Le 06 Avril 1984, au petit matin, les soldats de la Garde
Républicaine investissent la capitale et tente de prendre le pouvoir par
la force des armes. Ce putsch manqué suscitera nombre d'interrogations
et de commentaires tant à l'intérieure qu'à
l'extérieure du Cameroun. Dans son message à la nation le 17 mai
1984, le Chef de l'Etat, Paul BIYA désignera les coupables41.
La réaction contre cette tentative de coup d'Etat par les Forces
Armées restées fidèles aux institutions de la
République est instantanée. Après avoir investi les
différents points stratégique de la capitale (Palais
Présidentiel, Radio Nationale, aéroport, poste et
télécommunication, axes routiers, etc.), les putschistes
tentaient d'appréhender plusieurs autorités civiles et
militaires, mais la Direction de la Sécurité
Présidentielle (DSP) les tenait hors du Palais de l'Unité.
La conduite des opérations est assurée par le Chef
d'Etat-Major des Armées (CEMA), le Général Pierre
Semengue. Entré en contact radio avec
41 « Oubliant tout devoir tout devoir envers leur
pays, quelques centaines de soldats perdus ont enté de renverser la
République et de prendre le pouvoir. Cette révolte contre
l'autorité légitime, chacun d'entre vous l'a ressentie comme une
offense faite à l'unité du Cameroun et comme un crime contre le
Président que vous élu démocratiquement... Aux pays amis
du Cameroun, je rappelle que nous n'admettons jamais la moindre
ingérence dans nos affaires intérieures et que nous ne
permettrons pas qu'un seul camerounais futil un vivant témoignage du
passé - soit opposé ou préféré ses milliers
de compatriotes qui oeuvrent pour le développement et l'harmonie du pays
». Ainsi, dans cette menace contre la sécurité
intérieure du Cameroun, le Président de la République
avait établi une relation entre la mutinerie dans les Forces
Armées camerounaises ourdie par les éléments de la Garde
Républicaine d'une part, et des complicités extérieures
provenant des pays traditionnellement « amis du Cameroun » d'autre
part, le tout au service d'un homme, Monsieur AHMADOU AHIDJO, ancien
Président de la République.
Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces
à la sécurité : d'une Armée « de garde »
vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010
les différentes formations militaires, il ordonne au
11ème bataillon d'infanterie d'Ebolowa commandé par le
Chef de bataillon Ebogo Titus de faire mouvement sur Yaoundé. De Douala,
les transporteurs type C130 de l'Armée de l'Air camerounaise
décolle avec quelques éléments parachutistes des Forces
aériennes et de la Marine pour le Centre de Koutaba, base du Bataillon
des Troupes Aéroportées, Unité d'élite des Forces
d'intervention rapide. A partir de son poste de commandement du Palais de
l'Unité, le Président de la République ordonne au Chef
d'EtatMajor des Armées d'organiser, sous l'autorité du Ministre
d'Etat chargé des Forces Armées, la contre offensive. Le Chef
d'Etat-Major Général des Armées (CEMGA)42,
chargé de la coordination militaire, réuni les officiers
généraux Nganso Sundji et Tataw James, respectivement Chef
d'Etat-Major de l'Armée de l'Air et Chef d'Etat-Major de l'Armée
de Terre et d'autres officiers supérieurs de la garnison de
Yaoundé. Cet Etat-Major de crise va jouer un rôle fondamental dans
l'organisation et la conduite de la contre offensive qui aboutira plus tard
à la réduction des putschistes.
Le combat urbain s'articule sur trois grands axes :
- Réduire la résistance de la Garde
Républicaine de son camp d'Obili, considéré comme leur
base arrière ;
- Limiter au maximum le déplacement des blindés et
autres engins mobiles de la Garde Républicaine ;
- Déloger les mutins des abords du palais
Présidentiel.
Cette action est menée concurremment par les Forces
Armées restées loyales dans la capitale et les
éléments de renfort des provinces. Le 07 avril, la plupart des
mutins s'étant rendu compte de leur débâcle, commencent
à déposer leurs armes. A 20 heures, le Président,
s'adressant à la nation déclare : « Hier, en effet,
(...), des éléments de la Garde Républicaine ont
42Le Chef d'Etat-Major des Armées (CEMA),
le Général Pierre SEMENGUE est nommé Chef d'Etat-Major
Général des Armées (CEMGA) par le décret
présidentiel du 06 Avril 1984.
Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces
à la sécurité : d'une Armée « de garde »
vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010
entrepris la réalisation d'un coup d'état
(...), avec pour finalité la mainmise par la violence sur le pouvoir
politique. Des unités régulières de notre Armée
Nationale, demeurées fidèles aux institutions et qui avaient
reçu les ordres pour enrayer le coup de force, conduisirent le combat
avec méthode et détermination et, aboutirent en fin de
matinée de ce jour à une victoire complète ».
La tentative de coup d'état de la Garde
Républicaine ayant été vaincue par les Forces
Armées camerounaises, cette dernière sera dissoute et
remplacée par la Garde Présidentielle (Ela Ela 2000 :
246-248).