3.8.2. Convaincre les acteurs.
Pour bien amorcer et réussir l'expérience de
l'enseignement/apprentissage en langues nationales, il faudra préparer
et sensibiliser les différents acteurs du systèmes
éducatifs pour éviter les résistances qui pourraient
naître des incompréhensions et non maîtrise du sujet.
- Les premières cibles sont les élites, les
intellectuels, les cadres et divers responsables du système qui
constituent le premier blocage à une telle expérimentation.
- Il faudra ensuite dialoguer, échanger avec les
parents d'élèves, les sensibiliser et les convaincre à
accepter psychologiquement la mise en oeuvre de l'expérimentation.
- Les apprenants (écoliers, élèves et
étudiants) doivent être aussi sensibilisés et
adhérer à la cause.
L'un des obstacles, non pas des moindres, est aussi le
problème des intérêts pécuniaires. La guerre des
intérêts techniques et stratégiques représente
souvent dans l'application des décisions un blocage silencieux mais
très "efficace" et très "puissant"
77 Cf. Diagonales n° 21, p. 10.
78 cf. BEBEY, Francis, 1992, "Exprimer la vie par les
mots, la musique et la voix", entretien réalisé par JALLON
Philippe in Diagonales n° 24, p. 4.
aussi bien dans l'administration que dans les instances
politiques de décisions.
Aucun de ces obstacles n'est insurmontable. Il suffit
d'en prendre conscience, de savoir prendre les decisions convenables pour leur
resolution et de se donner les moyens appropries.
3.8.3. Produire les outils didactiques en langues
nationales et former les personnels d'encadrement du système.
Une des considérations essentielles pour
l'enseignement/apprentissage en langues nationales est la question des outils
didactiques. Elle n'est pas difficile à résoudre. Des outils
didactiques ont été produits dans plusieurs pays de l'Afrique et
ont servi de supports aux différentes expérimentations. Il faut
donc se donner les moyens pour produire les outils en langues nationales en les
introduisant dans le contexte de l'enfant (son environnement
socio-culturel).
Il faudra former les acteurs du système éducatif
(personnels d'encadrement, enseignants et gestionnaires) à cette
nouvelle option.
Il suffira de commencer par une expérimentation
progressive, appliquée et disciplinée. Au fur et à mesure
que la maîtrise sera notée, on pourra envisager passer à la
généralisation.
3.8.4. La traduction, comme moyen de promotion des langues
nationales.
Un des moyens de soutien à l'enseignement/apprentissage en
langues nationales et à la promotion de ces langues est la
traduction.
Les documents de référence et autres principaux
documents de travail devront faire l'objet de traduction dans les langues
nationales afin de permettre leur appropriation et leur utilisation par les
apprenants et autres praticiens. Cela permettra le développement rapide
d'un environnement lettré.
Un autre aspect important, dans le profil de sortie de
l'élève, il devrait y avoir l'aptitude en traduction
français/langues nationales, langues nationales/français.
« Traduire ce qui est écrit sur un certificat de
naissance, le livret de santé bébé, une boîte de
comprimés, sur un emballage, sur le carnet de notes de l'enfant à
l'école, etc. telle est la première compétence à
exiger d'un jeune homme qui sort de l'école primaire - celle qui rend
service d'une façon tangible. C'est un exercice qui n'est jamais fait
à l'école traditionnelle »79.
79 BAUDIN, André, 1992, "Le laboratoire des
jeunes années. La langue de la construction des savoirs", in
Pour Baudin, 1992, « écouter des renseignements ou
des doléances formulées en [langues nationales] et les
rédiger, au fur et à mesure, en français est un travail
linguistique qui mériterait toute l'attention des enseignants. (...) La
traduction est la clé de voûte d'une nouvelle formation qui
considérerait le milieu comme un réservoir de connaissances qui
méritent d'être connues, diffusées,
appréciées. Traduire, c'est échanger dans les deux sens
»80
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