Les données présentées plus haut mettent
en exergue la multiplicité des langues
nationales parlées au
Bénin. Ces dernières ne jouent pas le même rôle entre
elles et par
4 INSAE/MCPPD, 2003, Troisième Recensement
Général de la Population et de l'Habitation (RGPH 3),
Synthèse des Résultats, Cotonou, Bénin
rapport aux langues étrangères.
La Constitution du 11 décembre 1990 confère au
français, le statut de langue officielle ; de fait il est la langue de
l'école, la langue de l'administration et la langue de travail. Cela lui
donne tout le prestige dont il jouit dans les relations officielles aussi bien
au Bénin qu'ailleurs en Afrique, au point où certains linguistes
n'hésitent pas à parler, à tort ou à raison de
"français langue africaine"5.
Les langues nationales sont réservées à
des activités limitées (comme le commerce dans une région
déterminée) ; elles s'étendent aussi, selon le cas,
à des secteurs beaucoup plus vastes de la vie sociale et culturelle dans
une zone géographique étendue.
Parmi les langues nationales, on observe des langues qui
disposent de travaux de description, et utilisées dans des
activités d'alphabétisation. Les langues utilisées comme
langues d'alphabétisation et d'éducation des adultes sont
écrites. Elles sont plus ou moins parlées par un grand nombre de
locuteurs et peuvent être considérées comme langues
dominantes ; parmi celles-ci, certaines sont promues au rang de langues de
post-alphabétisation (yoruba, fon, aja, dendi, baatonum, ditammari)
d'autres non (gun, gen, yom, waama, etc.).
Malgré les innombrables travaux réalisés
sur les langues nationales, elles ne sont pas encore standardisées. La
question de la standardisation et de l'harmonisation des langues de la
sous-région (Togo, Ghana, Burkina-Faso, Niger, Nigéria,
Bénin) avait fait l'objet d'un atelier régional sous
l'égide de l'UNESCO (1995) à Cotonou.
Malheureusement, aucune des langues nationales ne dispose
d'une orthographe standard et uniforme. Pour écrire dans ces langues, on
se sert le plus souvent de l'Alphabet des Langues Nationales (ALN) qui est un
alphabet à base phonologique. De même, aucune de ces langues n'est
reconnue comme langue de communication officielle. Les six (06) langues de
post-alphabétisation, outre leur statut de langues nationales sont
aussi, dans une certaine mesure, des langues d'enseignement.
Le français demeure le principal vecteur de
communication officiel ; mais cette situation n'est pas particulière au
Bénin : « en Afrique noire francophone, il est langue officielle ou
une des langues officielles dans la plupart des pays, et reste la principale
langue véhiculaire à l'échelle continentale, mais dans la
réalité concrète des Etats il partage ce
rôle avec beaucoup d'autres langues africaines qui
remplissent de plus en plus les fonctions de langues d'échanges
(véhiculaires) dans la vie pratique »6.
5 DUMONT, Pierre, "Le français langue
africaine", in Diagonales n° 21, p. 32
6 LATIN, Danièle, 1992, "Langues en
présence. Multilinguisme et francophonie", in Diagonales n°
21, p. 30.