IV.4.2- LES RURAUX ET LEUR DISPOSITION A FERTILISER
LEUR
CHAMP A L'URINE
Les techniques culturales adoptées et pratiquées
par des populations peuvent constituer un point de blocage pour l'introduction
de nouvelles techniques. C'est cette appréhension qui nous a
amené à établir cette répartition.
Tableau n°15 : Répartition des
enquêtés selon leur disposition à fertiliser leurs champs
à l'urine.
Effectif
Réponses
|
Possède latrine et bidur
|
Possède bidur uniquement
|
Possède ni latrine ni bidur
|
TOTAL
|
V.A
|
V.R
|
V.A
|
V.R
|
V.A
|
V.R
|
V.A
|
V.R
|
Oui
|
24
|
92,30
|
10
|
76,92
|
02
|
28,57
|
38
|
82,60
|
Non
|
02
|
07,70
|
03
|
23,08
|
05
|
71,43
|
08
|
17,40
|
TOTAL
|
26
|
100
|
13
|
100
|
07
|
100
|
46
|
100
|
Au regard du tableau, il ressort que la population qui
possède latrine et bidur et celle qui ne possède que bidur sont
fortement disposées à fertiliser leur champ à l'urine. On
note un taux de plus de 90% pour la première population
considérée et un taux de plus de 75% pour la seconde. Cependant,
la troisième population, en l'occurrence celle qui ne possède ni
latrine ni bidur semble ne pas être disposée à fertiliser
leur champ à l'urine avec un taux de plus de 70%.
Cette forte propension à ne pas être
disposée à fertiliser leur champ à l'urine peut provenir
d'un sentiment de frustration. En effet, certains ménages se sentent
oubliés et négligés par le projet EcoSan. Ils ne
comprennent pas pourquoi est ce qu'ils n'ont pas été doté
en bidur. A côté de cette explication, on peut aussi
évoquer le fait qu'ils ne sont pas suffisamment informés des
avantages et des enjeux.
IV.4.3- L'APPROCHE ECOSAN ET LA VISION DES RURAUX SUR
LES
EXCRETA EN TANT QUE FERTILISANT
L'approche EcoSan intègre-t-elle la philosophie ou
l'idéologie des ruraux ? En tant qu'approche, si elle est bien
développée, elle doit nécessairement l'être. Lors
des séances de focus group des patriarches, nous avons eu confirmation
de la conceptualisation de l'assainissement écologique en langage
Odzukru. En effet, il est rapporté au « lelougoun »
c'est-à-dire dépotoirs familiaux. Ces dépotoirs sont
situés à proximité de la brousse et jouxtent les
habitations. Ils servent de lieux de
dépôt des ordures ménagères et des
urines. Ils sont généralement utilisés par les
ménages issus d'une ou de plusieurs familles qui en assurent l'entretien
pour faciliter son accès lors des dépôts des ordures par
les adolescents et aussi lors des défécations. La gestion des
« lelougoun » relève de la responsabilité des femmes.
Une des caractéristiques du « lelougoun » est qu'il est un
lieu pratique de cultures agricoles, notamment la banane plantain, le taro, le
piment, la tomate, l'aubergine...
A travers le « lelougoun », les ruraux comprennent
et expliquent mieux l'approche EcoSan1. C'est d'ailleurs cette
analogie qui favorise l'adoption de l'approche.
1 N'DA C., 2007. Op.Cit, p28.
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