3.1.2.4 Données concernant le vécu quotidien
de l'enseignant
L'examen de la relation qui peut exister entre Le vécu
quotidien de l'enseignant et son engagement ou son désengagement a fait
ressortir les résultats suivants : 93,75% disent que c'est un
vécu « pénible sans issues qui se déroule dans un
climat de non confiance et de tensions, de mauvaise foi, conflits...
» ; 6,25% cependant, pensent qu'il s'agit d'un vécu plus au moins
agréable. Pour 68,75% de ces interviewés, ce vécu a
changé en pire à cause de la politique éducative, du boom
technologique et des nouveaux rôles que doit jouer l'enseignant. En
revanche, pour 6,25% le vécu a changé en mieux car il ya des
réformes en faveur de l'enseignant « plus de
responsabilités incombent aux élèves qui sont devenus
responsables de leurs propres apprentissage, donc moins de taches pour
l'enseignant ». Il demeure que 25% des enseignants disent qu'il n ya
pas eu de changements.
D'autres questions étaient posées sur
l'environnement scolaire dont lequel ce vécu se façonne. Il a
été question d'abord d'environnement physique à savoir :
l'infrastructure du lycée, les équipements et les supports
éducatifs. 100% des enquêtés ont affirmé «
qu'il n ya pas d'équipements et qu'il ya dégradation du peu
d'équipement qu'il ya. Les méthodes, les
programmes, les outils ont changé mais pas
l'équipement. Par exemple, les élèves grandissent, mais
ils s'assoient sur les mêmes tables durant toute leur scolarité
(de 6 à 18 ans). On nous demande beaucoup, mais on n'offre aucuns moyens
: c'est un environnement physique catastrophique». En ce qui concerne
l'environnement socio-affectif 93,75% voient que « tout le monde fuit
ses responsabilités et il n ya aucune coopération entre les
collègues » les 6,25% restants disent qu'il ya une
coopération moyenne.
La coopération avec l'administration a
été aussi l'une des questions clés de cette recherche. Il
en ressort que 81,25% confirment que « L'administration ne fournit
jamais d'aides, c'est une administration très conservatrice qui
n'accepte pas l'innovation » « la relation entre l'enseignant et
l'administration est une relation verticale ». Toutefois 18,75% des
enseignants considèrent que l'administration fournit parfois de
l'assistance « si je suis malade, je téléphone, et le
proviseur me donne le temps d'apporter un certificat médical »
« quand j'ai besoin de la télé, l'intendant me la donne sans
problème». Et sous ce même angle de coopération,
les enseignants étaient interrogés sur leur coopération
avec les parents d'élèves. 100% disent qu'ils n'ont jamais pu
collaborer avec aucun des parents de leurs élèves.
Est-ce que ce vécu se façonne également
par un autre facteur qui est l'emplacement du lycée ? Est-ce que le
fait de travailler dans la périphérie ou dans le centre est
important ? Dans quel sens ? 81,25% révèlent que le
vécu de l'enseignant se trouve influencé par l'emplacement «
dans la périphérie les élèves sont plus
disciplinés : (même si leur niveau est bas), ceci facilite le
travail de l'enseignant, par contre dans le centre même si le niveau des
élèves est bon, ils sont indisciplinés, ce qui influe
négativement sur le travail de l'enseignant. Il ya moins de discipline
dans le centre mais les élèves sont plus éveillés,
plus audacieux et plus entreprenants» « L'image de
l'enseignant est moins valorisée dans le centre ». 12,5%
avancent que la périphérie est marginalisée : «
La périphérie est stagnante, rien ne bouge. Les filles ne
continuent pas car elles doivent se marier. Les élèves dans le
centre sont au courant de ce qui se passe, des nouveautés. Dans La
périphérie tout le monde est marginalisé ».
Néanmoins 6,25% disent qu'il n'ya aucune différence entre le
centre et la périphérie « dans les deux, l'enseignant
travaille dans les mêmes conditions : un tableau noir et de la craie
»
Il est quand même assez important de noter qu'entre le
travail de l'enseignant dans la périphérie ou dans le centre, il
ya des différences très significatives. 92,18% des
enquêtés qui travaillent dans la périphérie se
disent déçus, méfiants et pessimistes. Seulement 7,14%
d'entre eux se disent optimistes. En revanche, dans le centre 50% des
interviewés disent
pouvoir implémenter des changements et adoptent une vision
plus optimiste en se disant plus au moins satisfaits de leur travail et de leur
vécu.
Emplacement
|
Vécu agréable
|
Vécu pénible
|
Périphérie
|
7,14%
|
92,18%
|
Centre
|
50%
|
50%
|
Tableau décrivant le vécu quotidien des
enseignants selon l'emplacement de l'établissement
Les enseignants étaient loquaces sur la question de
l'instauration d'un bon climat plus propice à un travail efficace.
56,25% pensent qu'il faut instaurer le dialogue et la coopération
professionnelle en impliquant tous les acteurs du champ éducatif y
compris les parents « Il faut onjuguer les efforts de tous les acteurs
sociaux, répandre une culture positive qui valorise l'enseignant
». 37,5% disent qu'il faut « réduire la surcharge des
élèves dans les classes, adapter les méthodes et les
programmes aux réalités du lycée Marocain et impliquer les
enseignants dans la prise de décisions éducatives »
« il faut travailler au niveau national et local pour la
résolution des problèmes. Il faut opter pour une bonne
orientation des élèves, imposer la discipline, réduire les
leçons et changer les programmes actuels par des programmes qui sont en
harmonie avec la réalité du pays, il faut aussi changer des
méthodes incompatibles avec la réalité de la classe
Marocaine » « il faut arrêter d'aggraver les problèmes
des enseignants avec des affectations qui perturbent les familles des
enseignants, les enseignants ne se concentrent pas sur leur travail
». 37,5% disent qu'il est temps de « Valoriser l'enseignant
matériellement et l'accompagner moralement « l'accompagnement
de l'enseignant est une urgence, il ne faut plus qu'il soit isolé : par
exemple quand l'enseignant a des problèmes avec un élève,
on n'arrête pas de dire que l'élève est un gentil, qu'il
faut l'excuser. L'administration est toujours à coté de
l'élève » 31,25% des enseignants disent qu'il faut que
les enseignants doivent se dresser comme des agents de changements, de
liberté et d'ouverture et introduisent dans leurs pratiques des
innovations. 25% croient qu'il faut déstresser l'environnement scolaire,
encourager le parascolaire, soutenir les projets éducatives et offrir
des équipements adéquats. 18,75% pensent qu'il faut offrir une
formation de qualité avec des visées pragmatiques bien claires,
ce même pourcentage des enquêtés évoque le fait qu'il
est indispensable d'imposer la discipline aux élèves.
L'analyse des données a révélé que
le parcours professionnel, la pratique, la perception et le vécu
quotidien sont vus tantôt de la même façon par tous les
enseignants, tantôt vus différemment selon l'ancienneté
dans le métier.
Ancienneté
|
Parcours professionnel
|
Pratique
|
Perception
|
Vécu quotidien
|
Parcours professionnel plutôt
formateur
|
Parcours non
formateur
|
Réflexive mais rarement
évolutionniste
|
Diverses mais traditionnelle pas de supports technologiques
|
Moins valorisante
|
idéaliste
|
agréable
|
pénible
|
Enseignants entre 5-10 ans
d'ancienneté
|
20%
|
80%
|
10%
|
90%
|
80%
|
20%
|
10%
|
90%
|
Enseignants entre 10-15 ans
d'ancienneté
|
0%
|
100%
|
50%
|
50%
|
0%
|
100%
|
0%
|
100%
|
Enseignants entre 15-20 ans
d'ancienneté
|
10%
|
90%
|
40%
|
60%
|
0%
|
100%
|
10%
|
90%
|
Tableau récapitulatif des 4 facteurs influant
l'engagement ou le désengagement des enseignants selon
l'ancienneté
Il est important de noter que le parcours professionnel et le
parcours de formation de tous les enseignants est plutôt non formateur
puisque seulement 20% des enseignants qui sont au début de leur
carrière, 10% des enseignants expérimentés disent avoir un
parcours professionnalisant. Ceux qui sont à la mi-carrière
avouent que leur parcours est non professionnalisant. Les enseignants les plus
expérimentés présentent un pourcentage assez
conséquent quant à la réflexivité qu'ils
introduisent dans leurs pratiques 40%, ceux qui sont à la
mi-carrière affirment également adopter cette démarche
50%. Cependant, les nouveaux venus dans le métier affirment que leurs
pratiques manquent de réflexivité et d'innovations. Les
enseignants dont l'ancienneté varie entre 10 et 20 ans affirment qu'ils
sont satisfaits de leurs image à 100%, il n'ya que ceux qui sont dans le
début de leur carrière qui disent douter de cette image
idéale 80%. Quant au vécu quotidien, tous les enseignants sont
d'accord qu'il s'agit d'un vécu pénible, un pourcentage infime
renvois à un vécu plus au mois agréable 10%.
Une analyse croisée permet, en fait de monter que les
enseignants dont la formation est quasi absente, malgré une pratique que
50% d'entre eux disent non traditionnelle, mettent en avant une image de soi
trop idéaliste et soufrent énormément d'un vécu
pénible à 100% (les enseignants entre 10-15 ans
d'ancienneté). Ceux, qui ont un parcours professionnel relativement
formateur mais dont la pratique est traditionnelle, ont une perception
réaliste de
leur métier et leur vécu est un peu moins
pénible (90%) (Enseignants entre 5-10 ans d'ancienneté). Ceux
dont le parcours n'est pas vraiment professionnalisant (seulement 10% ont
reçu des formations) mais dont la pratique présente un taux assez
important de réflexivité (40%) disent également souffrir
d'un vécu pénible (90%). Leur perception est aussi trop
idéaliste (Enseignants entre 15-20 ans d'ancienneté)
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