Les enseignants marocains, entre engagement et prise de distance( Télécharger le fichier original )par Rabia EL ANTAKI Université de Rouen - M1 2010 |
2.4- Perception du métier30 - Claire Héber-Suffrin. Le travail en équipe, http://www.pedagopsy.eu/le travail en equipe.htm 31 - Ibid. 32-Cléopatre Montandon, les relations des parents avec l'école, Lien Social et Politique- Riac, 35. 1996 http://www.isp-formation.fr/IMG/pdf/relations_ecole_famille_Montandon.pdf Perceptions personnelles versus Perceptions sociales Quand un enseignant se trouve enfermé dans une pratique monotone, une formation caduque et déficiente et un vécu laborieux, il peut devenir sujet à de nombreuses tensions provenant des attentes des familles, des exigences des institutions scolaires, des devoirs de réajustements aux réformes continues et aux impératifs de missions plurielles (C. DEJOURS 2000). Ces tensions créent chez l'enseignant une perception défensive qui se manifeste en une image trop valorisante de soi. Souvent, les enseignants peuvent mettre en avant un égo idéal qui met en oeuvre tous les moyens pour servir ce métier et s'y dévouer entièrement. Il s'agit d' « une tendance à une présentation de soi fortement idéalisée et stéréotypée [...], c'est-à-dire la présentation d'une image de soi professionnelle qui corresponde à la norme idéale, d'un besoin de paraître "tel qu'il faut être" et non pas "tel qu'on est" » ( Johanne Gaudet, Rosane Valois et Yvonne da Silveira 1996)33 Cette image de soi idéalisée n'est cependant pas générale chez tous les enseignants. Il ya ceux dont l'estime de soi est constant alors que d'autres se trouvent sujets à des crises existentielles et de remise en question, de déception ou de ce que Huberman appelle ` Burn-out ' (M. Huberman, 1989, b). La complicité avec le métier peut laisser la place à l'épuisement professionnel et à une image plus incertaine de son métier. Certains enseignants peuvent même se dévaloriser et vivre mal leurs images au point que certains souffrent de dépressions à cause, entre autre, de cette crise d'identité d'autant plus qu'il existe une certaine divergence entre l'image sociale de l'enseignant, et l'image que l'enseignant lui-même a de son image. Tandis que certains enseignants ont de l'estime de soi, un sentiment fort de compétence, et ne cessent d'avancer le fait qu'ils assument leurs responsabilités pleinement, la société ne leur reconnait souvent pas ce statut qu'ils jugent idéal. (J. M. Esteve ; F. B. A. Fracchia 1984). Ces enseignants sont parfois conscients mais souvent inconscients de cette image dévalorisante des élèves, de l'administration, des parents et de la société en général. La perception que peuvent avoir les élèves de leurs enseignants peut être dévalorisante. La relation enseignant-élève connait partout dans le monde une tension indéniable. Beaucoup d'élèves manquent de respect à l'égard de leurs enseignants et n'hésitent pas à se comporter avec arrogance ou insolence. Ceci peut provenir partiellement de la perception qu'ils ont de 33 - Johanne Gaudet, Rosane Valois et Yvonne da Silveira « Représentation du soi professionnel des enseignants » Revue des sciences de l'éducation, version numérique http://id.erudit.org/iderudit/031849ar leurs enseignants. Pour ces élèves, il existe des enseignants qui font du favoritisme, d'autres qui profèrent des agressions verbales et d'autres qui commettent des actes de violence à l'égard des élèves. D'autres enseignants, pour les élèves, manquent de personnalité au sein de la classe et laissent le control échapper de leurs mains (É DEBARBIEUX 2004). Cette perception diffère selon les points de vue des élèves, des parents, de l'administration, des médias ou de tout autre acteur social, mais il n'en demeure pas moins qu'elle est encline à être pleine de stéréotypes et de préconceptions (PB Joseph, GE Burnaford. 2001). Une perception trop idéale de soi et une perception sociale plutôt négative pourraient-elles agir sur l'engagement ou le désengagement de l'enseignant ? A la lumière de tout ce qui a précédé, on peut toujours se demander si l'engagement de l'enseignant provient effectivement d'une formation appropriée, de pratiques à la hauteur des exigences actuelles, d'un environnement favorable à rendre le vécu quotidien de l'enseignant agréable et d'une perception personnelle et sociale compréhensive et réelle. Comme on peut pareillement se demander si l'absence de ces facteurs joue un rôle fondamental sur le désengagement de l'enseignant Marocain. Philippe Meirieu pense qu': « Un monde qui ne donne pas la priorité à l'éducation s'englue dans son présent. Il n'a pas d'avenir. Un monde qui ne fait pas à ses enseignants la place qui leur est dû est un monde perdu. En revanche, un monde qui parie sur ses enseignants peut retrouver l'espérance » (Philippe Meirieu L'éducation et le rôle des enseignants à l'horizon 2020)34 |
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