3.8. Comment procéder pour
l'enseignement/apprentissage en langues nationales ?
Dans le monde scientifique, l'option de
l'enseignement/apprentissage en langues nationales ne se démontre plus ;
cela s'impose comme une évidente nécessité. Il est donc
abordé ici les modalités et les dispositions à prendre
pour son application, du moins, du point de vue technique, l'aspect politique
ne relevant pas de notre ressort.
Par ailleurs, il est absolument impérieux de
répondre à une question fondamentale ; celle qui trotte dans
toutes les têtes j'imagine, qu'on soit Africain, Européen ou
d'ailleurs : « Qu'adviendra-t-il des langues européennes (le
français, l'anglais, l'espagnol, etc.) et de la francophonie (de
l'anglophonie ou de la lusophonie) avec l'enseignement / apprentissage en
langues nationales ? »
3.8.1. La place du français dans
l'enseignement/apprentissage en langues nationales.
La question de l'enseignement/apprentissage en langues
nationales ne se pose pas en termes de "oui ou non au français ou autres
langues étrangères" ou de "oui ou non aux langues nationales".
Il n'est pas question de défendre une langue au
détriment d'une autre. La question essentielle ou le problème
auquel il faudra trouver une solution idoine et à long terme, c'est
plutôt « quelle(s) langue(s) pour le développement de
l'Afrique » ?
L'urgence selon Calvet, ce n'est pas de défendre, en
Afrique, la langue française ou telle ou telle langue africaine, mais
d'aider les pays à sortir de leur sous développement.
En procédant à l'évaluation de
l'expérience malienne, Calvet a démontré que les enfants
ayant fait deux ans de moins de français avaient les mêmes
performances linguistiques que ceux qui en avaient fait deux de plus. Cela
démontre de toute évidence qu'avec l'enseignement/apprentissage
en langues nationales, le français ni aucune autre langue
étrangère en Afrique n'est menacée, au contraire.
Il ne s'agit pas d'entreprendre l'enseignement/apprentissage
en langues nationales dans une option de strict monolinguisme. De toute
façon une telle option est totalement inenvisageable et vouée
d'avance au rejet populaire et donc à l'échec avant
l'expérimentation. De plus, ce serait une façon d'opérer
une option d'autarcie utopique et
absolument irréalisable, vu le contexte de
mondialisation et de globalisation qui s'impose aujourd'hui en tout et à
tous. En effet, sur le plan économique et celui du développement,
il faut découvrir le monde d'en face ou d'à côté
pour une évolution digne de ce nom sans oublier le besoin de
communication et de brassage culturel qui ne saurait se faire dans un
monolinguisme chimère.
M. Djillali Liabès, Ministre algérien des
Universités, affirme en parlant du contexte de son pays : «
à côté de l'utilisation de la langue arabe, il est
nécessaire de maîtriser les langues étrangères. Pour
moi, le problème ne se pose pas comme un problème
d'identité mais comme problème d'outil de communication
»77
Une expérience d'enseignement/apprentissage en langues
nationales de façon exclusive serait fatale, très fatale si on ne
prend la peine au fur et à mesure de procéder à un
accompagnement en langues étrangères (français ou anglais
selon le cas). Et cela ne devrait pas être difficile. « Un enfant de
toute façon apprend très vite plusieurs langues à la fois.
On peut donc lui apprendre le français en même temps qu'il apprend
sa langue maternelle, dès l'école primaire »78
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