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Les forces armées camerounaises face aux nouvelles formes de menaces à  la sécurité : d'une armée de garde vers une armée d'avant garde 1960-2010

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par Ernest Claude MESSINGA
Université de Yaoundé II-SOA - Doctorat/Ph.D en science politique 2011
  

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2- LA RÉDUCTION DU COUP D'ETAT DU 06 AVRIL 1984

Le 06 Avril 1984, au petit matin, les soldats de la Garde Républicaine investissent la capitale et tente de prendre le pouvoir par la force des armes. Ce putsch manqué suscitera nombre d'interrogations et de commentaires tant à l'intérieure qu'à l'extérieure du Cameroun. Dans son message à la nation le 17 mai 1984, le Chef de l'Etat, Paul BIYA désignera les coupables41. La réaction contre cette tentative de coup d'Etat par les Forces Armées restées fidèles aux institutions de la République est instantanée. Après avoir investi les différents points stratégique de la capitale (Palais Présidentiel, Radio Nationale, aéroport, poste et télécommunication, axes routiers, etc.), les putschistes tentaient d'appréhender plusieurs autorités civiles et militaires, mais la Direction de la Sécurité Présidentielle (DSP) les tenait hors du Palais de l'Unité.

La conduite des opérations est assurée par le Chef d'Etat-Major des Armées (CEMA), le Général Pierre Semengue. Entré en contact radio avec

41 « Oubliant tout devoir tout devoir envers leur pays, quelques centaines de soldats perdus ont enté de renverser la République et de prendre le pouvoir. Cette révolte contre l'autorité légitime, chacun d'entre vous l'a ressentie comme une offense faite à l'unité du Cameroun et comme un crime contre le Président que vous élu démocratiquement... Aux pays amis du Cameroun, je rappelle que nous n'admettons jamais la moindre ingérence dans nos affaires intérieures et que nous ne permettrons pas qu'un seul camerounais futil un vivant témoignage du passé - soit opposé ou préféré ses milliers de compatriotes qui oeuvrent pour le développement et l'harmonie du pays ». Ainsi, dans cette menace contre la sécurité intérieure du Cameroun, le Président de la République avait établi une relation entre la mutinerie dans les Forces Armées camerounaises ourdie par les éléments de la Garde Républicaine d'une part, et des complicités extérieures provenant des pays traditionnellement « amis du Cameroun » d'autre part, le tout au service d'un homme, Monsieur AHMADOU AHIDJO, ancien Président de la République.

Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010

les différentes formations militaires, il ordonne au 11ème bataillon d'infanterie d'Ebolowa commandé par le Chef de bataillon Ebogo Titus de faire mouvement sur Yaoundé. De Douala, les transporteurs type C130 de l'Armée de l'Air camerounaise décolle avec quelques éléments parachutistes des Forces aériennes et de la Marine pour le Centre de Koutaba, base du Bataillon des Troupes Aéroportées, Unité d'élite des Forces d'intervention rapide. A partir de son poste de commandement du Palais de l'Unité, le Président de la République ordonne au Chef d'EtatMajor des Armées d'organiser, sous l'autorité du Ministre d'Etat chargé des Forces Armées, la contre offensive. Le Chef d'Etat-Major Général des Armées (CEMGA)42, chargé de la coordination militaire, réuni les officiers généraux Nganso Sundji et Tataw James, respectivement Chef d'Etat-Major de l'Armée de l'Air et Chef d'Etat-Major de l'Armée de Terre et d'autres officiers supérieurs de la garnison de Yaoundé. Cet Etat-Major de crise va jouer un rôle fondamental dans l'organisation et la conduite de la contre offensive qui aboutira plus tard à la réduction des putschistes.

Le combat urbain s'articule sur trois grands axes :

- Réduire la résistance de la Garde Républicaine de son camp d'Obili, considéré comme leur base arrière ;

- Limiter au maximum le déplacement des blindés et autres engins mobiles de la Garde Républicaine ;

- Déloger les mutins des abords du palais Présidentiel.

Cette action est menée concurremment par les Forces Armées restées loyales dans la capitale et les éléments de renfort des provinces. Le 07 avril, la plupart des mutins s'étant rendu compte de leur débâcle, commencent à déposer leurs armes. A 20 heures, le Président, s'adressant à la nation déclare : « Hier, en effet, (...), des éléments de la Garde Républicaine ont

42Le Chef d'Etat-Major des Armées (CEMA), le Général Pierre SEMENGUE est nommé Chef d'Etat-Major Général des Armées (CEMGA) par le décret présidentiel du 06 Avril 1984.

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entrepris la réalisation d'un coup d'état (...), avec pour finalité la mainmise par la violence sur le pouvoir politique. Des unités régulières de notre Armée Nationale, demeurées fidèles aux institutions et qui avaient reçu les ordres pour enrayer le coup de force, conduisirent le combat avec méthode et détermination et, aboutirent en fin de matinée de ce jour à une victoire complète ».

La tentative de coup d'état de la Garde Républicaine ayant été vaincue par les Forces Armées camerounaises, cette dernière sera dissoute et remplacée par la Garde Présidentielle (Ela Ela 2000 : 246-248).

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