1.2. Les différentes étapes de tentatives de
valorisation des langues nationales.
Reconnaissant l'évidence de la place des langues
nationales dans la société béninoise, l'Etat a, à
maintes occasions à travers des textes officiels et actes
administratifs, essayé de leur accorder leur place réelle.
En effet, des textes fondamentaux aux décrets et
arrêtés en passant par les déclarations politiques, rien
n'a été oublié pour accorder aux langues nationales, du
moins sur papier, la place qui devrait être la leur dans le firmament
linguistique du Bénin. On peut citer entre autres :
- le Discours-Programme du 30 novembre 1972 ;
- la Loi fondamentale de la République Populaire du
Bénin ;
- le Programme National d'Edification de l'Ecole Nouvelle (1973)
;
- l'Arrêté n° 569/MENCJS/CAB du 5 juin 1974
portant création de la Commission Nationale de Linguistique ;
- l'Ordonnance n° 75%30 du 23 juin 1975 portant loi
d'orientation de l'Ecole Nouvelle ;
- le Décret n° 75%272 du 24 octobre 1975 portant
alphabet des langues nationales du Bénin ;
- la Constitution du 11 décembre 1990 ;
- la Politique culturelle et charte culturelle en
République du Bénin fixée par la loi n° 91%006 du 25
février 1991 ;
- la Décision du Conseil des Ministres du 15 juillet 1992
mentionnée par le Relevé des Décisions Administratives
N°27/SGG/REL en date du 16 juillet 1992.
- les Etats Généraux de l'Education tenus en
octobre 1990 ;
- la Loi N° 2003%17 portant Orientation de l'Education
Nationale en République du Bénin ;
- etc.
Chacun de ces textes juridiques pour ce qui le concerne a
accordé aux langues et cultures béninoises des bases pour leur
développement. Le résumé de certains se résume
comme suit :
- Discours-Programme du 30 novembre
1972 : Un mois après l'avènement de la
Révolution, le Discours-Programme stipule qu'« il est
nécessaire de rompre avec le carcan d'étouffement de nos valeurs
culturelles et revaloriser nos langues
nationales » ;
- Programme National d'Edification de l'Ecole
Nouvelle de 1973 : affirme en application du Discours-Programme
que « la langue étant le véhicule d'une culture, il faudra
travailler à la réhabilitation, à la défense et
à l'illustration de nos cultures en introduisant nos langues dans
l'enseignement » ;
- Arrete n° 154/MJLAS/DAFA de
novembre 1976 : fait passer les jardins d'enfants sous la tutelle du
Ministère de l'Enseignement du Premier Degré pour aboutir
finalement en 1980 à l'ouverture des premiers CESE (Centres d'Eveil et
de Stimulation de l'Enfant) où l'Education préscolaire
était entièrement en langues nationales.
- Constitution du 11 decembre 1990
: stipule en son article 11 que « toutes les communautés composant
la Nation béninoise jouissent de la liberté d'utiliser leurs
langues parlées et écrites et de développer leur propre
culture tout en respectant celle des autres ». Elle prescrit à
l'Etat de promouvoir le développement des langues nationales d'inter-
communication.
- Selon la Lettre circulaire n°
0084/MEN/EMB/DGM/DEM du 24/04/1990, « Pour permettre une
transition harmonieuse entre le préscolaire et l'école primaire,
l'utilisation de la langue française se fera uniquement en
deuxième année de CESE et ne prendra en compte que les
activités d'expression orale et les activités de
pré-mathématique »
- Politique culturelle et charte culturelle en
Republique du Benin (1991) : stipule en ses articles dix sept
(17) et dix neuf (19) ce qui suit :
« L'Etat béninois reconnaît
l'impérieuse nécessité de développer les langues
nationales, vecteurs de nos cultures et instruments privilégiés
du développement culturel et social »
« L'alphabétisation et l'éducation des
adultes au Bénin sont un facteur important de démocratisation et
un moyen irremplaçable pour l'exercice complet du droit de chaque
citoyen à l'éducation et au développement »
« L'Etat béninois s'engage à oeuvrer, par
tous les moyens, à l'éradication de l'analphabétisme sous
toutes ses formes »
« L'Etat béninois, tout en assurant une
égale promotion à toutes les langues nationales, doit
préparer et mettre en oeuvre les réformes nécessaires
à l'introduction progressive et méthodique de langues dans
l'enseignement »
« L'Etat béninois entreprendra des actions
progressives et méthodiques de généralisation de
l'alphabétisation : a) en lançant une vaste et profonde
campagne d'alphabétisation de tous les citoyens ; b) en
prescrivant l'initiation des agents de développement qui oeuvrent en
milieu rural à la transcription des langues nationales en usage dans
leur aire d'intervention ; c) en élaborant des programmes
cohérents de post- alphabétisation ».
- Releve des Decisions Administratives
N°27/SGG/REL du 16 juillet 1992 : Cette Décision
définit le rôle de certains ministères dans le processus
d'utilisation des langues nationales.
Pour l'application effective de ces dispositions, il a
été demandé :
· au Ministre de l'Intérieur, de la
Sécurité et l'Administration Territoriale d'introduire
l'utilisation des langues retenues pour la post-alphabétisation dans
l'administration des localités ;
· au Ministre de l'Education Nationale (a) d'assurer
l'introduction progressive des six (06) langues aux examens du Certificat
d'Etudes Primaires, du Brevet Elémentaire du Premier Cycle, du
Baccalauréat et autres concours, (b) d'assurer le perfectionnement et la
formation des cadres de l'alphabétisation à l'Ecole Nationale
d'Administration et dans les Ecoles Normales Intégrées ;
· au Ministre du Travail, de l'Emploi et des Affaires
Sociales et au Ministre de la Santé Publique de prévoir une
épreuve dans les langues nationales aux concours et examens
professionnels ;
· au Ministre de la Culture et des Communications,
d'assurer avec le Ministre de l'Education Nationale, le Ministre de
l'Intérieur, de la Sécurité et l'Administration
Territoriale, le Ministre de la Santé Publique, le Ministre du Travail,
de l'Emploi et des Affaires Sociales et autres Ministres, l'introduction
progressive des langues nationales dans les systèmes éducatifs
ainsi que les examens et concours professionnels
- Loi N° 2003- 17 portant Orientation de
l'Education Nationale en Republique du Benin : l'enseignement est
dispensé principalement en français, en anglais et en langues
nationales. Les langues nationales sont utilisées d'abord comme
véhicule d'enseignement dans le système éducatif. En
conséquence, l'Etat doit promouvoir les recherches en vue de
l'élaboration des instruments pédagogiques pour l'enseignement
dans les langues nationales aux niveaux maternel, primaire, secondaire et
supérieur (Article 8).
- Les Actes de la Conference Economique Nationale
; volume 1, page 53 : doter d'un budget propre, le secteur de
l'alphabétisation au même titre que l'éducation formelle ;
- encourager la formation des formateurs et la post- alphabétisation.
- Par ailleurs, le Programme National de
Developpement Communautaire (PN DC, 1998) recommande que le volet
alphabétisation soit intégré dans tous programmes ou
projets (nationaux ou sectoriels) de développement quel que soit le
secteur9.
|