B. Les défis liés aux pratiques anormales
Les tracasseries s'identifient aux entraves humaines
rencontrées par les usagers de la route. Dans l'espace UEMOA, ce sont
les contrôles administratifs effectués par les gendarmes, les
policiers et les douaniers. Il s'agit pour nous de montrer les dispositions qui
peuvent être prises en vue de faciliter la circulation sur les routes de
l'Union étant entendu que les tracasseries ont été
identifiées comme un frein à la fluidité des transports.
Ainsi, outre l'OPA au niveau communautaire, il faut mettre un accent sur la
création d'observatoires nationaux des transports, indépendants
et dont le financement proviendrait des Etats et des autres acteurs du domaine
des transports.
Par ailleurs, la limitation au niveau des Etats des postes de
contrôles routiers, permettrait aux usagers de passer moins de temps sur
le territoire national. Ainsi, les services de police, de gendarmerie et de
douane pourraient harmoniser leurs méthodes de travail afin de mener
conjointement les contrôles. Cette option permettrait de réduire
le nombre de contrôles qui ont lieu entre deux frontières
nationales.
Enfin, la création par les Etats de postes frontaliers
juxtaposés de contrôle est identifiée comme solution
plausible au temps perdu à la frontière lorsque les conducteurs
sont obligés de passer deux contrôles de part et d'autre d'une
même frontière. Dans cette logique, un programme communautaire de
construction de postes de contrôle juxtaposés aux
frontières a été mis en place. Dans sa phase pilote
lancée depuis 2007, ledit programme s'attelle à construire trois
postes, notamment aux frontières Togo -Burkina (Cinkanssé),
Côte d 'Ivoire - Burkina (La Léraba) et Bénin - Niger
(Malanville). La poursuite du programme tient sur huit postes. Il s'agit des
postes aux frontières Bénin - Burkina, Bénin - Togo
(Hillacondji), Burkina - Mali (Hérémankono), Burkina - Niger,
Côte d'Ivoire - Mali, Mali - Niger (Labizanga), Sénégal -
Guinée Bissau (Mpack) et Sénégal -Mali (Diboli).
De plus, l'UEMOA travaille à la mise en place de
Comités Techniques de Suivi en vue de lever les barrières non
tarifaires sur les routes de l'espace. Ces comités pourraient
également encourager les Etats à harmoniser leurs dispositions
nationales en la matière. De ce point de vue, il est question de mettre
en place un tableau de bord qui permettra une évaluation
périodique des composantes à base d'indicateurs précis
retenus. Ces comités pourront en outre mener des actions de
sensibilisation et de communication dans les Etats au plus haut niveau ainsi
qu'au niveau des acteurs des transports.
Si toutes ces actions conduisent à des résultats
relativement intéressants, il faut néanmoins dire
qu'au-delà de ces initiatives communautaires, les Etats doivent
intègrer la dimension de fluidité des transports dans toutes les
politiques de développement. En ce sens, l'association des autres
acteurs des transports, notamment les usagers à travers les syndicats et
les conseils des chargeurs, aux missions improvisées de contrôle,
serait salutaire. Il s'agit par cette approche participative de responsabiliser
les conducteurs en leur donnant la possibilité de découvrir les
nombreuses irrégularités constatées et qui justifient dans
une certaine mesure la réticence des Etats à lever les
barrières.
L'approche participative ainsi évoquée a pour
intérêt d'associer les populations dans leurs diverses composantes
aux actions de l'Union. L'objectif visé est de faire en sorte que les
différentes instructions données aux utilisateurs de la route ne
prennent pas toujours la forme d'injonctions punitives, surtout lorsqu'on sait
que dans la plupart des cas, il n'y a pas que les irrégularités
qui ouvrent la voie aux sanctions pécuniaires.
En définitive, notre approche permet d'inscrire les
contrôles effectués dans une dimension de
«contrôleurs-contrôlés». En fait, le cadre mixte
de contrôle composé de tous les acteurs du secteur des transports
chargé de mener des descentes improvisées sur le terrain pour
suivre comment les conducteurs se conforment aux normes et comment les
contrôleurs se prennent pour faire exécuter les directives, permet
d'éviter les abus. C'est aussi en ce sens que se situent les voies de
recours à mettre en place. Il faut, pour ainsi dire, donner la
possibilité aux conducteurs et autres acteurs de disposer des voies de
recours quand ils se sentent victimes d'abus de la part des
contrôleurs.
A terme, une plus grande organisation de ce volet permet de
résoudre dans une large mesure les problèmes
d'insécurité qui sont observés sur les routes.
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