Les Béninois, comme la plupart des Africains d'ailleurs,
avant d'aller à l'école, acquièrent et parlent les langues
parlées par leurs parents, leurs langues maternelles.
Ces langues représentent souvent pour eux des langues de
communication de base et leur servent d'identité pour les
échanges.
Le premier réflexe de chaque enfant dans un
environnement donné est de communiquer avec la langue nationale
employée dans son entourage. A la maison donc, dans le quartier, avec
les amis, dans les petits échanges commerciaux immédiats l'enfant
se sert d'abord de la langue parlée dans le milieu pour accéder
à ce qu'il souhaite avoir.
Cette situation fait qu'à un niveau plus
évolué, les échanges se font plus dans les langues
nationales qu'en français : dans les échanges commerciaux, au
marché, au sein de la population, dans les lieux de rencontre etc. aussi
bien en ville que dans les campagnes.
Il faut cependant mentionner qu'il se développe de
plus en plus une catégorie d'enfants qui ne parlent que le
français et comprennent à peine leurs langues nationales parce
que leurs parents ne se servent que du français pour communiquer avec
eux.
Les médias pour leur part se servent presque tous du
français hormis quelques journaux qui éditent en langues
nationales et des émissions spéciales dans la presse audio%
visuelle. Signalons la présence de radios et télévisions
privées qui s'évertuent pour gagner l'auditoire à
insérer dans leurs programmes beaucoup d'émissions en langues
nationales.
Dans l'administration et au sein des institutions
étatiques, le français est plus écrit que parlé,
surtout lorsque les locuteurs se reconnaissent parler la même langue
nationale.
Une étude menée par la CONFEMEN
(Conférence des Ministres de l'Education Nationale ayant en commun
l'usage du français) de 1985 à 1991 a révélé
que les langues nationales « constituent bien des langues
privilégiées en dehors de la classe, du moins lorsqu'il s'agit de
situations de communication orale »7 Les renseignements
recueillis pour cette étude portent sur « la langue utilisée
en fonction des lieux et des contextes, sur l'utilisation de l'oral et de
l'écrit dans la vie courante, sur la fréquentation des
médias (Radio, télévision), sur les situation de
communications, etc. »8.
En somme les langues nationales dans la vie courante sont plus
utilisées que les langues étrangères selon le cas.
7 PREVOST, P., 1993, "L'enquête de la
CONFEMEN", in Diagonales, n° 25, p. 42.
8 Idem, ibid., p. 41.