Paragraphe 2 : Les tracasseries routières :
véritables barrières à la circulation
A l'instar de la mauvaise qualité des voies de
communication, les tracasseries constituent une véritable entrave
à la circulation des personnes, des biens et des services autant au sein
des territoires nationaux que dans l'espace communautaire. Elles sont
perçues sous le double plan administratif et sécuritaire (A) et
des pertes financières enregistrées (B).
A. Les tracasseries administratives et
sécuritaires
Les tracasseries administratives rappellent les
difficultés que rencontrent, d'une part, les transporteurs et, d'une
autre, les commerçants dans le convoyage de leurs marchandises ainsi que
dans leurs propres déplacements. Sur cet aspect, en dépit de la
Décision n° 7/2001/CM/UEMOA du 20 septembre 2001 portant adoption
de la stratégie communautaire et d'un réseau d'infrastructures
routières au sein de l'UEMOA, il est à noter que, de nos jours,
des formalités administratives sont encore exigées aux
ressortissants des pays de l'Union lors de la traversée de certaines
frontières.
En ce qui concerne les tracasseries douanières,
policières et de gendarmerie, elles s'entendent des difficultés
qu'éprouvent biens et personnes aux traversées des postes de
contrôle policier, gendarme ou douanier à l'intérieur et
aux frontières des Etats.
Globalement, ces tracasseries relèvent davantage du
comportement des hommes qui ont du mal à accepter des dispositions qui
les privent de menus avantages illégaux. Ainsi, le personnel des douanes
et celui de la police, ainsi que de la gendarmerie transforment les barrages
destinés à contrôler le bon déroulement des voyages
en points de rackets.
L'espace UEMOA révèle un ensemble de corridors
prioritaires du fait de la fréquence de la circulation sur ces voies
dans l'optique de desservir les différents Etats. Sur ces corridors qui
sont le support physique des échanges sous-régionaux, des points
de contrôles ont été installés. Certains sont
légaux, d'autres par contre résultent de pratiques anormales
tendant à entraver la fluidité des échanges.
L'Observatoire pour les Pratiques Anormales (OPA) dans la zone a, au fil des
années, procédé à des observations par des
enquêtes dissimulées en faisant voyager des individus à
l'insu de tous.
Il résulte des travaux de la Commission sur la
localisation des postes de contrôle effectués en octobre 2005 lors
de la Conférence des ministres en charge des transports entrant dans le
cadre de la mise en place d'un plan régional de contrôle sur les
onze axes routiers inter-Etats prioritaires de l'espace UEMOA la carte
ci-dessous.
Carte des corridors et points d'emplacement des postes de
contrôle routier au départ, aux passages frontaliers et à
la destination finale de l'UEMOA
Source : Plan Régional de contrôle sur les onze axes
routiers inter-Etats prioritaires de l'UEMOA, Octobre 2005
Selon le rapport de l'Observatoire des Pratiques Anormales
(OPA) établi sur la période du 16 juin au 30 septembre 2008, le
corridor Ouagadougou-Bamako a la plus forte densité de barrières.
Soit au total près de 36 arrêts par voyage avec un ratio de 3,95
arrêts aux 100 km pour ce 3ème trimestre de l'année 2008.
Il faut préciser que cette forte densité provient surtout du
nombre élevé de barrières du côté malien, qui
enregistre 29 barrières alors qu'il y en a 7 du côté
Burkinabé. Le corridor Lomé-Ouagadougou s'est illustré, ce
trimestre, par le nombre le moins élevé de barrières avec
18,3 arrêts pour un ratio de 1,80 arrêt aux 100 km. Il est à
noter que les arrêts intempestifs sont dus en grande partie et par ordre
de grandeur décroissant, à la gendarmerie, à la police et
à la douane au Mali.
Ces données récentes contrastent dans bien des
cas avec celles qui résultent des enquêtes réalisées
il y a cinq ans au moins. C'est d'ailleurs ce qui explique le fait que l'OPA
évoque des avancées en matière de réduction des
tracasseries routières dans l'espace communautaire. Le tableau n°3
présente la fréquence de ces barrières sur certains axes
routiers principaux dans la zone CEDEAO entre 1999 et 2000.
Tableau n°3 : Fréquence des postes de
contrôles sur quelques axes routiers entre 1999 et 2000
Parcours
|
Distance (km)
|
Nombre de postes
|
Fréquences (1/100km)
|
Lagos-Abidjan
|
992
|
69
|
14
|
Niamey-Ouagadougou
|
337
|
20
|
17
|
Lomé-Ouagadougou
|
989
|
34
|
29
|
Cotonou-Niamey
|
1 036
|
34
|
30
|
Abidjan-Ouagadougou
|
1 122
|
37
|
30
|
Accra-Ouagadougou
|
972
|
15
|
65
|
Source : CEDEAO, (2000).
Il ressort du tableau n°3 que l'on dénombrait au
moins 14 postes de contrôles sur 100 km et au plus 65 sur la même
distance en 2000. Même si ces données confirment des
avancées évidentes en rapport avec les réalités
actuelles, il n'en reste pas moins que les barrières qui subsistent sont
à la base de dépenses énormes pour les conducteurs.
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