D'abord principalement menée par les Forces coloniales
de l'Afrique Equatoriale Française (AEF), la lutte contre la
rébellion sera l'objectif principal des Forces Armées
camerounaises après l'accession à l'indépendance politique
du pays et, surtout avec la « camerounisation » des cadres de
l'Armée camerounaise. Avec le mouvement de rébellion auquel fait
face le Cameroun, les questions qui ont trait au département au
département de la défense reste « secret » voire «
très secret » (Ela Ela 1995 : 12). Le 13 Septembre 1958, une
patrouille des hommes du Capitaine français Agostino abat Um Nyobe, chef
charismatique de l'UPC disposant d'un véritable soutien populaire et
développant des positions plus radicales que le Rassemblement
Démocratique Africain (RDA) (Granvaud 2009 : 32). La rébellion en
pays Bassa va ainsi perdre son âme et va vigueur. Celle-ci va se
réorganiser un an plus tard autour de Félix Moumié qui va
prendre les reines du mouvement, assisté d'Abel Nkingue et Ernest
Ouandje. Originaire de l'Ouest Cameroun, Moumié en exil au Caire
déclare que « la révolution continuera au Cameroun tant
que l'indépendance réelle
Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces
à la sécurité : d'une Armée « de garde »
vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010
ne sera pas atteinte ». Au côté
des méthodes administratives40 de lutte contre la
rébellion essentiellement passive, les autorités camerounaises
vont également engager les Forces Armées nouvellement
créées sur les fronts Ouest et Sud. Alors que la lutte contre la
rébellion bat son plein à l'Ouest du pays, Félix
Moumié est empoissonné à Genève le 15 Octobre 1960,
Monseigneur Ndogmo et Ernest Ouandjie sont jugés par le tribunal
militaire de Yaoundé. Ouandjie est exécuté publiquement le
15 Janvier 1971 à Bafoussam, marquant ainsi symboliquement la
disparition de la direction de la rébellion dans la région de
l'Ouest Cameroun. Osendé Afana et ses amis vont réorganiser les
forces rebelles au Sud dès 1963. Ces derniers seront rapidement
dénoncés aux autorités camerounaises. Le 15 mars 1966,
après plusieurs échappées, ils tombent sous les balles des
Forces de l'ordre, entraînant ainsi la fin de la rébellion dans la
région du Sud-est du Cameroun.
Le dernier front de résistance sis dans la
région de Djoum dirigé par Woungly Massaga, Ndoh Michel et
Zé Zé Samuel mobilise les populations contre le régime
établi et, créé une organisation politique clandestine
à travers les villages et animées par les cadres moyens. Face
à la montée de la popularité des rebelles dans la
région, le Commandant en chef de l'Armée de Terre va monter une
opération d'envergure qui permettra de repousser les rebelles vers les
territoires congolais. Une compagnie d'infanterie sera d'ailleurs
installée à Mbalam près de la frontière congolaise
pour faire face aux éventuels assauts des rebelles. Coupés de
leur soutien congolais et harcelés par les Forces Armées
camerounaises, les rebelles se sont essoufflés et le front de DJOUM
démantelé en 1971.
40Les ministres des Forces Armées et de
l'Administration Territoriale vont dès 1960, effectuer les multiples
visites dans les régions ou sévit la rébellion afin
d'exposer la politique du nouveau gouvernement. Deux méthodes sont
adoptées par les autorités camerounaises : L'action psychologique
« L'opération du cadi et du chien noir » et l'encadrement
administratif (le redécoupage administratif de l'Ouest et l'isolement
des zones contaminées). (ELA Ela 2000 : 240-241)
Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces
à la sécurité : d'une Armée « de garde »
vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010
Cette lutte pour l'Unité Nationale va poursuivre son
chemin sans grande distorsion, jusqu'à la démission du
Président Ahamadou Ahidjo, le 04 novembre 1982, au profit de son
successeur constitutionnel, Paul Biya. Deux ans après cet
événement important, la Cameroun va connaître une tentative
de coup d'état rapidement maîtrisé par les Forces
Armées camerounaises.