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Les forces armées camerounaises face aux nouvelles formes de menaces à  la sécurité : d'une armée de garde vers une armée d'avant garde 1960-2010

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par Ernest Claude MESSINGA
Université de Yaoundé II-SOA - Doctorat/Ph.D en science politique 2011
  

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c) RAPTS DU BETAIL

Une nouvelle génération de « coupeurs de route » a ainsi vu le jour depuis la fin de quelques années. Ce sont les bandes armées bien organisées et dont les membres pour la plupart, des déserteurs des Armées régulières des pays voisins ou des ex-rebelles pourchassés. Dans la partie septentrionale du Cameroun, la richesse principale a quatre pattes et se déplace en troupeau. Les éleveurs et les commerçants de bétail souvent nomades, vivant à l'écart des autres populations locales à la recherche des pâturages pour leurs bêtes sont dans leur collimateur. Lors des rapts, les troupeaux sont dispersés grâce à une stratégie d'action que seuls maîtrisent parfaitement leurs acteurs. Si le butin est maigre, ils s'emparent des femmes et enfants qu'ils ne libèreront qu'en échange des espèces sonnantes et trébuchantes provenant de la vente de quelques têtes de bétail. Le bétail

68 Le Quotidien National Cameroon Tribune N°9434/5635 du 15 Septembre 2009, Page 12.

Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010

volé est définitivement sorti d'un territoire national pour être exploité dans un autre (Nkoa Atenga 2007 : 18).

d) LES ITINÉRAIRES PREFERÉS DES COUPEURS DE ROUTE

Au départ, les attaques des coupeurs de route s'effectuaient sur la route bitumée. Des sources bien introduites au Bataillon d'Intervention Rapide de l'Extrême Nord à Maroua révèlent que la criminalité dans cette région était de 80% enregistrée le long de la route nationale N°1 qui relie Mora à Kousseri. La zone de Zigue Zigague située entre Waza et Maltam dans le Logone et Chari était notoirement reconnue comme étant le repaire de ces bandits. Et l'usager de la route qui traversait cet endroit avait la chair de poule tant qu'il n'avait pas encore entièrement quitté la zone. C'est vrai que cette zone difficile d'accès constitue un refuge certain pour ces personnes sans foi ni lois. Afin de les empêcher de régner en maître, les pouvoirs publics ont pris des dispositions spéciales pour sécuriser les voyageurs qui vont ou qui sortent de Kousseri.

Se sentant constamment traqués le long de cet axe, les brigands ont évolué dans leurs stratégies. C'est ainsi qu'ils ont expérimenté les attaques sur les routes secondaires. C'est le cas de l'axe qui va du carrefour Madaga à Yagoua ; c'est aussi le cas du tronçon carrefour Gaklé-Mokolo et de nombreuses pistes de desserte qui lie les localités. Une fois de plus, les Forces de maintien de l'ordre se sont mises à leurs trousses.

Ces malfrats de plus en plus gênés par la présence des Forces de maintien de l'ordre se scindent en groupes dans tous les départements de la région. Des zones dangereuses se sont alors inventoriées. On parle alors des arrondissements de Mindif, de Moulvoudaye, de Moutourwa dans le département du Mayo-kani, des arrondissements de Bogo et Petté dans le département du Diamaré...Traqués ici, ils se retrouvent quelques jours après à l'autre bout ; et pour dire vrai, ces malfaiteurs sans résidence fixe

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sont dans la tourmente étant donné que le dispositif mis au point par les Forces de l'ordre se resserre sur eux comme un étau.

Mais dans tous les cas, les bases des coupeurs de route sont bien connues. Elles sont logées soit à une faible distance d'une frontière, soit dans des lieux d'accès très difficile à l'instar du « bec de canard » et de l'immense parc de Waza. Il s'agit en réalité des terrains qu'ils maîtrisent très bien. Et dès qu'ils s'estiment dans l'insécurité, ils se réfugient de l'autre côté de la frontière. En réalité, l'incursion des malfrats dans une zone est souvent favorisée par le silence complice des populations qui ne dénoncent pas à temps des présences suspectes dans leurs localités69.

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