Pour réussir à contrôler un tant soit peu
ce fléau, la mise en place d'un arsenal juridique ne suffit pas. Il faut
mener des actions concrètes sur le terrain pour influencer les acteurs
du phénomène et atténuer son impact sur la
société. C'est dans cette optique que 19 pays, dont
l'Algérie et les Etats-Unis, ont élaboré une
stratégie commune de lutte contre le terrorisme et la criminalité
en Afrique qui leur permet, désormais, d'engager des actions conjointes
contre les organisations terroristes là où elles sévissent
dans le continent. Cette stratégie, qui repose également sur les
échanges d'informations, a été mise en place lors d'un
colloque tenu dans la capitale mauritanienne Nouakchott par des experts en
matière de lutte contre le terrorisme venus d'Algérie, des
Etats-Unis, de France, du Royaume-Uni, du Maroc, de l'Egypte, de Turquie, du
Sénégal, du Burkina Faso, du Tchad, du Soudan, de Côte
d'Ivoire, du Lesotho, du Zimbabwe, du Cambodge, du Bénin, du Burundi, du
Togo et de Mauritanie (Ahouanye M. L. 2008). Ces experts sont affiliés
au groupe multidisciplinaire international «Fusion task
force», réunissant des policiers de plusieurs pays,
créé par Interpol et chargé de la lutte contre le
terrorisme. Ils ont décidé de mener des « opérations
conjointes transfrontalières pour lutter plus efficacement contre les
menaces terroristes et criminelles » dans le continent.
Si l'Algérie est et reste sans doute le pays d'Afrique
le plus évidemment associé au terrorisme international, ce n'est
pas une surprise qu'il soit aujourd'hui considéré comme la
capitale de la lutte contre le terrorisme sur le continent. C'est ainsi qu'elle
a décidé d'accueillir le
Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces
à la sécurité : d'une Armée « de garde »
vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010
Centre Africain d'Etudes et de Recherche sur le Terrorisme
(CAERT). Ce Centre, basé à Alger, aura pour mission notamment
d'assister les Etats membres de l'Union Africaine dans l'organisation de la
lutte contre le terrorisme a travers l'élaboration d'expertises sur le
terrorisme et des ripostes à envisager contre la menace terroriste, et,
également, de concourir à la mise en oeuvre du plan d'action
visant à priver le terrorisme de ses sources de financement.
En effet la lutte contre le terrorisme passe également
par la répression de son financement. La création par ailleurs du
Groupe Intergouvernemental d'Action contre le Blanchiment d'argent et le
financement du terrorisme (GIABI) et du Groupe d'action financière du
Moyen-Orient et d'Afrique du Nord (GAFIMOAN), témoigne aussi de la
volonté des Etats membres de ces institutions de contribuer à
l'harmonisation des normes relatives à l'action multinationale contre le
financement du terrorisme.
Les manoeuvres stratégiques de lutte contre le
terrorisme ne peuvent véritablement se réaliser et être
efficaces que si elles sont inscrites dans une démarche qui
dépasse le traitement symptomatique du phénomène pour
appréhender les causes profondes qui l'animent. En ce sens, lors de son
intervention à l'occasion de la réunion intergouvernementale de
l'Union Africaine sur la prévention et la lutte contre le terrorisme
à Alger du 11 au 14 septembre 2002, le Président de la
République algérienne Abdel Aziz Bouteflika affirmait ceci :
« le combat contre la pauvreté est peut-être
l'élément premier indispensable de la lutte contre le terrorisme,
car si la pauvreté est humainement et moralement inacceptable, elle est
un facteur destructeur des vertus humaines et des bases de la solidarité
sociale ». Il ressort de ces propos hautement significatifs que plus
de justice sociale (accès à l'eau potable, à
l'alimentation de base, l'éducation élémentaire et aux
soins primaires) contribuerait, à n'en point douter, à
bâtir des piliers de stabilité pour tout le continent et, ipso
facto, à réduire la sensibilité au
Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces
à la sécurité : d'une Armée « de garde »
vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010
discours terroriste. Il s'agit donc là d'une
interpellation sans équivoque à l'endroit de tous les leaders
africains, mais également de la communauté internationale, qui
doivent se hisser à la hauteur de leurs responsabilités et de
leurs engagements pour faire prévaloir le droit à la justice des
plus faibles et des plus démunis (Ahounyane M. L. 2008).
Comme réponse efficace à ce vent
d'insécurité, le gouvernement camerounais au-delà de
l'institution des Forces contre terroristes depuis 1998 à savoir le
Bataillon d'Intervention Rapide (BIR), le Groupement Polyvalent d'Intervention
de la Gendarmerie Nationale (GPIGN), tout récemment le BIR DELTA doit
mettre l'accent sur le renseignement militaire qui demeure le parent pauvre de
son système de défense.