B. L'insécurité liée aux bandes
criminelles
Un des défis à lever en matière de
sécurité des usagers de la route reste la prolifération
des bandes organisées. Les braquages deviennent depuis les années
1990 de plus en plus
fréquents sur les routes communautaires. C'est pourquoi
les Etats doivent faire face à cette question afin d'en trouver des
solutions autant en leur sein qu'au niveau communautaire.
La mise en place des convois escortés dans le cadre du
projet « Solidarité sur la mer » du Port Autonome de
Lomé en partenariat avec les pays de l'hinterland est de ce point de vue
une initiative à encourager et à étendre. On note
d'ailleurs sur ce point que tous les pays se sont conjointement engagés
dans cette perspective. C'est pourquoi, dans la coopération des services
de sécurité des huit Etats de l'UEMOA, la collaboration
frontalière occupe une place importante et permet aux forces de
sécurité des différents pays de relayer leurs
collègues dès qu'ils convoient les camions jusqu'à leur
entrée sur le territoire voisin. Un renforcement de cette
coopération peut passer par la mise en place d'un mécanisme
efficace de financement des structures chargées de la
sécurité routière dans les Etats, la création et/ou
le renforcement dans les Etats de l'Union d'un organe national de
sécurité routière regroupant les structures
administratives et les partenaires privés.
En ce sens, le Conseil des Ministres en charge des transports
de l'Union a pris acte des préoccupations exprimées par la
Commission de l'UEMOA relatives à l'insécurité
routière grandissante dans l'espace de l'Union. En effet, le Conseil a
été informé de ce que 90% des victimes d'accidents de la
route sont concentrées dans les pays à revenu faible et moyen,
notamment les Etats membres de l'UEMOA qui ont enregistré pour
l'année 2007, 32 tués pour 100 000 habitants, bien au-delà
de la moyenne mondiale qui se situe à 18 tués pour 100 000
habitants. Le Conseil a noté que cette situation préoccupante
s'explique par la faiblesse des dispositifs nationaux de maîtrise et
d'amélioration de la sécurité routière. Le Conseil
a donc jugé pertinent d'examiner les projets de textes communautaires de
sécurité routière proposés par la Commission et qui
visent à harmoniser les domaines de gestion nationale et
régionale de la sécurité routière et d'audit de
sécurité routière.
Mauvais état des routes, grand banditisme et mauvaise
formation des conducteurs se conjuguent pour faire des routes africaines, en
général, et celles de l'espace UEMOA en particulier, les plus
meurtrières du monde. Ainsi, selon le Global Road Safety Partnership, en
2006, on a dénombré 339 décès pour 10 000
véhicules en Afrique contre 2,3 décès pour le même
nombre de véhicules dans les 10 pays les plus motorisés du monde.
L'option faite dans l'UEMOA de moderniser la route et ses moyens devrait
permettre de réduire ces seuils alarmants.
Dans l'ensemble, la rentabilisation des transports routiers
dans l'espace UEMOA passe par la capacité de l'Union à surmonter
les difficultés d'ordre institutionnel, de mise en place et d'entretien
des routes, de fluidité des transports et de sécurité pour
les usagers. Dans
un cas comme dans l'autre, le financement apparaît comme la
principale difficulté à résoudre. Toutefois, la
volonté politique et le choix de l'approche paraissent tout aussi
pertinents.
Dans cette logique, l'Union doit, plus que par le
passé, souscrire à une approche participative qui associe
directement les bénéficiaires à toutes ses initiatives.
Elle se fonde sur le secteur privé et les collectivités
décentralisées comme nouveaux acteurs dans la gestion de la
route. C'est ce qui soulève la question de l'harmonisation des
politiques sectorielles dont celle de l'aménagement du territoire
communautaire.
Cependant, il est à retenir aux termes de cette partie
que, autant les transports routiers jouent un rôle de premier plan dans
le développement et l'intégration des huit Etats de l'UEMOA,
autant ils font face à des défis multiples. Mais compte tenu de
leur caractère primordial dans la vie économique et sociale de
l'Union, les transports routiers doivent, plus que jamais, devenir la
priorité dans la construction de l'espace communautaire. C'est seulement
à ce prix que l'on en tirera le plus grand profit afin que les citoyens
de l'espace UEMOA se sentent collectivement membres de cet ensemble qui se veut
homogène et en bâtir un destin commun.
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