Section 2 : Les défis de la fluidité et
de la sécurité des transports
Il s'agit de présenter les dispositions à mettre
en oeuvre au sein de l'UEMOA pour lever les obstacles relatifs aux transports
routiers (Paragraphe 1) et à la sécurité sur les routes
(Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : La fluidité des transports
routiers dans l'espace UEMOA
La question de la fluidité des transports routiers dans
l'UEMOA est un élément essentiel dans la viabilisation de la
route afin d'en faire un outil de développement et d'intégration.
C'est en ce sens qu'il y a lieu d'examiner l'amélioration de
l'état de la route (A) et les défis liés aux tracasseries
dont font l'objet les usagers de la route (B), pour démontrer comment
leur amélioration peut être décisive dans l'économie
communautaire.
A. L'amélioration de l'état des routes
De tout le réseau routier dans l'espace UEMOA, seuls
21,7% sont constitués de routes nationales revêtues (RNR). Le
reste rassemble, comme on l'a déjà dit, les routes nationales non
revêtues, les pistes rurales classées et les pistes rurales non
classées. Ainsi, le mauvais état des routes n'est plus à
démontrer. Même les routes nationales revêtues, qui font
toujours l'objet d'un entretien, sont en mauvais état par endroit.
Tout comme la construction, l'entretien des routes
nécessite des investissements aussi élevés qu'il est
parfois difficile aux Etats de les assumer.
Au Togo par exemple, le Fonds d'Entretien Routier (FER) a,
entre 1997 et 2006, dépensé 58 086 712 617 francs CFA pour
assurer l'entretien des routes sous son ressort. Durant ces dix années,
à travers les postes de péages et d'autres activités, le
Fonds a fait des recettes d'une valeur de 59 583 642 949 francs CFA. La marge
brute de bénéfices sans les charges administratives sur dix ans
s'élève donc à 1 496 930 330 francs CFA, soit moins de 150
millions de francs CFA par an32.
L'idée qui sous-tend cette analyse est que, si l'on ne
peut contester aux Etats leur rôle dans la construction des routes,
l'entretien de celles-ci peut faire l'objet d'une nouvelle approche. Celle-ci
doit associer les différents usagers à la gestion de la route et,
par conséquent, à son entretien. Dans cette optique, le tableau
n°5 ci-après propose une nomenclature des routes dans l'espace et
les acteurs qui peuvent être associés à leur gestion.
32 Données tirées de FER MAGAZINE
n°01, mai - juillet 2007, page 16.
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NOYOULEWA T. Adong (2009) | Transports routiers et
intégration des Etats de l'UEMOA
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Tableau n°5 : Esquisse d'une gestion participative de la
route dans l'espace UEMOA
Echelle d'analyse
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Nomenclature des routes dans l'espace UEMOA
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Sous-composantes de la gestion de la route
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Construction
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Entretien périodique
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Réhabilitation et renforcement
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Aménagement et bitumage
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Construction des ouvrages d'art
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Commu- nautaire
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Routes Interétatiques
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UEMOA
|
UEMOA
|
UEMOA
|
UEMOA
|
UEMOA
|
Routes d'interconnexion
|
ETATS/UEMOA
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ETATS/PRIVES
|
ETATS/PRIVES
|
ETATS
|
ETATS
|
Nationale
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Routes Nationales
|
ETATS
|
ETATS/PRIVES
|
ETATS/PRIVES
|
ETATS
|
ETATS
|
Routes régionales
|
ETATS
|
PRIVES
|
PRIVES
|
ETATS
|
ETATS
|
Routes préfectorales
|
ETATS
|
REGIONS
|
REGIONS
|
-
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REGIONS
|
Routes cantonales
|
ETATS
|
COMMUNES
|
COMMUNES
|
-
|
COMMUNES
|
De ce qui ressort de l'analyse du tableau n°5, la
nomenclature en vigueur et qui permet de distinguer les routes nationales
revêtues de celles qui ne le sont pas, les pistes rurales classées
de celles qui ne le sont pas, ne permet pas de traduire les différents
niveaux d'échelles dans lesquelles se posent les questions des
transports.
Pour pallier cette insuffisance, à défaut de
changer complètement ladite nomenclature, il y a lieu d'introduire une
nomenclature propre lorsqu'il est question de percevoir le problème des
moyens de transport sous l'angle de leur gestion. De cette nouvelle approche,
l'on pourra distinguer aisément les routes et les entités
auxquelles elles sont rattachées. L'analyse doit alors se situer
à deux niveaux : au niveau communautaire et au niveau national.
Le niveau communautaire permet de distinguer les routes
interétatiques et les routes d'interconnexion. Les routes
interétatiques s'identifient aux routes à vocation
internationale. Elles permettent dans l'espace UEMOA de relier les huit pays.
Leur gestion devrait revenir dans toutes ses composantes à la Commission
de l'UEMOA à travers son Département de l'Aménagement du
Territoire Communautaire, des Transports et des
Télécommunications. Quant aux routes d'interconnexion, ce sont,
à l'échelle des Etats, les routes nationales. L'UEMOA peut
participer à leur construction à travers des financements
remboursables à long terme sur les bénéfices
dégagés de la gestion des routes. Cependant, son rôle doit
s'arrêter à ce niveau, le reste de leur gestion devant revenir aux
organes nationaux de gestion des routes.
Le niveau national regroupe l'ensemble du réseau
routier sur le territoire national. Comme tel, il se subdivise en quatre types
de routes, toutes devant être construites par les Etats à travers
un organe central en charge des routes.
NOYOULEWA T. Adong (2009) | Transports routiers et
intégration des Etats de l'UEMOA
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Les routes nationales sont celles qui ont pour vocation de
relier les différentes régions au sein du pays. En ce qui
concerne leur entretien courant, leur réhabilitation et leur
renforcement, les Etats doivent établir un partenariat avec le secteur
privé. Ici, le secteur privé est entendu comme des personnes
physiques et morales représentant toute ou partie des usagers de la
route. Il s'agit, entre autres, des conseils des chargeurs, des syndicats des
conducteurs, des commerçants... Mais lorsqu'elles doivent faire l'objet
d'aménagements ou de bitumage, c'est principalement l'Etat qui en est
l'acteur.
Par ailleurs, on distingue au niveau des Etats les routes
régionales. Elles lient les préfectures d'une région entre
elles. Leur gestion quotidienne doit faire l'objet de consortiums entre le
public et le privé sur la même base que dans le cas des routes
nationales.
Dans ces deux cas, l'Etat assure la construction des ouvrages
d'art, notamment les ponts et autres ouvrages de franchissement ainsi que le
bitumage en cas de besoin.
Les routes préfectorales lient les cantons d'une
même préfecture. Ce sont les conseils régionaux qui doivent
être les premiers responsables dans leur gestion alors que les communes
devraient s'occuper de la dernière catégorie constituée de
routes cantonales. Dans ces deux cas, la construction des ouvrages d'art qui
sont des ponceaux et des radiers d'une valeur pas très importante, peut
revenir respectivement aux régions et aux communes.
La mise en place de cette approche ne va pas sans
difficultés. La première relève du
fait que les entités citées pour participer
à la gestion de la route n'existent pas partout et, là
oüelles existent, elles ne sont pas dotées d'une
même personnalité juridique. C'est d'ailleurs ce
qui appelle à l'harmonisation au préalable des
politiques sectorielles, notamment dans le domaine de l'aménagement du
territoire. En ce qui concerne les terminologies, elles peuvent bien s'adapter
aux réalités de chaque pays. Ainsi, on pourra reconnaître
facilement les routes préfectorales à travers les routes
départementales, etc.
Dans l'ensemble, l'ambition qu'a l'approche participative
proposée est la mobilisation de ressources suffisantes pour entretenir
les routes. Elle résulte du fait que, dans leur état actuel, les
routes sont très peu entretenues par les Etats. Il revient alors
à chacune des structures désignées de mettre en place un
mécanisme pour rentabiliser la route. Le système des postes de
péages devrait donc faire l'objet d'une analyse pour être
introduit et/ou étendu avec les assouplissements nécessaires
selon le type de route. D'ailleurs, une telle autonomisation de la gestion des
routes responsabiliserait davantage les usagers et permettrait aux
collectivités locales et régionales de dégager des
ressources à investir dans d'autres domaines puisque la route doit
à terme devenir une véritable industrie rentable.
Outre les défis liés à l'amélioration
de l'état des routes, la réduction des tracasseries sur les
routes est un élément important dans la fluidité des
transports routiers de l'espace.
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