonstances et le contexte,
celui fourni par les forces locales, les forces de police ou par l'action
diplomatique ou les populations. C'est la diversité des sources
d'information puis leur analyse et leur exploitation qui permettent
d'appréhender l'environnement physique, politique et culturelle de
l'action. Cette analyse doit en outre contribuer à la
compréhension des lacunes adverses afin de saisir les
opportunités, de créer la surprise, voire de les
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provoquer. Même si dans tous les cas la
complémentarité des capteurs de la recherche du renseignement est
fondamentale, le renseignement d'origine humaine est prééminent
dans les conflits actuels (Coste 2008 : 55-56).
Au Cameroun, le statut « secret défense »
fortement appliqué et respecté dans le service militaire certes
indispensable, n'est pas de nature à favoriser la circulation de
l'information structurant le système anti- terroriste. En effet, la
conservation stricte du secret exclut dans sa pratique les civils de la
structure de défense qui est de nature populaire. Or, les «
architectes de l'insécurité » cohabitant avec le peuple
peuvent mieux être identifiés par les civils suffisamment
imprégnés des recherches militaires en cours et de la psychologie
des terroristes. Cette force d'élite assistée des unités
spéciales de Gendarmerie et alimentées par un important service
de renseignement civilo-militaire peut limiter l'action des coupeurs de route
et sécuriser les frontières et les façades maritimes.
La nature transnationale des nouvelles menaces exige des
réponses multilatérales comme celles relatives à la
signature aux cotés des Ministres de la Défense du Gabon, de la
Guinée Equatoriale et de Sao Tome et Principe, de l'Accord Technique
portant sur la mise en place d'un plan de surveillance pour la
sécurisation maritime du Golfe de Guinée « Zone D »
à Yaoundé le 06 Mai 2009 conformément à une
résolution du Conseil de Paix et de sécurité de l'Afrique
Centrale (COPAX). Mais, subsistait, la problématique du voisinage du
Nigeria avec la zone « D ». A l'extrême nord du domaine
maritime des Etats de la CEEAC se trouve le Nigeria qui fait plutôt
partir de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest
(CEDEAO). Or, il se trouve que voisin de la zone D, ce pays connaît les
mêmes impératifs sinon plus de la lutte contre la piraterie et le
terrorisme maritime.
Les rigueurs du respect scrupuleux des frontières
maritimes en dehors des accords spécifiques des Etats concernés
rendent du même coup très difficile l'harmonisation de la lutte
contre les actes illicites dans la zone
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« D », dans l'hypothèse ou les auteurs de
ces actes trouvent refuge dans les eaux sous la juridiction nigériane.
Et c'est là que l'on observe toutes les limites du Droit International
spécifique à la lutte contre les actes illicites en mer.
Le bilatéral entre le Cameroun Nigeria étant
suffisamment lesté par le passage des deux Etats à la Cour
International de Justice (CIJ), il est difficile que les deux Etats trouvent
facilement un accord qui faciliterait tout en autorisant le suivi des criminels
dans leurs eaux respectives par celui des Etats qui mènent la
poursuite.
La parade juridique et opérationnelle
opérée par les stratèges de la CEEAC est appelée
à reposer sur un dispositif associant non pas les Etats de la Zone D
avec leur voisin nigérian, mais plutôt les deux ensembles
régionaux voisins : CEEAC-CEDEAO. L'avantage d'une telle
procédure serait de rendre immédiatement applicable l'accord
régional conclut entre les Etats composant les deux entités avec
ceci d'opportun que l'armada CEEAC-Zone D pourrait dans le stricte respect des
procédures convenues, poursuivre les criminels au-delà des
frontières maritimes du voisin si le cas de figure se présentait.
Car, il faut le souligner, les eaux du Golfe de Guinée version CEEAC ne
peuvent être durablement calme si les Etats voisins, surtout le Nigeria
ne sont fortement pris en compte et associés aux instruments juridiques
développés et aux stratégies militaires mise en oeuvre
(Ntuda Ebodé 2009 : 144-145). Analyse et recommandation pertinente du
Pr. Ntuda Ebodé, directeur du Centre de Recherches d'Etudes Politiques
et Stratégiques (CREPS) de l'Université de Yaoundé II SOA,
prise en compte avec la signature le 7 avril 2011 d'un Accord entre le Cameroun
et le Nigeria sur la sécurité de leurs frontières
communes. Cet Accord est le fruit d'un brainstorming entre experts camerounais
et nigérians en charge des affaires de sécurité. Il
témoigne l'engagement des deux pays à réprimer la
piraterie maritime. C'est un instrument de coopération approprié
notifiant les actions à entreprendre et le chronogramme des
activités.
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