c) RAPTS DU BETAIL
Une nouvelle génération de « coupeurs de
route » a ainsi vu le jour depuis la fin de quelques années. Ce
sont les bandes armées bien organisées et dont les membres pour
la plupart, des déserteurs des Armées régulières
des pays voisins ou des ex-rebelles pourchassés. Dans la partie
septentrionale du Cameroun, la richesse principale a quatre pattes et se
déplace en troupeau. Les éleveurs et les commerçants de
bétail souvent nomades, vivant à l'écart des autres
populations locales à la recherche des pâturages pour leurs
bêtes sont dans leur collimateur. Lors des rapts, les troupeaux sont
dispersés grâce à une stratégie d'action que seuls
maîtrisent parfaitement leurs acteurs. Si le butin est maigre, ils
s'emparent des femmes et enfants qu'ils ne libèreront qu'en
échange des espèces sonnantes et trébuchantes provenant de
la vente de quelques têtes de bétail. Le bétail
68 Le Quotidien National Cameroon Tribune N°9434/5635 du 15
Septembre 2009, Page 12.
Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces
à la sécurité : d'une Armée « de garde »
vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010
volé est définitivement sorti d'un territoire
national pour être exploité dans un autre (Nkoa Atenga 2007 :
18).
d) LES ITINÉRAIRES PREFERÉS DES
COUPEURS DE ROUTE
Au départ, les attaques des coupeurs de route
s'effectuaient sur la route bitumée. Des sources bien introduites au
Bataillon d'Intervention Rapide de l'Extrême Nord à Maroua
révèlent que la criminalité dans cette région
était de 80% enregistrée le long de la route nationale N°1
qui relie Mora à Kousseri. La zone de Zigue Zigague située entre
Waza et Maltam dans le Logone et Chari était notoirement reconnue comme
étant le repaire de ces bandits. Et l'usager de la route qui traversait
cet endroit avait la chair de poule tant qu'il n'avait pas encore
entièrement quitté la zone. C'est vrai que cette zone difficile
d'accès constitue un refuge certain pour ces personnes sans foi ni lois.
Afin de les empêcher de régner en maître, les pouvoirs
publics ont pris des dispositions spéciales pour sécuriser les
voyageurs qui vont ou qui sortent de Kousseri.
Se sentant constamment traqués le long de cet axe, les
brigands ont évolué dans leurs stratégies. C'est ainsi
qu'ils ont expérimenté les attaques sur les routes secondaires.
C'est le cas de l'axe qui va du carrefour Madaga à Yagoua ; c'est aussi
le cas du tronçon carrefour Gaklé-Mokolo et de nombreuses pistes
de desserte qui lie les localités. Une fois de plus, les Forces de
maintien de l'ordre se sont mises à leurs trousses.
Ces malfrats de plus en plus gênés par la
présence des Forces de maintien de l'ordre se scindent en groupes dans
tous les départements de la région. Des zones dangereuses se sont
alors inventoriées. On parle alors des arrondissements de Mindif, de
Moulvoudaye, de Moutourwa dans le département du Mayo-kani, des
arrondissements de Bogo et Petté dans le département du
Diamaré...Traqués ici, ils se retrouvent quelques jours
après à l'autre bout ; et pour dire vrai, ces malfaiteurs sans
résidence fixe
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à la sécurité : d'une Armée « de garde »
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sont dans la tourmente étant donné que le
dispositif mis au point par les Forces de l'ordre se resserre sur eux comme un
étau.
Mais dans tous les cas, les bases des coupeurs de route sont
bien connues. Elles sont logées soit à une faible distance d'une
frontière, soit dans des lieux d'accès très difficile
à l'instar du « bec de canard » et de l'immense parc de Waza.
Il s'agit en réalité des terrains qu'ils maîtrisent
très bien. Et dès qu'ils s'estiment dans
l'insécurité, ils se réfugient de l'autre
côté de la frontière. En réalité, l'incursion
des malfrats dans une zone est souvent favorisée par le silence complice
des populations qui ne dénoncent pas à temps des présences
suspectes dans leurs localités69.
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