Les Forces Armées camerounaises
bénéficient des équipements souvent très
coûteux, des crédits élevés pour l'entretien de
ceux-ci. Ces matériels sophistiqués nécessitent une
formation poussée des cadres et des techniciens devant les mettre en
oeuvre.
En ce qui concerne l'entraînement des Forces, les
crédits nécessaires n'ont pas toujours suivi. La crise
économique que connaît le pays reste la principale cause et a
entraîné une dégradation très avancée des
investissements consentis. Néanmoins, les Forces Armées
camerounaises, depuis leur création, organisent des manoeuvres au niveau
national et multinationales lorsque le budget du département de la
défense le permet. Les manoeuvres d'envergure nationale sont
menées pour atteindre un certain nombre d'objectifs et
représentent un nombre assez limité.
L'un des objectifs majeurs des manoeuvres d'envergure
nationale est, en effet, d'étudier la participation des autorités
civiles et de la population aux côtés des Forces nationales dans
une situation de défense opérationnelle du territoire. Il s'agit
également d'améliorer cette participation à la
défense commune, plus particulièrement en ce qui concerne
l'organisation et le fonctionnement des « Etats-Majors territoriaux
», nom que prennent les comités de coordination lorsqu'il y'a
création d'un Commandement Opérationnel. L'aspect purement
militaire n'est pas toute fois négligé. Ces manoeuvres ont aussi
pour but de faire progresser l'instruction et l'entraînement des
élèves officiers et, de l'ensemble des Forces Armées tout
en étudiant la coopération interarmes et interarmées.
Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces
à la sécurité : d'une Armée « de garde »
vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010
Après la période précédent la
lutte contre la rébellion et le retour des Forces Armées dans les
casernes (dès 1970), il s'est posé le problème de
l'entraînement des Forces en temps de paix. Il a été
décidé de mener des exercices non seulement au niveau des
unités élémentaires, mais également à
l'échelon de chaque Armée et au niveau interarmées.
D'où les grands exercices tels que BARRACUDA (1972), BUFFLE NOIR (1973),
SAWA 2006 etc.
L'exercice BARRACUDA s'est déroulé du 05 au 19
Janvier 1972 dans la région méridionale du pays
(département du Ntem et de Kribi), au nord du fleuve Ntem à
proximité de la frontière de la Guinée Equatoriale. Cette
zone, à cheval sur la plaine côtière et les plateaux
cristallins est caractérisée par un climat de type
guinéen, une végétation de forêt dense et une
population relativement abondante de Fang. Le thème
général de l'exercice était « la défense
opérationnelle d'une zone frontalière dans le cadre d'une action
subversive appuyée de l'extérieur par les commandos ennemis
infiltrés, débarqués ou parachutés ». Il
s'agit d'un exercice de « défense globale » impliquant la
participation, aux côtés des Forces nationales : Gendarmerie,
Armée de Terre, Sûreté, formation prémilitaire,
appuyée par la Marine et l'Aviation, des autorités civiles et
surtout des populations. Les exercices futurs se déroulent dans cet
esprit général.
L'exercice BUFFLE NOIR quant à lui s'est
déroulé du 17 avril au 19 avril 1973, en ambiance de
défense opérationnelle du territoire, dans le département
de la haute Sanaga aux environ de Nanga Eboko à proximité de la
voie ferrée Douala-Yaoundé-Ngaoundéré. La situation
imaginée fut la suivante : « Dans le courant du mois d'avril
1973, des menaces très précises de la part
d'éléments, soutenus de l'extérieur étaient
décelées par les services de renseignement au nord du massive de
l'Adamaoua à la hauteur d'une ligne Tcholliré-Poli
».
Il faut également noter que l'année 1977 a vu les
Forces Armées camerounaises manoeuvrer dans le cadre de l'exercice
MEMOUMOUNGO
Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces
à la sécurité : d'une Armée « de garde »
vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010
dans le département du Mungo. Ce dernier s'est
également déroulé dans le même esprit de
défense opérationnelle du territoire.
Le 03 février 2000, au journal national de 13 heures,
le Ministre de la Défense du Cameroun a annoncé que les Forces
Armées feront un exercice interarmées dans la province du
Sud-ouest. Cet exercice dénommé ALIGATOR 2000, aura pour
thème général « Repousser un ennemi venant de la
mer » (Ela Ela 2000 : 218-219).
L'exercice SAWA 2006 du RECAMP (Renforcement des
Capacités Africaines de Maintien de la Paix) multinational s'est
déroulé dans la capitale économique du Cameroun du 12 au
23 Novembre 2006. Il a donné l'occasion aux responsables militaires, aux
officiers planificateurs et participants de tester les procédures
sous-régionales en matière de maintien de la paix. Pour nombre
d'observateurs, cette rencontre a été un succès
éclatant. Le dispositif militaire mis en place comporte la DIREX
(Direction de l'Exercice) sous la supervision conjointe du
Général de division aérienne Roger Renard et du
Général de Brigade Hector Marie Tchemo, respectivement
co-directeur français et camerounais. La DIREX assure, en collaborant
avec le représentant du Secrétariat Général de la
CEEAC, la conduite stratégique : évolution du mandat, emploi des
réserves stratégiques, moyens, soutien, finances.
Le niveau tactique de la force comprend 4 composantes :
· Une composante Terre installée au camp Bassa et
articulée en 9 PC Bataillon, donc 2 du Cameroun, 1 de l'Angola, 1 de la
République Démocratique du Congo, 1 du Burundi et du Rwanda, 1 de
la République Centrafricaine et Guinée Equatoriale, 1 de la
République du Congo, 1 du Tchad, 1 du Gabon ;
· Une composante Air implantée à la base
aérienne 201 et disposant de 3 avions Hercule C130 (Cameroun et Gabon),
1 A310 belge et 2 ULM Tétras camerounais ;
Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces
à la sécurité : d'une Armée « de garde »
vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010
· Une composante mère installée à
la base navale et disposant de 2 patrouilleurs gabonais, 2 patrouilleurs
camerounais et d'une frégate française, le germinal ;
· Une composante Gendarmerie installée
également à la base navale.
Il s'agissait d'un exercice d'appropriation des
procédures sous régionales, exercice pendant lequel deux semaines
durant, un millier d'officiers originaire des 11 Etats membres de la CEEAC
étaient à pieds d'oeuvre dans les différents PC pour
décortiquer le scénario de l'exercice qui consiste à
engager une force multinationale dans un Etat fictif appelé WENAMEL, en
proie aux remous. Le conflit, initialement interne, s'internationalise dans la
mesure où la stabilité des pays limitrophes est menacée.
Il convient de gérer la crise conformément à un des six
scénarios retenus par l'Union Africaine dans son document
intitulé Version 2010 de la Force Africaine en Attente (FAA). Ceci
implique le déploiement d'un élément militaire de
sécurisation appuyé par une composante police qu'il lance au plus
tôt les opérations de stabilisation en coordination avec les
humanitaires et les acteurs de la reconstruction (SSR/DDR : Security Sector
Reform ou Reforme du Secteur de Sécurité / Désarmement,
Démobilisation & Réintégration ou Désarmement,
Démobilisation et Réinsertion). La mission exige, d'une part, une
bonne maîtrise de l'outil informatique, car les ordres sont
données et reçus par le biais d'un réseau
interconnecté, et d'autre part, des moyens SIC fiables, notamment des
réseaux téléphoniques, informatiques et internet
sécurisés. En somme, cet aspect militaire a mis en exergue des
éléments stratégiques de planification (PLANELM) de
l'Union Africaine et de la CEEAC conçus dans un processus global de
planification, ainsi les niveaux opératif (force de
théâtre) et tactique (bataillons).
En marge de l'exercice, un certain nombre de stages ont
été organisés à Douala et à Yaoundé
dans le but de préparer les officiers aux procédures de maintien
de la paix. Ainsi, 130 officiers de la CEEAC dont 14 camerounais ont suivi le
cours de perfectionnement aux opérations de
Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces
à la sécurité : d'une Armée « de garde »
vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010
maintien de la paix à l'EMIA de Yaoundé. Un
cours de perfectionnement aux techniques de maintien de l'ordre s'est
déroulé au CPTMO (Centre de Perfectionnement aux Technique de
Maintien de l'Ordre) d'Awaé au profit de 20 officiers de la CEEAC, dont
10 camerounais sur l'encadrement des instructeurs Français, Italiens,
Suédois et Camerounais. Un stage de perfectionnement aux
opérations de maintien de la paix des personnels de la santé a
réuni à Douala 25 médecins de la CEEAC donc 5 du Cameroun
sous l'encadrement des instructeurs hollandais et camerounais. 21 autres
officiers ont suivi le stage CIMIC (Civil-Military Cooperation) à
Yaoundé sous l'encadrement des instructeurs Danois et Camerounais. Un
stage de pilotes observateurs se tient à la base aérienne 201 au
profit de six officiers du Cameroun, du Gabon, de la République du Congo
et de la RDC. Enfin, un stage d'action de l'Etat en mer a été
organisé au profit des équipages des navires engagés dans
l'exercice et encadrés par les instructeurs Camerounais et
Français. Ce fut plus qu'un exercice d'Etat-Major (Onana
Mfégé 2007 : 26-27).