La société camerounaise manifeste une exigence
croissante pour une sécurité individuelle et collective qu'elle
attend de la puissance publique. Ce besoin de sécurité, parfois
du seul ordre du sentiment, s'applique aux Armées et influence leurs
actions dans deux domaines essentiels : la sécurité qu'elles
fournissent au pays et celle que ses membres sont en droit d'attendre. L'aire
des conflits asymétriques élargit les menaces possibles qui ne
demeurent plus circonscrites à la seule action militaire et accentuent
les vulnérabilités de la société (Coste 2007 : 27).
Le siècle naissant laisse émerger un model nouveau. Les
opérations sont désormais marquées par l'importance des
actions autres que le combat, avec des bascules rapides entre différents
types d'action et de comportement. Le soldat de la guerre froide, rodé
dans un seul métier, cède la place à son successeur
beaucoup plus polyvalent, apte à pratiquer des actions fondées
sur des savoirs-faire et des comportements presque opposés, capable
d'action de coercition, de sécurité, d'humanitaire, etc. Le chef
militaire demeure un meneur d'hommes, mais il devient un administrateur, un
négociateur et un
Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces
à la sécurité : d'une Armée « de garde »
vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010
médiateur ; il doit disposer des moyens intellectuels et
matériels de ces nouveaux rôles.
Le nouveau soldat doit comprendre sa place, cruciale mais non
unique dans le règlement des nouveaux conflits. Il doit avoir saisi
toute l'importance de l'action globale et du rôle fondamental des
différents acteurs non militaires, ceux du monde diplomatique, du monde
sécuritaire, du monde humanitaire, du monde économique et des
entreprises. Pour le livre blanc 2008, « la complexité des
crises internationales oblige à définir des stratégies
réunissant l'ensemble des instruments, diplomatiques, financiers,
civils, culturels et militaires, aussi bien dans les phases de
prévention et de gestion des crises proprement dite, que dans les
séquences de stabilisation et de reconstruction après un
conflit » (Desportes 2008 : 8).
Le nouveau soldat doit donc apprendre à préparer
avec les acteurs civils, en amont, cette phase décisive des
opérations qui est la phase de stabilisation. Il doit donc apprendre
à mieux passer du militaire au sécuritaire, de l'urgence
humanitaire au politique de reconstruction et de développement. Il doit
apprendre à passer progressivement le relais dans la marche commune vers
la normalisation, à conjuguer au mieux, pour le règlement de la
crise, l'efficacité militaire et l'efficacité civile. Ces
nouveaux métiers, il ne les apprendra pas dans le seul apprentissage de
la coercition. Il est désormais établit pour certain que, tant en
termes d'équipements que de formation d'hommes, la règle du
« qui peut le plus peut le moins » ne peut s'appliquer car,
il ne s'agit pas de faire un peu moins, mais autrement avec autre chose. Ce
n'est pas une différence de gradation, c'est une différence de
nature. Il s'agit d'une diversification du spectre des actions qui
complexifient encore le métier de soldat, car ce dernier doit demeurer
expert dans ses rôles d'hier tout en excellant, en outre, dans ceux de la
guerre probable. Nous constatons ainsi un vaste élargissement du
métier militaire. Il n'est d'ailleurs que le retour à la
réalité d'hier, le reflet du retour de l'histoire.
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