B. L'application théorique à l'UEMOA
Le soubassement de toute théorie de
l'intégration régionale est la mobilité des facteurs de
production, des biens et des services. Il se pose alors, en dépit de la
diversité des acceptions liées à la notion de
l'intégration, la question unique qui pose la problématique de
l'insertion spatiale des sociétés et surtout de la
disponibilité des outils de mobilité. ROBSON P. est plus
affirmatif sur ce point quand il avance que, quelle que soit sa forme ou sa
dimension, l'intégration régionale implique nécessairement
une libre circulation des facteurs de production, ainsi que des biens et des
services.
L'UEMOA est guidée dans sa construction par la logique
de l'union économique qui est un marché commun accompagné
d'une harmonisation ou d'une coordination des politiques économiques,
monétaires, financières et sociales des pays membres. En ce sens,
la mise en place du Tarif Extérieur Commun (TEC) plafonné
à 22% des droits d'entrée dans l'Union fait penser à la
conception volontariste ancienne ou protectionniste de l'intégration.
Par ailleurs, l'institution d'une coordination des politiques sectorielles
nationales par la mise en oeuvre d'actions et de politiques communes dans les
domaines tels que l'aménagement d'un territoire communautaire,
l'agriculture, l'environnement, les transports, les infrastructures. rappelle
la conception de l'économie géographique axée sur
l'intégration spatiale. Dans cette optique, la franchise totale de taxes
pour les produits de l'agriculture, de l'élevage, de l'artisanat et leur
réduction de 30% sur les produits industriels agréés
originaires de l'Union permet de se référer à la
conception libérale de l'intégration. En ce qui concerne la
conception de la nouvelle économie industrielle, elle trouve son
application au sein de l'espace UEMOA dans la politique industrielle commune
lancée en décembre 1999.
Il est évident que les théories telles
qu'énoncées par HUGON P. ne sont ni exclusives, ni exhaustives.
Il convient de dire que, dans la pratique, leur application tient plus compte
des réalités politiques internes et externes de l'espace. Elles
peuvent en ce sens se fondre ou être complétées pour
s'adapter au contexte. L'union monétaire peut donc, contrairement
à ce que
l'on pense au vu de l'exemple européen,
précéder l'intégration économique. D'ailleurs,
l'UMOA a précédé à bien des égards l'UEMOA
qui met l'accent sur une intégration économique et
commerciale7. Cette mutation mérite alors d'être
analysée sous forme de l'historique de la construction de l'espace
communautaire.
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